La suite : le chapitre 3 ^^

 

 

CHAPITRE 3 : Le Festival du Colisée
 
 
 

 

Après le départ « magique » de Benjamin, Emi rentra dormir à l’auberge, enfin, dans la salle à manger de l’auberge. Elle fit un petit tour devant la chambre : la porte était toujours piégée. La jeune fille passa donc une nuit comme la précédente : la tête reposée dans ses bras, sur la table. Le lendemain, ce ne fut pas l’aubergiste qui la réveilla, mais les cris d’une voix familière :

« - Ouvrez-moi la porte ! »
Les quelques personnes présentes dans l’auberge accoururent vers la porte de la chambre et coupèrent la corde. Zélos sortit alors de la pièce, le visage pourpre, les poings serrés. Il se doutait de l’identité de la personne ayant fait le coup et se dirigea vers Emi. Il posa brusquement ses mains sur la table et la regarda droit dans les yeux :
« - C’est toi qui a piégé la porte !
- Cela se pourrai, lui répondit-elle, un petit sourire narquois du bout des lèvres.
   - Et en plus, tu m’as usurpé mon épée avant de t’éclipser !
- D’abord, je l’ai « empruntée », pas volée ; puis, tu l’as bien cherché aussi ! »
Emi croisa les bras, détourna la tête et attendit le petit déjeuner. C’était des tartines grillées avec de la confiture de fraise, accompagnée de bacon et de jus d’orange. Une demie heure plus tard, les affaires préparées, Zélos et Emi se mirent en route vers l’ancien pont de Tésséa’lla, et plus précisément vers Meltokio. Cependant, ils s’y rendirent à PIED car le ptéroplan a été mis en réparation avant qu’ils n’entrent dans l’auberge de Sybak.
 
*Début du flash-back*
 
« - Votre moteur a souffert, et l’aile gauche est à refaire. Il va falloir que j’exporte quelques pièces d’Altamira donc, je pense que vous pourriez le récupérer dans… Trois jours, diagnostiqua le mécanicien.
- Trois jours ?! Mais je dois me rendre au plus vite à Meltokio ! J’ai une affaire des plus urgentes !
   - Et ben, prenez le pont.
- Mais il est immense !
   - C’est le seul moyen d’aller à Meltokio en ce moment, monsieur.
- J’espère au moins que ce n’est pas un rendez-vous avec l’une de tes conquêtes, taquina Emi.
   - Non, désolée ma belle. Même si j’aurai bien voulu…
- Cela veux dire que je vais enfin dormir tranquille ! Youpiii !!!
   - Et combien coûte la réparation ?
- Dix mille flouzs, payable d’avance.
   - C’n’est pas donné… Mais il le faut… »
 
*Fin du flash-back*
 
 La route menant au pont n’était que d’une centaine de mètres environ, mais le passage était inaccessible : une groupe imposant de personnes protestaient envers les gardes postés à l’entrée du pont. Les poings levés, les voix huant les soldats, la protestation empêchaient Emi et Zélos de faire ne serai-ce qu’un pas devant eux. Il devait y avoir, approximativement, une trentaine de personnes. L’un d’eux débattait avec le capitaine des gardes du pont :
« - Vous n’avez pas le droit de nous interdire l’accès !
- Si, j’en ai le droit… Sur votre race, j’ai tous les droits ! Ha ! Ha ! Ha !
   - Vous faîtes de la discrimination raciale envers les demi-elfes ! Vous vous croyez vraiment tout permis !
- Et alors ? Tout le monde s’en fiche de votre sort, sale demi-elfe ! »
Emi regarda Zélos, ne comprenant pas vraiment la situation qui se déroulait devant eux. Elle lui agrippa le bras et exerça une petite pression. L’ex-Elu fixait la scène attentivement, le regard presque vide. Elle exerça alors une pression plus forte.
« - Aïe ! Mais ça fait mal !
- J’ai pas vraiment compris pourquoi ces soldats ne veulent pas que toutes ces personnes empruntent le pont ?
   - C’est à la fois très simple et très compliqué : ils ne veulent pas les laisser passer car ce sont tous des demi-elfes.
- Des demi- elfes ?
   - Oui, des personnes ayant du sang d’elfe et du sang humain dans leurs veines… »
Au même moment, le demi-elfe tomba au milieu de la foule, les soldats ricanant derrière leur chef. Zélos réagit au quart de tour et se fraya un chemin vers le demi-elfe. Celui-ci était blessé au bras. Zélos lança les premiers soins, Emi se dirigea vers le capitaine, la rage au ventre, sans que l’ex-Elu ne puisse l’arrêter.
« - Comment pouvez vous être aussi cruel envers les demi-elfes ? Ils sont comme vous !
- Alors chérie, tu viens à la rescousse des pauvres petits demi-elfes sans défenses ? Ha ! Ha ! Ha !
   - Ouai, je viens à leur secours, et surtout pour te botter tes grosses fesses, sale… »
D’un coup, la main droite de Zélos se plaqua sur sa bouche, l’autre posée sur son épaule gauche.
« - Désolé, elle est un peu sur les nerfs en ce moment. On ne fait que passer…
- Ouai, il y a intérêt… Allez, circulez ! »
La tenant toujours par l’épaule et l’empêchant de parler, Zélos entraîna Emi sur le pont, tout en lui chuchotant un truc dans ce genre à son oreille : « Je sais : moi aussi ça me met hors de moi la façon dont ils traitent les demi-elfes, mais si tu commences avec ce capitaine, bientôt tu te retrouveras avec toute l’armée de Sylvaha’lla à tes trousses et tu ne pourras pas retourner chez toi ! Alors tâche de te tenir à carreaux en attendant, O.K ? ». Emi acquiesça et il la lâcha. Elle poussa un gros soupire de colère et se tourna vers la droite : derrière la barrière de métal, une immense étendue d’eau bleue turquoise s’offrait sous ses yeux ; une légère brise faisait virevolter ses longs cheveux noirs de jais ; des mouettes volèrent au-dessus de sa tête, pendant que Zélos était trop occupé à écrire dans un carnet, déjà bien rempli. Emi n’y prêta pas attention et tailla un petit sprint. Elle aimait sentir le vent frais sur son visage. A bout de souffle, après avoir couru cinq cent mètres, elle s’appuya contre la rambarde et observa l’océan, le temps que Zélos la rattrape tranquillement. Il la regarda tendrement et elle lui répondit en affichant un sourire chaleureux sur son visage. Ils continuèrent ainsi le peu de chemin qui leur restaient vers Meltokio.  
 
   « Wouah ! C’est très… grand ! » s’exclama Emi en passant les portes de la capitale. Devant elle, une grande avenue se prolongeait jusqu’au château, qui trônait dans les hauteurs de la ville. Des petits jardins verdoyants étaient entretenus vers le milieu de la ville. Les rues étaient noires de monde à cette heure-ci, et de soldats également. Il y en avait environ cinq tout les cinquante mètres, et le nombre était largement doublé lorsqu’on se rapprochait du palais royal. Ils continuèrent à marcher un peu plus dans l’avenue : la grande majorité des habitations avaient l’air très spacieuses, il y avait même un quartier pour les personnes très riches ! Et inversement, il y avait aussi un quartier pour les personnes pauvres de la ville. Tout était délimité par la richesse dans la ville. Il y avait également un quartier de commerce, « un peu comme à Flanoir » pensa Emi, et un Colisée pour affronter divers monstres et combattants en tout genre. Emi avait remarquée que la plupart des personnes se promenant dans les rues étaient en groupe de deux ou trois. Lorsqu’elle allait demander pourquoi à Zélos, son regard s’arrêta sur un panneau d’affichage où le mot « Recherché » était écrit en grosses lettres. Sous l’avis de recherche, un portrait était fixé : il représentait un homme aux cheveux châtains foncés, quelques peu ébouriffés, légèrement tombant devant des yeux verts émeraude, le reste de son visage était caché par des bandages pourpres. Sous le portrait figurait le nom de l’homme recherché : « Shawn Graves, dit le voleur pourpre ».
« - Je me souviens qu’un ami avait lui aussi son visage sur ce même panneau…
-Mais il était moins bien réussi que celui-là ! »
Une voix masculine jailli derrière eux, une voix que l’ex-Elu de Tésséa’lla connaissait très bien. Ils se retournèrent et virent un jeune homme brun, les yeux marron, un grand sourire sur son visage à la fois enfantin et adulte. Il portait une sorte de chemise rouge à manches longues, des épaulières en métal fixées de chaque côtés, un pantalon bleu foncé serrés à la taille par deux grosses ceintures en cuir où pendaient deux épées, l’une à la lame bleuté, l’autre rougeoyante. Ses mains, gantées de blanc, étaient posées sur ses hanches, et des protèges tibia, du même métal que les épaulières, étaient accrochés sur des bottes en cuir marrons. Le jeune homme ne devait pas avoir plus de dix-neuf ans, vingt à tout casser.
« - Lloyd ! Ca fait un bail que l’on ne s’est pas revus ! Comment vas-tu ?
- Je vais bien, merci. Et toi ? Tu as revu Sheena depuis tout ce temps ?
   - Euh non. J’ai essayé mais elle était constamment en mouvements par-ci, par-là.
- Ah, je vois…
   - Et toi ? Que fais-tu ici ? Tu n’es pas avec Colette ?
- Si, justement. Je voulais venir à Meltokio pour participer au Festival du Colisée mais Colette m’a suivi et elle ne veut pas que je combatte pour de l’argent, même si elle sait que je peux l’étaler en deux secondes !
   - Donc mon petit ange est ici ! Je suis content, dit-il avec un petit sourire.
- Oui, elle est à l’église près du château.
   - Tant mieux, j’ai des affaires à régler au château avant d’aider cette demoiselle à retourner chez elle. »
Il adressa un signe de main vers Emi. Celle-ci était ébahie devant Lloyd, un peu gêné de son attitude. Elle reprit ses esprits et lui tendit la main.
« - Bonjour, je m’appelle Emi Ayate. Je suis ravie de vous rencontrer !
- Lloyd Irving, moi de même. Euh, tu as des vêtements étranges…
   - Oui, je sais, je sais, je comptais y remédier…
- Oh ! Je pense que je vais vous laisser, sinon Colette va se demander où je suis pas…
   - Eh ! Lloyd ! Te voila enfin ! »
Une jeune fille, à peine plus âgée qu’Emi, courait dans leur direction. Ses longs cheveux blonds, attachés avec un ruban bleu foncé, flottaient comme un drapeau derrière elle. Ses yeux étaient d’un bleu océan profond, qui lui donnaient vraiment l’air d’un ange. Elle portait une petite veste à manches longues blanches aux bordures de la même couleur que son ruban. Sa petite veste ouverte laissait voir un haut blanc, ainsi qu’un magnifique collier en or, serti d’un cristal rouge. Sa jupe bleu foncée flottait également au gré du vent, deux chakrams fixés sur deux petites ceintures à sa taille. Elle portait de petites bottes blanches, légèrement retombantes sur ses chevilles, avec un petit talon.
« - Je t’ai cherchée partout, Lloyd ! … Oh ! Quel plaisir de te revoir Zélos ! Comment te portes-tu ?
- Très bien, mon petit ange. Mais dis moi, tu as changé de tenue ? Elle te va à ravir, cette petite jupe bleue.
   - Tu trouves ? Merci beaucoup… Oh ! Bonjour ! Je suis Colette Brunel, s’adressa-t-elle à Emi avec un charmant sourire.
- Et moi Emi Ayate, enchantée.
   - Quelles touchantes retrouvailles, mais je suis pressé, désolé. Si vous comptez rester en ville, au lieu de prendre une chambre d’auberge, venez chez moi, proposa Zélos.
- Oui, bien sûr. En attendant, on va voir quelques matches au Colisée, tu veux venir avec nous, Emi ? suggéra Lloyd.
   - Non merci, je vais plutôt visiter la ville. Je viendrai peut-être un peu plus tard.
- Pas de problème. Alors à tout à l’heure !
   - A tout à l’heure ! »
Lloyd et Colette accompagnèrent Zélos sur la grande avenue jusqu’au Colisée, et Emi prit la direction des boutiques de commerçants : elle avait en tête de changer de tenue et trouver une arme à sa mesure.
 
   Aujourd’hui, un nombre incalculable de spectateurs attendaient dans les gradins du Colisée, cette grande bâtisse de pierre et de métal où se rencontrent combattants épiques et magiciens en tout genre : c’était le Festival du Colisée. Il durait une semaine, tous les ans. Li Festival du Colisée a été instauré par le Roi après la réunification des deux mondes afin d’établir une puissante armée basée sur les compétences des soldats, et non pas sur leurs races. Ainsi, elfes, demi-elfes, humains, tout le monde était libre d’y participer, surtout que s’ils arrivaient à remporter cinq matchs de suite et à battre le champion du Colisée, ils gagnaient la somme de trente mille flouz. En parlant du champion, il se nommait Nelden, c’était une montagne de muscles ; à lui seul, il était capable de soulever cinq soldats de la garde royale, avec l’équipement complet ainsi que les armes, ce qui équivalait environ à trois cents kilos. De plus, il encaissait très bien les coups physiques et était capable de briser une lame de zanbatô (gigantesque sabre aussi long que lourd, causant d’énormes dommages au cavalier et à sa monture). Des centaines de participants se présentaient alors chaque jour, et d’autant plus que le Colisée ne fermait pas : on pouvait aussi combattre la nuit ! Parmi les spectateurs se trouvaient Lloyd et Colette, Héros de la Réunification du monde de Sylvaha’lla. Lloyd était très content de venir au Festival du Colisée, même s’il aurai voulu y participer en tant que combattant. Il affichait un grand sourire bête, en hurlant des « Super ! » et des « Youpi ! » et en agitant ses bras dans tous les sens. Quant à Colette, elle n’était pas du même avis : elle pensait que ce « Festival » était de la violence gratuite pour les personnes présentes. De plus, toute cette mascarade n’avait lieu que pour de l’argent. A la fin d’un énième combat entre un elfe et un pathétique épéiste, Lloyd se rassit.
« - Vraiment, j’adore ces combats ! J’ai pu mémoriser certaines techniques que je pourrai améliorer avec mes glaives matériels.
- Et tu trouves cela amusant, des gens qui se battent, qui risquent peut-être leurs vies à amuser la galerie ? Pas moi, en tout cas…
   - Mais, Colette ! »
Une acclamation assourdissante stoppa leur dispute : la foule encourageait les nouveaux combattants qui entraient dans l’arène : d’un côté avançaient fièrement un couple d’elfes, tout deux archers ; de l’autre, une jeune fille à la longue chevelure noire flottant dans son dos, une épée à sa hanche gauche. Lloyd et Colette se regardèrent dans les yeux et eurent la même pensée : « Est-ce bien .. ? ». Le commentateur des matchs s’approcha des combattants et tendit son micro :
« - Alors ? Vous êtes prêts à vous affronter ? Mais d’abord, dîtes-nous vos noms, questionna-t-il en tendant le micro vers le couple d’elfes.
- Nous sommes Flora et Davy, et nous comptons bien remporter la récompense !
   - Oh ! Oh ! Voilà ce qu’on appelle « être ambitieux » ! Et vous, mademoiselle ?
- Je m’appelle Emi Ayate, et si je combats aujourd’hui, c’est juste pour m’éclater un peu et rembourser une dette.
   - Espérons que vous tiendrez votre promesse ! Combattants, préparez-vous ! Et… Commencez ! »
Lloyd et Colette avaient vus juste : Emi, qu’ils connaissaient à peine, venait se battre en public pour gagner la récompense ! Leurs regards fixaient alors la jeune combattante, espérant qu’elle s’en sorte. Le couple d’archers avaient pris l’initiative et lançaient une pluie de flèche sur Emi. Celle-ci les esquiva allègrement en exécutant des saltos arrière, se réceptionnant parfaitement. Flora et Davy arrêtèrent quelques secondes leur offensive pour reprendre d’autres flèches, mais Emi en profita pour se fondre sur eux et empoigna son épée, qu’elle extirpa de son fourreau. Flora, qui était la plus proche, se dépêcha de lacer quelques flèches à une vitesse fulgurante, pendant que Davy s’armait. La jeune fille les fit ricocher sur sa lame flamboyante et se précipita sur l’elfe. Elle donna un premier coup d’épée vertical, qui fut esquivé, puis un coup de pied destiné à Davy, qui perdit momentanément son arc. Elle continua avec un coup de coude dans le ventre de Flora, qui la fit se pencher en avant. Emi leva alors la lame… et coupa en deux l’arc dont elle se servait. Sans arme, elle ne pouvait plus se battre. Entre temps, Davy avait récupéré le sien et pointait vers Emi. Cette dernière fit une esquive sur la droite et découpa, par la même occasion, son arme de jet. Le groupe désarmé, éffondrés sur le sol, Emi rangea son arme. Le combat n’avait même pas duré cinq minutes ! Contraints à l’abandon, Emi fut-elle donc déclarée vainqueur, le public l’applaudissant sur son retour. Lloyd et Colette n’en revenaient pas : cette Emi se battait drôlement bien. Un autre combat avait déjà été enchaîné quand cette dernière arriva vers les Héros de la Réunification.
« - Re-bonjour.
- Oh ! C’est toi qui vient juste de combattre à l’instant, non ?
   - Euh, oui, pourquoi ?
- Tu es très forte, pas plus que moi, c’est sûr mais tu es très forte…
   - Lloyd ! Arrête de te vanter ! Mais il a raison : tu te bat très bien. D’où viens-tu ?
- C’est très compliqué mais, pour faire court, je viens d’un autre monde et je comptais repartir chez moi avec l’aide de monsieur Zélos.
   - Si tu attends après lui, tu peux toujours faire ta vie ici !
- Hein ?
   - Ce que Lloyd veut dire c’est que Zélos peut t’aider mais il mettra un peu de temps, peut-être.
- Ah, je vois… En attendant, je veux gagner la récompense pour le rembourser.
   - C’est bien de ne pas penser à son profit personnel et de penser aux autres, Emi, félicita Colette. Et ton prochain combat a lieu quand ?
- Dans quelques minutes. Je dois y aller.
   - D’accord. Bon courage, Emi !
- Merci Lloyd. »
Emi repartit par le même chemin par où elle était arrivée et descendit en direction de l’entrée de l’arène, l’air sûre d’elle.
 
 
   Les combats s’enchaînaient et ne se ressemblaient pas pour Emi : son premier match était contre un groupe d’elfes, son deuxième contre un groupe de magiciens (qu’elle metta K.O en les cognant l’un contre l’autre), son troisième un lancier coriace, et son quatrième contre un mage épéiste dragueur et endurant. Pour le battre, Emi a dû avoir recours à ses charmes pour l’amadouer et lui donner un bon coup entre… Bon, passons. Pour son cinquième match, elle devait se battre contre le champion du Colisée, Nelden. Lloyd n’avait manqué aucun match depuis celui d’Emi. Il avait une très grosse envie pressante à force de boire des litres et des litres de limonade et à rester assis sur son siège. Une pause de quelques minutes était instaurée avant d’entamer le dernier match, peut-être décisif. Il ne tenait plus en place et ne cessait pas de gesticuler, jusqu’à ce que Colette lui dit d’y aller. Il la remercia du fond du cœur et couru aux toilettes publiques, pendant que Zélos s’appropriait sa place.
« - Alors, ce Festival, qu’en penses-tu, mon petit ange ?
- Pour moi, c’est de la violence gratuite mais…
   - Mais ?
- La fille qui t’accompagnait, Emi, se défend très bien.
   - Emi ? Emi participe au Festival ?!
- Oui. Tu n’étais pas au courant ? »
Zélos serra son poing gauche devant son visage rouge. « Elle est intenable, cette fille ! Bientôt, il faudra que je la tienne en laisse ! ». Des acclamations assourdissantes coupèrent le fil de sa pensée : les deux combattants, Emi et Nelden, venaient d’entrer dans l’arène. « Voyons voir si elle a fait quelques progrès depuis notre combat avec la meute de Fenhrir à Flanoir… ». Zélos et Colette fixaient la jeune fille, de dos, face au colosse, de l’autre côté du stade. « Le combat a déjà commencé ? » questionna Lloyd, revenu de son passage au petit coin. Ils hochèrent de la tête pour seule réponse, et s’assis donc à la droite de Colette. Le commentateur faisait l’éloge du champion du Colisée dans un premier temps :
« - Et voici le champion du Colisée, Nelden !
- Grrouuuuaaaahahhhhhh ! cria-t-il
   - Nelden a une carrure que même les plus grands guerriers n’atteindront jamais ! Il pèse plus de 256 kg, tout en chair et en muscles ! Et en face de lui, la jeune demoiselle qui a réussie à se hisser jusqu’à lui, Emi Ayate !
- …
   - Cette belle jeune fille est parvenue en finale en usant de ses charmes et de ses multiples talents ! Et maintenant, quelques mots à votre adversaire, Nelden ?
- Je vais t’écrabouiller !
   - Moi aussi, enchantée, répondit-elle d’un ton un peu angoissé.
- A présent, que le match commence ! »
Le commentateur s’éclipsa de l’arène, laissant le terrain libre à Nelden et Emi. Cette dernière entamait fort le combat : elle se rua vers la montagne de muscles, la main droite prête à tirer l’épée de son fourreau. Le champion du Colisée réagit immédiatement et balança son poing en sa direction. Emi esquiva l’attaque frontale en exécutant un saut en hauteur latéral. Nelden donna un coup avec force dans les côtes gauches de la demoiselle, qui tomba au sol. Le colosse n’arrêtait pas d’enchaîner les offensives, ne laissant guère de choix à Emi que d’éviter les coups. Quand l’occasion lui en fut parvenue, Emi entailla le poignet droit de Nelden, qui semblait ne rien sentir. « Si tu crois me faire mal avec ce petit cure dent, ma belle, c’est loupé ! » lui dit-il. Emi se leva brusquement et courut vers lui, son visage se retrouvant près du sien. Elle allait planter son épée luisante dans son torse lorsqu’il la prit de court et l’attrapa à la gorge, la plaquant contre le mur d’enceinte de l’arène. Il serrait son cou lentement avec une seule main, Emi tentant désespérément de se dégager de son étreinte.
« - Tu préfères déclarer forfait maintenant ou mourir tout de suite ?
- Aucun… des deux choix !! »
A cette réponse, elle planta profondément son épée dans la main de Nelden, la tournant pour lui infliger plus de dégâts. Le champion cria de douleur, relâchant sa prise. Un mince filet de sang coulait le long de la bouche d’Emi, qu’elle essuya du revers de sa manche. Le colosse tenait sa main ensanglantée et, prit de colère, fonça vers la demoiselle. Celle-ci fit une roulade sur la gauche, manquant de peu de se faire écraser par cette montagne de muscles. Elle se releva tant bien que mal et empoigna son épée à deux mains. Elle appuya de toutes ses forces sur le manche et entailla le côté droit de Nelden, avant de se retourner et d’enfoncer la lame froide dans le torse du champion. Il resta un moment en face d’Emi, sans bouger, le sang coulant lentement le long de son corps, jusqu’à ce qu’il cracha par terre le liquide rouge qui restait dans sa bouche avant de s’écrouler au sol. Le match se termina immédiatement…
 
   A la sortie du Colisée, Lloyd, Colette et Zélos attendaient Emi pour la féliciter. Celle-ci arriva tranquillement, un sac plein d’argent dans ses mains. Une foule sortait du Colisée au même moment : la nuit venait de tomber. Emi, étonnée, marcha plus vite vers ses compagnons, quand elle se fit bousculer et tomba sur la pierre froide. Se massant les fesses, une main se tendit vers elle :
« - Je suis désolé, je ne vous avait pas vue.
- Ce… C’est pas grave.
   - Vous êtes Emi Ayate ? Belle prestation aujourd’hui.
- Euh, merci. Et vous, qui êtes-vous ?
 - Andrew Faithbourg, commandant en chef de l’armée de Sylvaha’lla. »

Emi leva les yeux, et se retrouva face à face avec un beau jeune homme…

 

 




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