Chapitre 4 à la rescousse ^^

 

 

CHAPITRE 4 : L’ombre et la féline.

 
 

 

« - An… Andrew Faithbourg ? »

Emi prononça le nom du jeune homme d’une voix gênée. Ses joues rosirent légèrement pendant qu’elle attrapait la main qu’il lui tendait. Andrew Faithbourg était un peu plus grand qu’Emi, châtain très clair, presque blond, un bandeau rouge attaché au front. Des yeux couleur or brillaient derrière quelques mèches. Il portait une armure claire et légère, qui lui couvrait tout son torse. On pouvait néanmoins distinguer un haut moulant du même rouge que son bandeau. Son pantalon noir et ses bottes marron foncé contrastaient avec son armure. Une longue cape pourpre volait derrière lui. Il avait tendu sa main droite à Emi, pour l’aider à se relever, étant donné que sa gauche empoignait le manche d’un immense zanbatô posé sur son épaule en biais. Il lui adressa un sourire charmeur :
« - Vous êtes bien plus jolie de près, mademoiselle.
- Euh… Merci… Mais, mes amis m’attendent là-bas et…
   - Je comprends : vous ne voulez pas les faire attendre plus longtemps. Peut-être qu’on se reverra, si vous restez quelques temps à Meltokio.
- Oui, sûrement !
   - Alors à bientôt, Mlle Emi. »
Andrew tourna les talons, laissant Emi lui adresser un signe de main discret. Dès qu’il ne fut qu’un petit point, elle retrouva ses esprits et retourna vers Lloyd, Colette et Zélos. Lorsqu’elle se planta devant eux, ils avaient tous un petit sourire narquois du bout des lèvres :
« - On dirait que tu a tapé dans l’œil de ce garçon, Emi, dit l’ex-Elu de Tésséa’lla.
- Euh, non ! C’est… C’est pas vrai ! répliqua-t-elle en rougissant.
   - Mais oui, je te crois ! Mais au fait, comment as-tu fait pour avoir une épée en si bon état et en si peu de temps ?
- Euh… Ben… En fait… Quand j’ai fait mon petit tour, j’ai vu cette belle épée en vitrine d’une armurerie et, euh… J’ai mis la note sur ton compte…
   - Sur mon compte ?! Oh toi je vais te….
- Mais comme je n’ai pas besoin de l’argent que j’ai gagné, alors je te le donne. Comme ça, tu pourras payer la note.
   - Mmm… »
Emi lui tendit le sac de pièces, qu’il fini par prendre. Il proposa alors à ses invités de passer la nuit chez lui. C’est ainsi qu’Emi se retrouva dans la « maison » de Zélos. Elle était tellement grande qu’elle ne méritait pas le nom de « maison » mais plutôt de manoir. Lorsqu’on pénétrait dans le manoir, on arrivait directement dans le salon. Les meubles en bois étaient très présents : commodes, tables, chaises, buffets ; mais aussi quelques plantes vertes imposantes. Sur les murs étaient accrochés de magnifiques tableaux, dont un représentant une belle femme. Il s’agissant sans doute d’un portait grandeur nature car le tableau s’étalait sur tout un pan de mur. Au fond de la pièce se situait un renfoncement vitré qui laissait passer facilement la lumière, à l’occurrence celle de la lune. Sur la droite, un grand escalier en bois montait vers les chambres luxueuses. Elles étaient très spacieuses, les lits contre un des murs, une grande armoire dressée en face de celui-ci. De nombreux tapis coloraient le sol carrelé et froid. Un sofa aux coussins bleus était placé sur le petit balcon devant les portes des chambres, légèrement entrouvertes. Dès leur entrée, un majordome vint à leur rencontre et les emmena directement à leurs chambres à coucher. Cependant, un problème se posa : il n’y avait que deux chambres, dont l’une était celle de Zélos, laissant le droit qu’à une seule chambre pour trois personnes. Zélos proposa à Emi de dormir sur le sofa mais, étant déjà à cran d’avoir dormi deux nuits de suite assise devant une table, d’avoir vaincu sa peur de l’altitude et s’être battue toute l’après-midi, Emi protesta et demanda que ce sois lui qui s’y colle (Lloyd et Colette étaient du même avis que la jeune fille). Du coup, Colette et Emi dormirent dans la chambre d’amis, et Lloyd dans celle de l’ex-Elu (il en profita bien pour s’étendre de tout son long sur le lit). Quant à ce dernier, il dormit donc sur le sofa, avec un petit coussin en guise d’oreiller et une petite couverture, qui ne lui couvrait même pas jusqu’aux pieds !
 
   Le lendemain matin, le petit déjeuner fut servi au lit pour nos jeunes invités, sur une table près du sofa, le « lit clandestin » de Zélos. Quelques minutes plus tard, ce fut Emi qui sortit la première, avec un beau visage radieux et souriant, puis Colette et Lloyd, un peu endormi. Zélos, lui, avait des cernes sous ses yeux et un air grognon, ce qui montrait qu’il avait passé une très mauvaise nuit de sommeil. D’ailleurs, après leur passage, il alla se recoucher dans son lit, en prenant soin de laisser sur le sofa la petite couverture, à moitié par terre.
« - Alors, Emi, que vas-tu faire aujourd’hui ? questionna Colette.
- Et bien, je ne sais pas trop, je dois avant tout autre chose trouver un moyen de retourner chez moi…
   - Ahhh, d’accord ! Tu veux qu’on aille à la bibliothèque du château ?
- Euh, on a le droit ?
   - Bien sûr, on y a accès, comme ça, on t’aidera à chercher, n’est-ce pas Lloyd ? »
Lloyd, pendant que les deux demoiselles discutaient, tentait à pas furtifs de s’éclipser mais se fit prendre en flagrant délit. « Et moi qui voulait encore aller au Festival ! » pensa-t-il. Le jeune épéiste acquiesça à la demande de Colette. Ils laissèrent donc l’ancien Elu se reposer de sa dure nuit et se dirigèrent vers le château, au cœur de Meltokio. Après un court instant de marche, ils arrivèrent devant les imposantes portes d’entrée du palais royal. Des gardes les firent entrer, en prenant soin de noter leurs noms et les conduisirent à la bibliothèque. Tous les couloirs étaient immenses, autant de longueur que de hauteur ; le sol carrelé de marbre était couvert par un tapis rouge sang, brodé de fils dorés de chaque côté ; les grandes vitres lumineuses encadrées par des rideaux du même rouge que les tapis ; les pierres grises clairs ressortaient des murs froids ; de hautes colonnes de marbres soutenaient les étages, où l’on y accédaient à l’aide de larges escaliers, également de marbres. Le soldat les firent s’arrêter devant une porte en chêne gravée et l’ouvrit : à l’intérieur de la pièce, tous les murs étaient couverts d’étagères où reposaient des centaines et des centaines de livres, de tailles et de couleurs différentes. Des petites tables de travails étaient disposées dans le centre de la bibliothèque sur lesquelles étudiaient déjà deux autres personnes. Le plafond était haut au dessus de leurs têtes, et les étagères presque aussi grandes. On accédait aux ouvrages en montant sur une échelle. La bibliothèque était très éclairée par les larges fenêtres, mais aussi par des petites torches fixées sur des piliers devant les étagères. Le soldat sortit de la bibliothèque silencieusement, laissant Lloyd, Colette et Emi au milieu de tous ces livres. « Bon, commençons à chercher ! » s’enthousiasma l’ange. Lloyd prit le premier livre à sa portée et le feuilleta, Emi et Colette se dirigèrent vers les étagères et cherchèrent plutôt dans le coin « Histoire de Tésséa’lla », étant donné que la bibliothèque n’a pas été archivée. Pendant près de trois heures, ils arpentaient les divers rayons à la recherche d’un moyen quelconque ou un cas similaire qui pourrait donner une piste à la jeune demoiselle, mais en vain. Ils avaient passé en revue pratiquement tous les ouvrages de la bibliothèque, de « Histoire de la Guerre de Derris-Kharlan » à « L’étude des sceaux », en passant par « Expériences paranormales ».
« - Il y a que dalle dans ces bouquins… protesta Lloyd.
- Oui, rien du tout qui pourrait se rapprocher de près ou de loin à ton cas, Emi.
   - Mmm… »
L’air abattue, Emi descendit de la table où elle s’était assise et referma le livre qu’elle feuilletait.
« - Cela te dirai de faire les magazins avec moi ? proposa Colette.
- Euh, je ne sais pas trop…
   - C’est parti ! »
Colette prit Emi au poignet et la tira vers la sortie. Lloyd regarda silencieusement la scène. « Ouai ! Je vais pouvoir aller voir d’autres matchs au Colisée ! » se réjouissa-t-il dans sa tête.
 
   Dans les rues de Meltokio, les deux jeunes demoiselles visitaient les magasins et les divers stands qui se présentaient à eux. Il y avait foule aujourd’hui car c’était jour de marché. Les stands étaient envahis, faisant le bonheur des commerçants. Mais partout où elles passaient, les habitants les regardaient bizarrement, ou plutôt, regardaient Emi bizarrement à cause de son uniforme de lycéenne bleu marine et gris, et Colette l’avait remarquée.
« - Après, si tu veux, on ira te trouver une nouvelle tenue qui te fera passer un peu plus inaperçue, d’accord ?
- Je suis partante » lui répondit-elle avant de jeter un rapide coup d’œil à droite, vers un stand de nourriture, puis à gauche, vers des poissons appétissants. Elles finirent par entrer dans un magasin de tissus et de coutures : des rouleaux de soie, de coton et de laines pendaient un peu partout dans la boutique (du plafond aux murs), mettant une touche très colorée dans la pièce ; des bustiers de mannequins traînaient dans un coin, en face du comptoir où une femme était en train de ranger sa recette. Elle avait les cheveux roux, tirés en un chignon tenu par deux grosses aiguilles. Des lunettes bleues turquoises étaient posées sur son nez, et des dizaines de bracelets en or cliquetaient à ses poignets. Lorsqu’elle vit les deux jeunes filles, elle se précipita à leur rencontre :
« - Bonjour, chères clientes ! Je suis Cinthya, couturière en chef et tenancière de la boutique. Que puis-je faire pour vous, mes demoiselles ?
- Euh, bonjour, mon amie voudrai avoir une nouvelle tenue un peu plus… discrète, expliqua Colette.
   - Mmm… Je vois… Je vais y remédier tout de suite ! Viens par ici, ma chérie ! »
Elle tira Emi par le poignet et l’emmena dans une pièce derrière son comptoir. Là, elle lui prit ses mesures et en profita pour lui poser des questions à propos de ses goûts. Cela ne dura pas plus de dix minutes avant que la couturière ne commence à se mettre au travail et fasse sortir Colette et Emi de sa boutique, « Pour garder ma concentration » disait-elle. Elle les pria de revenir une demi-heure plus tard, « Car son travail était vite fait, très bien fait » se justifia-t-elle. Surprises, les deux jeunes filles restèrent une bonne dizaine de secondes devant le seuil du magasin, avant de se regarder dans les yeux et d’éclater de rire, pour on ne sait quelle raison. Elles allèrent donc passer le temps qu’il fallait à bavarder gaiement sur un banc, tout en mangeant une glace (chocolat noisette pour Emi, vanille pour Colette). Une demi-heure passa tranquillement, et les deux demoiselles se résignèrent à retourner chez la couturière. Tout en marchant, elles continuaient à discuter et à plaisanter. Emi détourna rapidement la tête pour revoir le stand de poisson, qui lui donnait drôlement faim. « Il doit être pas loin de midi » se dit-elle. D’un coup, elle se cogna contre un homme costaux en armure flamboyante et tomba par terre. « Mais qu’est ce que j’ai fait pour toujours me retrouver les fesses par terre ?! »
« - Vous n’avez rien de cassé, mademoiselle ? »
L’homme, qui avait une voix grave mais chaleureuse, lui tendait sa main droite.
« - Non, ça peut aller, merci. 
- Faîtes attention la prochaine fois, hein ?
   - Oui, monsieur. »
L’homme lui tapota l’épaule gauche avant de partir. Emi le regarda un instant et se retourna vers Colette.
« - C’est le Général Keisuke Seiru, général de l’armée de Sylvaha’lla.
- Ah ? Mais comment connais-tu son nom ?
   - Moi, Lloyd, Zélos et d’autres de nos amis jouons un rôle dans l’armée mise en place par le Roi pour protéger Sylvaha’lla des monstres, qui sont de plus en plus nombreux ces temps-ci. Si tu veux, on est à la fois des généraux et des politiciens. C’est dur mais cela en vaux la peine pour un monde réunifié meilleur. Et, dans notre cas, on se doit de connaître tous les hauts fonctionnaires de l’armée.
- Ahh, je comprends mieux mainte… »
Soudain, elle senti une présence, ou plutôt une aura qui la fit se taire. Elle lui donnait des frissons et elle transpirait. Son regard était fixe et vide. Colette ne cessait de lui demander ce qui n’allais pas, mais en vain. C’était comme si tout ce qui se trouvait autour d’Emi était silencieux, figé. Elle ne percevait que le bruit de sa respiration rapide et un frôlement de cape. Une silhouette sombre encapuchonnée passa à sa droite. Elle la fixa, jusqu’à ce qu’elle croise son regard froid et ténébreux, rempli de haine. Là, en l’espace d’une fraction de seconde, le bruit des passants et des commerçants refit surface, ainsi que la voix de Colette qui lui demandait de revenir à elle.
« - Emi ! Emi ! Tu vas bien ?!
- Ou-oui, j’ai juste eu comme une coupure…
   - Une coupure ?
- Oui : je n’entendais plus rien et j’ai vu une silhouette noire qui m’a fait froid dans le dos.
   - Une silhouette noire ? Mais il n’y a aucune silhouette noire qui est passée près de nous. Tu es sûre que tu vas bien ? Que tu n’es pas fatiguée ?
- En fait, j’ai un peu faim, dit-elle pour esquiver la question.
   - D’accord, alors après avoir été chercher ta nouvelle tenue, on retournera chez Zélos.
- O.K. »
Elles rentrèrent dans la boutique de couture pour récupérer la commande mais Emi était perdue dans ses pensées. Elle était sûre à 100 % d’avoir aperçut une silhouette sombre et glaciale. C’était très inhabituel…
« - Alors, ma belle, contente de mon œuvre ? »
Emi sortit de ses pensées.
« - Ah, euh, oui oui, elle est superbe, vraiment un travail de pro !
- C’est normal, je SUIS une pro ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! »
 
   La nuit était tombée, la lune éclairait allègrement les rues de Meltokio. La ville était silencieuse, une légère brise fraîche faisant bouger les feuilles de la cime des arbres. Sur un des balcons du château de Meltokio attendait un homme accoudé sur le rebord. Il se résigna à rentrer dans sa chambre. Les rideaux pourpres virevoltaient à l’intérieur de la pièce. Une armure était placée sur une chaise, l’homme était assis sur son lit, son visage dans ses mains. Une petite silhouette s’approcha silencieusement de lui. L’homme, surprit, leva les yeux.
« - Harumi ?! C’est bien toi Harumi ?!
- …
   - Réponds-moi, Harumi ! Tu vas bien ?!
- … Père… Pour tout ce que tu as fait… Tu mérites… La mort…
   - Harumi ?! Mais qu’est-ce que tu racontes ?! La… la mort ?
- Adieu… Père… »
L’homme regarda sa fille, terrifié…
Pendant ce temps, Emi était seule dans la bibliothèque du château et continuait à chercher un moyen de retourner dans son monde dans les ouvrages qu’ils n’avaient pas encore regardé. Elle était assise devant un bureau, une petite lampe éclairant la page qu’elle lisait. « Pff, non seulement il y a rien dans ce bouquin, mais en plus il est très barbant ! » pensa-t-elle, tout en refermant l’ouvrage. Elle s’étira les bras et bailla. Il était plus de onze heures du soir. Emi avait enfilé sa nouvelle tenue, confectionné en une demi-heure. Elle avait une jupe plissée couleur lilas, une tunique courte blanche plissée à manches courtes, une ceinture en tissu violine, des gants plissés lilas, ainsi que des chaussettes plissées de la même couleur, recouverts par des bottines blanches. Elle avait nouée ses cheveux noirs de jais avec un ruban violet, laissant deux mèches de cheveux retomber sur ses épaules. Une cape lilas était placée sur le dossier de sa chaise, ainsi que l’épée d’argent dans son fourreau. Emi posa « Le grand livre des voyages » sur une pile d’autres livres à droite qu’elle avait lu et prit « Moyens de voyager » sur une autre pile à sa gauche. Un soldat ouvrit la porte à ce moment et lui demanda de sortir du château, l’heure étant largement dépassée. Emi reposa le livre sur la table, accrocha sa cape sur ses épaules, relevant ses mèches de cheveux, et son arme à sa hanche gauche. Elle sortit de la bibliothèque et aperçut Zélos, Colette et Lloyd, qui l’attendait. Ils allaient la complimenter sur sa nouvelle tenue, mais ce fut un cri horrible qui résonna dans tous les couloirs du palais.
« - Mais, qu’est-ce… »
Tous les soldats aux alentours accoururent en flèche aux étages du dessus, cherchant la source du cri. Les quatre visiteurs se regardèrent dans les yeux avant de les suivre, le cœur battant à tout rompre. Ils montèrent plusieurs escaliers, visitèrent plusieurs chambres (ils s’abstiennent de voir la chambre du Roi et de sa fille, même si Zélos n’était pas contre pour celle de la Princesse). Située à l’arrière du cortège, Emi prit un tout autre couloir, glacé et peu éclairé. Certes, toutes les pièces de ce couloir étaient des chambres mais la jeune épéiste avait un pressentiment. Elle arpentait lentement le long couloir vide en direction de la seule chambre encore inexplorée, dont la porte était légèrement entrebâillée. Le regard suspicieux, elle poussa la porte, et ce qu’elle vit lui faisait froid dans le dos : au plein milieu de la chambre, près du lit, gisait dans une mare de sang le cadavre d’un homme à forte carrure, lequel était tenu dans les bras d’un autre homme. Emi s’approcha silencieusement et fini par distinguer les visages des deux antagonistes : c’était Andrew Faithbourg, le jeune garçon qu’Emi avait involontairement bousculé, qui tenait le Général Seiru. Ses vêtements étaient couverts du sang de son supérieur, dont le corps était livide, les yeux clos.
« - Andrew ?... »
Le jeune soldat tourna sa tête en direction de la demoiselle : il pleurait.
« - Je… Je ne l’ai pas tué… Ce n’est pas moi !
- Ou-oui, Andrew, je te crois mais, qui l’as tué ? Et Que fais-tu ici ?
   - Le Général voulait me voir personnellement dans sa chambre à onze heures et demie ce soir alors je suis venu mais…
- Mais quand tu es arrivé, il était déjà mort ?
   - Non. Il a poussé un hurlement et je me suis précipité ici… Sauf que je suis arrivé trop tard… »
Emi détourna sa tête d’Andrew, ne voulant pas pleurer devant lui. Elle se dirigea vers le balcon pour chercher des indices du meurtrier mais les soldats, Zélos, Colette et Lloyd firent irruption dans la pièce. La réflexion du capitaine de la garde ne fit qu’un tour : il empoigna Andrew, le jeta face contre le sol et le menotta, le traitant d’assassin et de meurtrier. Il allait le ruer de coups mais les deux épéistes l’en empêchèrent de justesse.
« - Non ! Arrêtez ! Ce n’est pas lui l’assassin ! tenta Emi.
- Dégage ! Ce ne sont plus tes affaires, gamine ! répliqua l’un des soldats. Il était seul dans la pièce avec le cadavre de notre Général Seiru dans ses bras ! Et tu dis que ce n’est pas lui qui l’as tué ?!
   - Oui ! Ce n’est pas lui ! C’est quelqu’un d’autre !
- Et qui ?! Personne ! Alors on l’embarque ! »
Le soldat traîna Andrew hors du lieu du crime, le reste de la troupe le suivant. Il ne restait qu’Emi, Colette, Lloyd et Zélos dans la chambre ensanglantée. Lloyd s’approcha de la jeune fille et posa sa main sur son épaule :
« - Ne t’inquiète pas, je suis sûr que ce n’est pas lui…
- Je sais mais, si ce n’est pas lui, qui est-ce ? Il n’a pas pu se suicider tout de même ?!
- …Non… Il a mérité… son châtiment… »
Tous se retournèrent vers le balcon.
 
   Accroupie sur le rebord du balcon de la chambre, une silhouette fine les observait. Ses yeux dorés resplendissaient dans l’obscurité. Elle tenait quelque chose de long dans ses mains. Une chose gigotait derrière elle.
« - Qui es-tu ? dit Colette.
- … L’assassin du Général Seiru…
   - L’a-assassin ?!
-… »
Le meurtrier du Général fit un bond en arrière et tenta de s’échapper. Le sang d’Emi ne fit qu’un tour et se lança à sa poursuite sur les toits de la ville. Le tueur s’élança agilement sur les tuiles des maisons, suivi de près par la jeune épéiste. L’assassin s’arrêta au dessus des portes de la ville, sur le rebord en pierre solide, Emi en face sur un toit. Les nuages, qui masquaient la lune, se dissipèrent, laissant à la jeune demoiselle la possibilité de connaître l’identité du meurtrier du Général Seiru. Au moment propice, elle distingua le visage de l’agresseur : en fait, ce n’était pas un agresseur, mais une agresseuse très étrange. Elle était très jeune, elle ne devait pas avoir plus de quatorze ans, elle portait une robe mauve foncé légèrement bouffante, ses yeux dorés flamboyaient dans la nuit, ses cheveux mi-longs également mauve foncé étaient lisses, mais ce qui avait d’étranges chez elle, c’est qu’elle avait de petites oreilles, les pupilles et une queue de chat.
« - Mais ?!... Qui es-tu ?
- … Seiru… Harumi Seiru…
   - Seiru ? Mais alors… Tu as tué ton père !
- … Il l’a mérité… Sa mort… Et toi aussi… Pour me barrer ainsi la route ! »
Sur ces mots, la jeune Harumi s’élança sur Emi, la pointe ensanglantée de sa lance droit vers le cœur. Emi esquiva de justesse l’attaque et manqua de tomber du toit. Elle dégaina rapidement son épée et tenta un coup horizontal à deux mains. Cependant Harumi fit un pas gracieux sur le côté et contre-attaqua en pointant les cotes. Emi fit une rotation et enchaîna avec un coup vertical, qu’Harumi bloqua avec sa lance. La fillette fixa la jeune épéiste dans les yeux pendant quelques instants avant de repousser son arme et de lui donner un coup de pied dans le ventre. Emi fit tomber quelques tuiles par terre avant de se baisser pour éviter le coup rapide de la jeune féline. Elle la fit tomber en arrière grâce à un croche-pied, ce qui lui permit de récupérer son épée à temps et de parer une autre attaque d’Harumi. Emi, alors sur le dos, fit basculer avec ses pieds son assaillante, qui tomba dans un arbre. Quelques secondes interminables et silencieuses passèrent avant que la fillette ne revienne à la charge. Le combat entre les deux jeunes filles relevait de l’équilibre, de la rapidité et de la précision. Un seul faux pas et chacune des deux combattantes risquaient de se faire blesser mortellement. A l’issue d’un énième blocage, une voix retentissa en bas de la maison sur laquelle elles se battaient en duel :
« - Eh ! Viens te battre contre quelqu’un de ta… euh… de ton poil, chat meurtrier ! »
Zélos se tenait près au combat, suivi de Colette et de Lloyd, épées et chakrams sortis. Harumi jeta un furtif coup d’œil vers eux, et évita de peu un chakrams que Colette avait lancé en sa direction. Elle exécuta une roulade latérale avant de s’échapper vers le bord opposé de la maison. Elle regarda Emi droit dans les yeux.
« - …Tu es ma prochaine cible… Fille de l’autre monde… »
 

   Elle tourna les talons et sauta derrière les grandes portes de la ville. La nuit empêchait de la voir plus loin.

 

 




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