Le chapitre 2 ^^ (un peu plus long ^^")

 

CHAPITRE 2 : Un magicien ne révèle jamais ses secrets.
 
 

 

 Les habitants de Flanoir sortaient petit à petit de leurs maisons, la meute de Fenhrir dissoute. Zélos et Emi se tenaient debout près du cadavre du chef de la meute. Quelques applaudissements éclatèrent de ci, de là.

« - Au fait, où as-tu pu te procurer ses katanas, ma belle ? »
Emi tenait dans ses mains les restes des katanas.
« - Euh, en fait, je les ai emprunté à un vieux qui tiens une armurerie dans la ville.
- Ah, je vois…
   - Oui, oui… »
Tout deux hochèrent de la tête, l’air penseur.
« - Mais attends… Ils sont brisés ?! Comment as-tu pu briser des katanas ?!
- Je ne l’ai pas fait exprès ! C’est à cause du Fenhrir ! Il les a brisé alors que je me protégeais !
   - Ouai mais c’est moi qui va devoir tout payer !
- Oui, je sais. Je m’excuse…
   - Bon, bon. Tu es pardonné. Je n’aime pas voir les jolies femmes pleurer. Tu sais au moins combien ils ont coûtés,
- Gnan gnan flouz, marmonna t-elle.
   - Combien ? Je n’ai pas entendu…
- 100 000 flouz.
   - QUOI ?! Cent mille flouz ! Pour deux katanas ?!
- Ben, euh,…
   - Mais ce vieux t’a complètement roulé dans la farine !! Et en plus, c’est moi qui suis obligé de rembourser cette ferraille !!
- Ben, je vous aurai bien proposé mon aide financièrement, mais ça m’étonnera qu’il accepte les yens…
   - Les quoi ?
- Non, laissez tomber.
   - Bon allons le voir, on pourra peut-être négocier le prix… »
Emi et Zélos prirent alors le chemin le plus court pour arriver à l’armurerie. Devant la boutique, Zélos demanda à Emi de rester à l’extérieur, en prenant pour prétexte qu’elle a déjà fait assez de dégâts. La jeune fille observa donc la scène des yeux à travers la vitrine. Au début, Zélos apporta les deux katanas brisés au grand-père à son comptoir. L’ex-Elu semblait parler calmement au vieux pépé. Par contre ce dernier avait le visage vert et fini par reprendre les katanas sans que Zélos ne le paye. Et juste avant qu’il ne sorte du magasin, le vieux lui lança un couteau (bien sûr, qui n’atteigna pas sa cible). Il était rouge comme une écrevisse et criait après le jeune homme. Il paraissait y avoir du tumulte à l’intérieur. Mais quand Zélos commença à prendre le vieux par le col de son pull en laine vert kaki, Emi se décida à rentrer.
« - Mais puisque je te dit, jeune écervelé, que la nouvelle couleur en matière de sous-vêtements féminins c’est le rose !
- Non, tu te trompes, vieux croûton ! C’est le blanc, et ça le restera !  
   - Ah ! Vous les jeunes, vous n’y connaissez rien en femmes ! 
- Je connais sans doute plus de femmes que toi dans toute ta vie, l’ancêtre ! 
 - Et si vous arrêtiez de vous disputez pour des sous-vêtements féminins, hein ? Et qu’on parlait de… Je ne sais pas moi… Des katanas que j’ai brisé sans le faire exprès en me battant contre un Fenhrir par exemple ? interrompit-elle les deux hommes d’un ton mêlant ironie et impatience.
   - Ah ! C’est vrai ! Tu m’as volé mes katanas ! Sale petite voleuse !
 - Je ne suis pas une voleuse ! C’est vous qui m’avez donné la permission de les prendre ! Et puis c’était de la camelote ! Vous n’êtes qu’un roi de l’Arnaque ! »
Emi donna un coup de pied dans le tibia du vieil homme, prit Zélos par la main, laissa les katanas brisés sur le comptoir avec l’argent et sortit précipitamment de la boutique vers l’entrée de Flanoir.
« - Mais tu es folle ou quoi ?
- Non, juste plus lucide que la normale ! De toute façon, j’ai laissé l’argent sur le comptoir avec des intérêts, et puis on part demain pour Meltokio, non ?
   - Oui, c’est vrai.
- Alors il n’a pas à s’en faire, le vieux pépé !
   - Toi alors, si j’aurai su… »
 
   Emi n’eu pas le temps de répondre que déjà ils étaient arrivés devant la porte de l’auberge de la ville. Ils entrèrent en silence et commandèrent une chambre pour la nuit. Celle-là était assez large, une grande fenêtre ouverte juste en face de l’entrée, entre les deux lits de draps blancs. Une table en bois était postée juste en dessous de la fenêtre, sur laquelle était disposée une lampe. Sur le côté droit de la pièce, il y avait une grande armoire en bois souple foncé, sans doute du sapin : ils pullulent dans cette région hivernale ! En revanche, sur la gauche, une porte donnait dans la salle de bain, toute carrelée de blanc et de bleu ciel. Une baignoire blanche trônait dans le coin droit et, à sa gauche, un lavabo en porcelaine et un miroir étincelant. Un bougeoir était placé derrière la porte, dans le coin. A peine arrivés dans la chambre et déjà Zélos occupa la salle de bain. « Tous ces combats m’ont fait transpirer et je n’aime pas sentir la sueur pour mes petites chéries d’amour ! » prit-il pour prétexte. Emi, qui voulait elle-aussi prendre un bon bain chaud depuis qu’elle était arrivé à Sylvaha’lla (autrement dit, deux jours, sans compter les combats contre les Fenhrir), bouillonnait de rage derrière la porte close. Elle n’eu alors que le droit d’attendre qu’il sorte, et encore… Combien de temps met-il pour prendre un bain ? Emi retira son gros manteau et le jeta sur le rebord du lit de droite. Elle enleva ses gants et son bonnet et les posa sur la table. Elle se déchaussa et s’étendit de tout son long sur le lit, le regard fixant le plafond. Plusieurs minutes interminables passèrent ainsi en silence. On n’entendait que le bruit furtif de l’eau mouvementée dans la salle de bain, quand un gros gargouillis retentit dans la chambre. Emi se dressa sur son lit, les mains sur son ventre. « C’est vrai ! Je n’ai pas mangé depuis hier ! Je ne comprends pas comment j’ai pu combattre le ventre creux ! » pensa-t-elle. Et comme par enchantement, la porte de la salle de bain s’ouvrit et Zélos apparut, frais comme un gardon. « Bon, je pense qu’on peut aller manger en bas maintenant ! ». Emi se rechaussa et suivi l’ex-Elu dans la salle en bas de l’auberge. Là, ils trouvèrent une table et prirent un plat du jour : du riz au curry ! Et très épicé, le curry ! Emi mangea toute l’assiette tellement elle avait faim depuis la veille. Elle avait la bouche en feu ! A chaque bouchée de riz, elle fourra dans sa bouche un morceau de pain et de l’eau fraîche. Même Zélos n’as pas fini entièrement la sienne ! A vrai dire, le Don Juan flirtait avec ses dames. A chacune de ses blagues, même si elles n’étaient pas drôles, elles gloussaient comme des poules autour de lui. Et quand Zélos remonta vers la chambre, Emi le suivi, pensant passer une bonne nuit de sommeil régénératrice, jusqu’à ce que celui-ci s’arrêta net devant la porte et lui dit, sur un air très sérieux :
«- Cette nuit, tu n’entre pas dans la chambre, c’est clair ?
- Quoi ?! Mais j’ai sommeil, moi !
  - Ben, tu dormiras dans cette salle cette nuit, mais tu n’entre pas dans la chambre, O.K ?
- Et pourquoi vous voulez la chambre pour vous tout seul ?
   - Qui te dit que je serai tout seul dans la chambre ? »
Zélos fit un signe de main accompagné d’un clin d’œil à une des filles du groupe avant de reposer son regard sur la jeune fille.
« - Beurk ! C’est écoeurant !
- Ce n’est pas écoeurant, ma belle, c’est ce qu’on appelle « le plaisir à deux » ! »
Emi redescendit péniblement les marches, en tentant de ne pas penser à ce que Zélos et cette fille feront dans la chambre cette nuit et s’assit sur une chaise dans un coin de la pièce. Elle croisa les bras sur la table et y déposa sa tête en soupirant. Petit à petit, la pièce se vidait, jusqu’à ce qu’Emi reste seule dans le coin. Elle vit même monter la fille de tout à l’heure dans sa chambre, en regrettant le bon lit mœlleux. Le lendemain matin, l’aubergiste réveilla Emi. Un mince filet de bave coulait encore sur sa joue quand il la sortit de son sommeil. Elle frotta ses yeux et essuya sa bouche du revers de sa manche de veste quand l’homme l’interpella doucement :
« - Dis moi, petite, tu viens d’où comme ça ?
- Mmm… Pourquoi vous me dîtes ça ?
   - Tes vêtements sont pour le moins… Etranges…
- Ah ?... Si vous le dîtes… »
Le tenancier lui serva son petit déjeuner au même moment que Zélos descendit de la chambre, un grand sourire affiché sur son visage, l’air très réveillé.
« - Bonjour, belle demoiselle. Alors, bien dormi ?
- Si vous appelez  « bien dormir » passer une nuit la tête posée sur une table en bois, dans une pièce où le silence arrive vers les deux heures du matin et où on vous réveille à sept heures et demie, oui, j’ai bien dormi…
   - Bah, tu verras, avec l’habitude, ce ne sera pas si mal que ça. Oh ! Des œufs sur le plat ! »
Zélos les engloutit, pendant qu’Emi espéra qu’il s’étouffe avec.
 
   Après le petit déjeuner, Emi monta à l’étage récupérer ses affaires (mis en boule dans un coin de la chambre) avant de sortir de la ville avec Zélos. Le blizzard, calmé, ne laissait apparaître qu’un vaste champ blanc et froid. Zélos admirait le paysage, avec toujours un grand sourire aux lèvres.
« - On va d’abord aller à Meltokio. J’ai quelques affaires à régler et puis, il faut aussi te trouver de nouveaux vêtements : tu ne passera jamais inaperçu dans cette tenue ! Puis il faudra aller à Sybak pour chercher un moyen de te ramener chez toi. 
- Euh, O.K. Mais, comment on va faire pour y aller ? Il n’y a pas d’avion ici !
   - C’est quoi un « avion » ?
- Laissez tomber…
   - Pour en revenir à ta question, on va y aller en ptéroplan.
- Donc on va voler ?
   - Exact !
- Euh, monsieur Zélos, je dois vous prévenir que j’ai le mal de l’air, j’ai peur en altitude quoi…
   - Mais tu verras, le voyage se passera rapidement et sans encombre ! »
Sur ce, Zélos sorti le ptéroplan d’un petit sac de voyage et le déploya bien devant eux. Il se mit alors aux commandes, vérifia le moniteur et se tourna vers Emi. D’un pas hésitant, elle s’assit sur le véhicule et passa ses bras autour de la taille de l’ex-Elu, en le serrant déjà fort. « Tu sais, on n’est pas encore parti, ma belle ! » lui dit-il, mais la jeune fille ne l’écouta pas et continua à le cramponner. Zélos mit alors le contact : le ptéroplan s’éleva sur place d’une bonne cinquantaine de mètres au dessus du sol, émetta un léger bruit de moteur et avança. Les cheveux au vent, Zélos continuait d’afficher un sourire idiot, tandis qu’Emi n’osait même pas ouvrir les yeux sur le magnifique paysage qui s’offrait sous elle. Pour l’instant, le paysage n’était constitué que des fjords gelés qui entourent l’île enneigée. Mais, bientôt déjà, ils atteignirent l’ex continent de Tésséa’lla, avec ses plaines verdoyantes, ses forêts mystérieuses et ses petites villes environnantes. Emi avait fait l’effort de regarder le spectacle. Zélos, quant à lui, entama quelques zigzags furtifs, ce qui déplaisa à la jeune demoiselle.
« - S’il vous plait, monsieur Zélos, ne faites pas de zigzags ou pirouettes sinon je crois que je vais…
- Sa maison est en carton ! Pir-rouet-te-caca-huè-te ! chantonna-t-il en faisant quelques virements en haut et en bas.
   - S’il… S’il vous plait ! Je… Je sens que je vais…
- Sa maison est en carton ! Ses escaliers sont en papier, ses escaliers sont-en-pa-pier ! continua-t-il en exécutant un magnifique looping.
 
*Quelques mètres plus bas*
 
« - Maman ! Maman ! Tiens, c’est pour toi !
- Oh merci mon chéri ! Oh ! Quel beau bouquet ! Et en plus il sens… »
SPLAAAAAAASHHHHHHHH !!!
« - Maman, Pourquoi tu as plein de vomi sur toi ? »
 
*De retour quelques mètres plus haut*
 
« - Emi !! Tu aurai pu te retenir !! Qui sais s’il y avait quelqu’un en dessous !
- Je vous avait prévenu… Que je serai malade… Si vous continueriez vos loopings et pirouettes… avec votre ptéroplan… »
BIIIIIIIIIIIIBIIIIIIIIIIIIIBIIIIIIIIIIIIIBIIIIIIIIIIII
« - Qu’est ce que c’est que ce bruit, monsieur Zélos ?
- Ce bruit… Ben, c’est le signe que j’ai oublié quelque chose.
   - Et quoi, monsieur Zélos ?
- De faire le plein avant de partir de Flanoir, dit-il dans un ton très clame.
   - Ah… Alors on va s’écraser ?
- Non. Il reste assez d’essence pour atterrir. »
Sur ces mots, Zélos abaissa le manche du véhicule doucement pour le faire atterrir en douceur. Emi se cramponna encore plus à sa taille, les yeux fermés, le visage collé à son dos. Le beau rouquin réussi à atterrir, un peu brusquement mais sans trop de dégâts : une des ailes du ptéroplan fut endommagé et le moteur avait reçu un bon coup de chaud. A part ces problèmes techniques et Emi qui tremblait comme une feuille sur la terre ferme, tout ce passait pour le mieux. Ils avaient atterri non loin de Sybak, à peut-être trois bonnes heures de marches. Zélos rangea alors son ptéroplan dans son sac de voyage et prit la direction de la ville.
 
   Sybak, la ville de la recherche et des études. Le soir, vers huit heures, une auberge, la seule de la ville parmi les écoles et les centres de recherche, accueilla deux nouveaux voyageurs.
« - Je vous avez dit que c’était une mauvaise idée de passer par cette forêt !
- A vrai dire, je ne pouvais pas savoir qu’il y aurai des monstres ! »
Emi et Zélos se disputaient sur l’épisode du trajet vers Sybak. Zélos avait voulu couper par une forêt mais Emi n’était pas de cet avis. Finalement, elle céda et ils prirent le raccourci : malheureusement pour eux, la forêt était truffée de monstres et, au lieu de mettre trois heures de route, ils en ont mis le triple, en trouvant un endroit (le plus sûr qu’il aient trouvé) pour déjeuner avant de combattre et d’arriver en ville. Emi et Zélos prirent alors une table vers un des coins de l’auberge, tout en continuant la discution. Cependant, pratiquement toutes les personnes présentes n’étaient pas à leurs tables, mais autour d’une petite estrade dressée en face du comptoir. En attendant le repas, Emi s’y approcha, laissant le dragueur à ses occupations. Sur l’estrade en bois, un jeune homme faisait des tours de passe-passe, et il était accompagné par une fillette. Il ne devrai pas avoir plus de vingt ans. Il avait de longs cheveux brun foncé, ébouriffés sur le devant et attachés avec un élastique à l’arrière. Il portait une grande cape-tunique vert émeraude qui lui couvrait pratiquement tout le corps. La fermeture montait jusqu’au menton mais, étant légèrement ouverte, on percevait son cou, ainsi que le bas de son visage fin. Cette grande cape-tunique était tellement longue qu’elle lui arrivait au niveau du genou. Heureusement, elle avait des manches, et elles laissaient voir des mains gantées par des mitaines noires. Les bords de la cape-tunique étaient dans une couleur de vert plus foncé. Il portait des avant jambes métalliques très serrées de la même couleur que sa tunique et un pantalon blanc également serré. Pour ce qui était du haut de son corps, il était impossible d’en voir plus. Quant à son visage, il était souriant et des yeux verts très profond lui donnait un air mystérieux.
« - Et maintenant, le tour le plus fabuleux du spectacle ! »
Le jeune homme se plaça au centre de l’(estrade et leva les bras : d’un coup, un écran de fumée apparut et, lorsqu’il se dissipa, le magicien avait disparut, totalement envolé. Tous les spectateurs applaudirent pendant une bonne dizaine de minutes avant de retourner à leurs places. Emi fit de même et engloutit son repas. Elle monta dans la chambre qu’ils avaient réservés dès leur arrivée mais, en ouvrant la porte, elle découvrit une femme assise sur l’un des lit, Zélos à ses côté, bavardant joyeusement avec elle.
« - Non ! Pas encore ! Je veux dormir dans un lit moi cette nuit !
- Ah ! Emi ! Tu es là ! Que veux-tu ?
   - DORMIR DANS UN LIT !!
- Il n’y a pas raison de s’énerver comme ça, ma belle. Tu aura tout le temps de dormir dans un lit quand on sera arrivé à Meltokio.
   - Laisse moi alors déposer mes affaires et mettre un pyjamas au moins !
- O.K, mais fais vite. »
Emi posa ses affaires sur le bord d’une chaise et alla se changer dans la salle de bain d’à côté. Quand elle ne sorti, vêtue d’une chemise et d’un pantalon de pyjamas blanc, Zélos était trop occupé avec sa compagne pour faire attention à elle. Emi en profita donc et lui prit son épée. Elle sortit de la chambre à pas de loup, l’arme serrée contre elle, un petit sourire narquois au bord des lèvres. La salle en bas était vide, seul l’aubergiste nettoyait encore les tables. « Excusez-moi, monsieur mais, avez-vous une corde s’il vous plaît ? ». L’homme, l’air surprit, affirma et lui en donna une. Emi remonta  et attacha un bout de la corde sur la poignée de la porte de la chambre, l’autre bout sur une des colonnes de la rampe en bois. Elle comptait bien se venger de ne pas dormir dans la chambre en les enfermant, la porte ne s’ouvrant que vers l’intérieur. Elle descendit alors les escaliers et sortit de l’auberge, se dirigeant vers le petit étang près de la bâtisse. Seule près de l’eau éclairée par la lune, elle sortit l’épée de son étui et exécuta des mouvements de rotations, des pas de côtés, des esquives et des contre-attaques, des enchaînements rapides et autres techniques à l’épée possible pendant plus de deux heures. Essoufflée, elle s’assit sur l’herbe légèrement humide et leva la tête vers le ciel. Une petite brise fraîche fit bouger les cheveux noirs de la jeune fille, qui en profita pour fermer les yeux. Elle resta ainsi quelques minutes avant de reprendre ses enchaînements, lorsqu’elle senti une présence derrière elle. Elle fit mine de n’avoir rien ressenti et continua son entraînement intensif. D’un coup, une pression sur son épaule gauche la fit se retourner, l’arme prête à attaquer, mais elle s’arrêta net au niveau du cou de la personne : c’était le magicien. Il affichait un grand sourire. Emi baissa l’arme et la rangea dans le fourreau.
« - Je suis désolée, je pensais que c’était un monstre, j’ai trouvé qu’il y en avait beaucoup dans la région.
- Oh, ce n’est pas grave, c’est moi qui devrai m’excuser de vous avoir fait peur, mais vous étiez tellement concentrée dans vos enchaînements que je ne voulais pas vous déranger. Je m’appelle Benjamin, ou Benji Reserfield, magicien confirmé en tant que profession et que combattant, ravi de faire votre connaissance, mademoiselle… ?
   - Emi Ayate. Ravie de faire moi aussi votre connaissance, Benjamin. »
Ils échangèrent une poignée de main.
« - Cela vous dirai, Emi, de faire un combat amical, pour nous entraîner ?
- Euh, ben je ne sais pas trop… »
Emi n’eu pas le temps de trouver d’explication que Benjamin avait déjà prit une certaine distance et marmonnait une formule, sa main gauche devant ses yeux fermés. Elle prit alors le fourreau et sortit l’épée, tout en fonçant sur lui. Elle ne comptait pas le blesser gravement, ni même le toucher : juste l’effleurer.
« - Lames de vents !! »
 
   Appuyé sur l’épée qu’elle a emprunté, Emi reprenait son souffle, en fixant Benjamin, assit en tailleur, les mains posées sur ses genoux. Tous les deux transpiraient à grosses gouttes, et leurs joues avaient virées au pourpre.
« - Tu… Tu te bat bien… Pour une fille…
- Merci… Toi aussi… Tu te bat très bien… »
Ils restèrent ainsi pendant quelques minutes, jusqu’à ce qu’Emi prit la parole :
« - Dis donc, j’ai remarquée qu’il y avait beaucoup de monstres et, en plus, ils rentrent dans les villes et attaquent les passants. Cela se passe comme ça depuis longtemps ?
- Oui, en ce moment, ils sont de plus en plus nombreux, pour une raison encore inconnue. Certains parlent d’une nouvelle fin pour le monde de Sylvaha’lla, et d’autres en profitent pour piller les maisons, et encore j’en passe… C’est pour ça que j’essaye de redonner le sourire aux gens en donnant un spectacle dans toutes les auberges, les villes et villages, même les plus reculés du monde !
   - Ouah.
- Et toi, que fais-tu par ici ?
   - Ben je m’entraîne sans relâche dehors au lieu de dormir.
- Oui, mais pourquoi ?
   - Je ne veux pas déranger monsieur Zélos dans ses ébats amoureux, si tu vois ce que je veux dire…
- Oui, je comprends parfaitement, répondit-il d’un ton assez gêné. Mais attends, tu parles bien de Zélos Wilder, l’un des Héros de la Réunification ?
   - Oui ,oui je sais, mais moi je ne trouves pas qu’il ressemble à un héros…
- Pourtant, c’en est un. Il a participé à la bataille pour la Réunification des deux anciens mondes : Sylvarant et Téséa’lla. En fait, ils étaient neuf à y participer : il y avait Lloyd Irving, le Héros à proprement parlé de la bataille ; Colette Brunel, l’ancienne Elue de Sylvarant ; Génis Sage, le grand génie magicien ; Raine Sage, le professeur ; Zélos Wilder, ancien Elu de Tésséa’lla ; Sheena Fujibayashi, l’invocatrice confirmée ; Regal Bryant, directeur de la société Lézaréno ; Préséa Combatir, la fillette à la force herculéenne ; et, pour finir, Kratos Aurion, le mercenaire angélique.
   - Tu en connais des choses sur cette bataille de la Réunification !
- Je n’en connais que le stricte minimum mais, si tu veux en savoir plus, tu devrai demander à Zélos ou aller à la bibliothèque de la ville… »
Un bruit de branches brisés coupa la conversation. Une ombre bougea légèrement derrière les arbres qui entouraient l’étang. Emi et Benjamin se mettèrent sur leur garde, prêt à combattre. Ils se levèrent et prirent la direction de l’auberge, quand un groupe de monstres leur barra la route et les encercla. Ils devaient être une bonne trentaine, bien plus que la petite meute de Fenhrir à Flanoir. Benjamin n’attendit pas plus longtemps pour se concentrer et lancer éruption sur les monstres en face de lui, pendant qu’Emi avait déjà planté l’épée de Zélos dans la gorge d’un des monstres. Mais les deux étaient en partie bien épuisés de leur petit « combat amical » et ils ne réussirent qu’à en tuer dix. Dos à dos, piégés et en manque de Mana pour ses invocations, Benjamin et Emi pensaient que s’en était fini mais Benjamin fit quelque chose qui surprit Emi : il déboutonna sa cape-tunique et l’envoya sur l’un des monstres, qui se la prit en plein dans le visage. Emi le regarda, l’air toujours aussi surprise : Benjamin portait un haut sans manche noir, une grosse ceinture en cuir marron à sa taille, et sur son torse, deux grosse sangles qu’il portait en bandoulière où étaient fixées pleins de poignards, de petites dagues en tout genre, même derrière lui, une petite sacoche était remplie de petits poignards.
« - Bon, on peut continuer ? ». Emi aquiesa et Benjamin lança l’un des poignards entre les deux yeux d’un monstre à sa droite. Un monstre qui courrait vers Emi se fit couper en diagonale, de droite à gauche, tandis qu’un autre recevait trois couteaux dans le torse. La jeune combattante esquiva une attaque et donna un coup d’épée dans le dos quand le magicien lui cria de se baisser. Elle s’exécuta. Benjamin tenait cinq poignards dans une main et six dans l’autre. Il prit son élan et sauta sur l’un des monstres pour faire un salto impressionnant en arrière. Il lança alors les onze poignards sur onze monstres : tous touchèrent dans le mile, et les onze monstres s’écroulèrent d’un coup. « Wouahou ! Il est vraiment très fort ! » pensa Emi.
 
   Il n’en restait plus que cinq. Emi, championne nationale de gymnastique, prit le bras droit d’un des derniers monstres, fit un salto avant, lui cassa la bras et lui planta la lame dans le dos. Benjamin, lui, esquiva plusieurs attaques enchaînées avant d’enfoncer le couteau dans le flanc gauche de son assaillant. Ils ne se retrouvaient plus qu’en face de trois monstres. L’un d’eux poussa un cri et fonça droit sur la jeune fille. Elle se baissa pour éviter le coup de griffe du monstre, et répliqua en l’entaillant au niveau des côtes. Il tenta de la toucher en redonnant un violent dans son dos mais Emi était passé sur sa gauche et l’avait entaillé le torse, puis enfonça l’épée dans le ventre.
« - Boules de feu ! »
Les deux dernier monstres qui avaient persistés étaient en train de brûler sur place, sans rien pouvoir faire. Benjamin avait lancé un dernier sort, un peu de Mana retrouvé. Après les restes des monstres furent tombés sur le sol, Benjamin regarda Emi dans les yeux :
« - Enfin ! J’ai cru qu’on n’allait jamais y arriver à tous les battre ! Tu sais que tu es vraiment très forte, pour une fille ?
- Ben, euh, non, je ne pensais pas être aussi forte que tu le dit mais, je peut en dire autant pour toi : tu es très fort ! Mais j’ai juste une question pour toi : qui es-tu vraiment ? Un magicien ? Un pro du lancer de projectile ? Un mercenaire ? Dis-moi.
   - Eh bien, pour tout te dire…
- Oui ?
   - Un magicien ne révèle jamais ses secrets, c’est la règle d’or ! »

Benjamin récupéra sa cape, l’enfila et adressa un signe de main à Emi. Celle-ci courut vers lui pour en savoir plus mais il disparut après être passé derrière un arbre. Emi se retrouva seule près de l’entrée de l’auberge, regardant le ciel : « Ah la la ! Pourquoi ce genre de choses n’arrive qu’à moi ? »

 

 

 




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