Un long chapitre : le n° 5 !!!
CHAPITRE 5 : Expériences interdites et prodige médical.
Harumi était partie, laissant Emi seule sur le toit d’une maison proche des grandes portes de Meltokio. La jeune demoiselle, exténuée, se laissa tomber au sol. Elle poussa un long soupir d’épuisement avant que Lloyd n’arrive sur le toit, ses ailes d’ange déployées. « Non, ça va. Je suis juste un peu fatiguée » le rassura-t-elle. L’épéiste confirmé la prit par les poignets et la fit descendre du toit, dont une bonne vingtaine de tuiles manquaient. Cependant, toutes les pensées se tournaient vers la jeune Harumi Seiru, la fille du Général Keisuke Seiru : pourquoi avait-elle assassinée son père ? Pourquoi son physique s’assimile à celui d’un chat ? Est-elle à la solde de quelqu’un ? Les quatre protagonistes restèrent silencieux et rentrèrent se reposer chez Zélos. Ils entrèrent en silence pour ne pas réveiller le majordome et montèrent les escaliers. La répartition des lits était la même que la nuit précédente, à une chose près : l’ex-Elu a eu le droit à une couverture plus grande et son oreiller ! Pendant toute la nuit, Emi garda les yeux ouverts, le regard fixé au plafond, se posant encore des questions. Elle ne trouva le sommeil que des heures après. Dehors, la lune était pleine : elle seule savait réellement ce qui venait de se dérouler. Le lendemain matin, Lloyd et Colette discutaient à voix basse autour d’une tasse de chocolat chaud, sans doute le sujet de leur discussion était le drame de la veille ; Zélos affichait une fois de plus une mauvaise nuit de sommeil (des cernes épouvantables lui tombaient sous ses yeux !) ; le majordome dépoussiérait les nombreux tableaux avec un plumeau gris. A son réveil, Emi les salua poliment avant de bailler silencieusement. Elle s’assit lourdement sur une chaise entre Lloyd et Colette, le regard vide. Le majordome lui servit une tasse de chocolat chaud, comme aux autres.
« - Bonjour Emi ! Tu as bien dormi ? s’enthousiasma Colette.
-… Pfffffff…
- On dirai que tu n’as pas bien dormi cette nuit.
- Mgngmnhng… Chats…
- Hein ?!
- Mgnhnmghngmnrg… Chats…
- Quoi ?!
- J’ai pas dormi à cause des chats…
- T’es pas la seule » s’incrusta Zélos, d’un ton endormi.
Il prit sa tasse de chocolat et se plaça en face d’Emi. Tous les deux avaient la même expression dans le visage : le regard vide et fatigué par les multiples miaulements des chats de gouttières. Les deux restèrent face à face en silence, comme deux zombies, pendant que Lloyd et Colette les observaient, étonnés. Pendant une bonne demie heure, tout le monde se réveilla vraiment, se frotta les yeux, bailla, burent leur tasse de chocolat chaud et s’habillèrent car ils étaient tous en pyjama. La salle de bain fut disputée pendant plus d’un quart d’heure après le passage du jeune épéiste car Emi voulais la salle de bain avant Zélos, et que ce dernier la voulais avant la jeune demoiselle… Devant l’entrée, Lloyd remontait ses ceintures, Zélos se recoiffait dans le miroir, et Colette tapait ses bottines blanches sur le sol ; Emi descendit des escaliers et mit sa cape violeté sur ses épaules, signe que tout était prêt avant la dernière virée vers la bibliothèque royale. Dans la rue, les passants riaient, bavardaient gaiement, plaisantaient avec d’autres gens : peut-être ne savaient-ils pas qu’un meurtre a été commis cette nuit… Les quatre protagonistes marchèrent tranquillement, sans dire un seul mot, lorsque le passage fut bloqué à l’entrée du palais royal. Un attroupement de riverains était placé devant l’immense bâtiment, tous habillés de noir. Les trois amis ailés prirent de l’altitude afin de découvrir la raison de ce regroupement en masse. Emi, n’ayant pas de grandes ailes dans son dos, tenta de se faufiler à travers la population an vain. Elle réussi cependant, après de nombreuses tentatives, à arriver au premier rang : un cercueil de bois foncé était installé sur piédestal en pierre, laissant voir, de là où elle était, le visage pâle et froid du Général Seiru, mort la veille tué par sa fille.
L’atterrissage de trois personnes ailées ne passa pas inaperçu pendant l’enterrement. Lloyd, Colette et Zélos rejoignirent Emi, restée figée à la vue du corps du Général dans le cercueil. Le soir, elle n’avait pu voir ne corps complet du chef de l’armée de Sylvaha’lla à cause de la nuit, malgré les rayons aléatoires de l’astre lunaire. Le rouquin posa sa main sur son épaule, en guise de réconfort. Elle esquissa un regard en sa direction, pour les reposer vers le cadavre. Elle avait l’impression que le froid qui émanait du corps inerte la refroidissait. Elle frissonna. Elle croisa ses bras, chacune de ses mains serrant l’autre bras. La jeune fille regardait la disposition des soldats venus en marque de respect : Le Roi et la princesse Hilda était en tête du cortège, suivi des adhérents de l’armée les plus gradés (commandants et capitaines). Emi baissa les yeux une fois de plus pour s’empêcher de pleurer, puis les dirigea vers Andrew, également présent. Il portait de nombreux hématomes sur le visage et son bras était en écharpe. Les soldats qui l’ont inculpés ont sûrement dû se défouler sur lui avant qu’ils ne comprennent qu’il était innocent. Lui aussi avait baissé les yeux pour éviter de montrer sa peine envers son supérieur. Il s’approcha cependant du cercueil et jeta un coup d’œil, juste une seconde lui a suffit pour repartir en sens inverse, essuyant de son bras valide les quelques larmes qui lui coulaient le long de sa joue. Sa cape pourpre volait derrière lui comme un drapeau. Soudain, la jeune épéiste perçu derrière le flottement, une silhouette sombre, LA silhouette sombre d’hier. L’ombre portait une grande cape noire, cachant son buste, et son visage était encapuchonné. Les sens d’Emi se paralysèrent, comme à la première fois : sa respiration se fit plus rapide ; son ouïe ne perçu que ses souffles saccadés ; le temps s’écoulait très lentement… L’ombre levait doucement son visage vers la jeune fille ; elle senti son sang se glacer dans ses veines. Le bas du visage de l’inconnu était proprement visible, laissant apparaître une peau très claire et un menton très finement dessiné; les battements du cœur d’Emi se firent moins réguliers. La silhouette lui adressa un sourire sournois ; Emi perdit connaissance, le visage sur le pavé…
A son réveil, Lloyd, Zélos et Colette étaient à son chevet, dans une des chambres du manoir du rouquin. Elle se frotta délicatement la tête et se redressa sur son lit.
« - Il ne faut pas faire des malaises comme ça, ma belle. Tu nous as tous inquiété…
- Je suis désolée mais… Je… Une sensation bizarre m’a parcourue le corps et… Je n’étais plus moi-même. »
Colette s’asseya près d’elle et lui murmura à l’oreille : « Tu as revu la « silhouette » ? ». La jeune bretteuse hocha de la tête en guise de réponse, puis rajouta, lorsque les deux hommes sortirent de la pièce :
« - J’ai failli voir le visage de l’ombre mais…
- Mais ?
- J’ai eu l’impression d’être impuissante face à elle… L’impression d’être faible, tellement faible… »
Un silence s’installa. Emi avait dit ces derniers mots d’une voix plus aiguë qu’à son habitude, aux bords des larmes. Dans doute ne s’était-elle jamais sentie faible, incomparable face aux autres de son monde ? Colette, ne sachant quoi dire pour lui remonter le moral, ne trouva comme solution que de l’aider à prendre des médicaments contre les vertiges et la nausée, pour plus de précaution. Après une petite poignée de minutes, toutes les deux sortirent également de la chambre et retournèrent à leur but du jour. Quelques minutes plus tard, elles retrouvèrent Lloyd et Zélos dans la grande bibliothèque. Les deux étaient déjà en train de feuilleter le reste de livres qu’ils n’avaient pas réussis à vérifier auparavant. Le duo de demoiselles se mit, dès leur arrivée, au boulot également. Au bout de quatre heures de recherches intensives, le petit groupe se décida à quitter les lieux, ce qu’il cherchait restant introuvable.
« - Je n’en reviens pas : on a passé plus de dix heures à étudier, regarder, noter, feuilleter des livres plus incompréhensibles les uns que les autres pour rien ! s’exclama Lloyd sur le pas de la porte.
- Que veux-tu ? On ne peut pas tout avoir par un simple claquement de doigts » lui répondit Zélos.
Un air déçu s’afficha sur les quatre visages, quand Colette tapa soudainement dans ses mains : « Et la bibliothèque de Sybak ? Elle est très grande également, peut être qu’on y trouvera quelque chose ? ». Ainsi, leurs visages se mirent à sourire…
Ce fut en plein milieu d’après-midi que le petit groupe arriva dans la ville de Sybak. La populace gesticulait dans tous les sens : certains portaient de grandes piles de livres, ne sachant pratiquement pas où ils mettaient les pieds, d’autres tentaient de sauver leurs notes et autres résultats de leurs recherches d’un petit incendie qui s’élevait dans le centre de recherche. Il rapidement maîtrisé lorsque les jeunes guerriers allèrent proposer leur aide. Un groupe de jeunes étudiants étaient restés à l’écart, serrant leurs effets personnels contre eux. Dans un coin de rue près de l’accident, les quelques chercheurs qui avaient été blessés se faisaient soigner par une femme aux cheveux cours habillée de beige.
« - Eh beh, c’est la joie on dirai par ici ! ironisa Zélos.
- C’est pas le moment de faire de l’humour noir, Monsieur le pervers » dit Emi en le pinçant au bras.
Pendant que Lloyd tentait de séparer les deux gamins, un homme portant de petites lunettes rondes s’adressa à Colette :
« - Désolé de vous accueillir dans cette atmosphère mais nous avons eu quelques problèmes depuis hier soir : plusieurs de nos laboratoires de recherches ont été saccagés, mettant nos expériences les plus délicates en péril ! Heureusement pour nous, deux voyageurs médecins ont soignés le peu de savants blessés. D’ailleurs, l’un d’eux est au chevet de ces derniers là-bas. »
Le scientifique leur montra la femme en beige. Le visage de Colette rayonna et elle allait appeler la guérisseuse quand elle fut bousculée en avant par Emi et Zélos, encore en train de se battre. Ils avaient mis Lloyd K.O pendant que la jeune ange s’informait des agitations de la ville. Ce fut un jeune homme qui aida Colette à se relever : il était blond et portait de petites lunettes rectangulaires, qu’il remonta sur son nez ; ses yeux étaient d’un bleu très clair, qui contrastait avec sa peau légèrement brunâtre. Ses vêtements étaient légèrement similaires à ceux des autres étudiants, à l’exception près que les rebords de sa tunique étaient verte émeraude au lieu de bleu marine. Il était bien plus grand que la jeune maladroite.
« - Vous allez bien, mademoiselle ?
- Oui, ça peut aller. Merci.
- Vous connaissez ces deux personnes derrière vous ? »
Le jeune homme pointa du doigt l’ex-Elu et la jeune bretteuse : elle était en train de lui plaquer le visage sur le sol, assise sur son dos, tandis que lui essayait de choper les cheveux long de la demoiselle et de les lui tirer pour la faire dégager de ses omoplates. Colette regarda une fraction de seconde le duo et répondit qu’elle ne les connaissait pas, que c’était de parfaits inconnus. Soudain, une voix féminine cria « Photon ! », ce qui eut pour effet de séparer les deux, entourés de passants et d’étudiants curieux. Tandis que Zélos et Emi peinaient à retrouver leurs esprits, et que Lloyd se plaçait aux côtés de Colette, la femme s’était approchée d’eux.
« - Non mais vous n’avez pas honte ! Se battre en pleine rue ! Vous méritez bien une fessée ! Et même si tu n’as plus l’âge d’en recevoir, Zélos, crois-moi que cela te calmera bien ! Tu n’as vraiment pas changé depuis deux ans !
- Bon-bonjour Raine, dit à voix basse Lloyd caché derrière Colette, qui, lui, gardait un très bon souvenir des punitions que le professeur leur infligeait à lui et à Génis.
- Oh ! Lloyd ! Quel plaisir de te revoir ! Comment te portes-tu ? Et toi Colette ?
- On va bien, professeur, merci. Et vous ?
- Oh, ça peut aller mieux. J’ai pris récemment un apprenti en médecine, et il est plutôt doué. Mais je ne me fait pas d’illu… Dimitri, viens par ici ! »
Le jeune homme qui avait aidé Colette à se relever arriva en quatrième vitesse à côté de Lloyd. Essoufflé, il remonta ses lunettes sur son nez et se redressa, comme à l’armée (voire pire !).
« - Oui professeur ? Vous m’avez appelé ?
- Oui, Dimitri. Mes amis, je vous présente mon apprenti depuis dix mois maintenant : Dimitri Bradford.
- Ravi de faire votre connaissance. »
Pendant que les présentations se faisaient entre l’apprenti de Raine et ses amis, Emi et Zélos émergeaient enfin du puissant Photon que le professeur leur avait lancé. Se frottant la tête, la jeune bretteuse se releva avec difficulté, tandis que l’incorrigible dragueur lassait couler un filet de bave le long de sa joue droite, encore dans les vaps. De sa vision légèrement trouble, elle distinguait Colette et Lloyd de dos, Raine et Dimitri en face d’eux. Elle retomba alors sur ses fesses lourdement. « Ce voyage va-t-il être tout le temps comme ça ? »
Après une plus grande discussion avec Raine et son disciple, le professeur les accompagna et les aida à rechercher un moyen pour faire revenir Emi à Tokyo. La bibliothèque de Sybak était encore plus grande que celle du palais de Meltokio : le plafond, un tantinet plus bas, laissait apparaître ses poutres en merisier travaillées ; les bibliothèques, également en merisier, touchaient presque les poutres et s’étalaient sur deux murs entiers, séparées entre elles d’à peine un mètre ; le sol était en pierre très froid et gris clair ; les bureaux de travail étaient tous en bois, disposés dans le centre de la pièce, ainsi qu’un bureau d’accueil à l’entrée de la bibliothèque ; des petites marches permettaient d’accéder aux tables de merisier vieillis ; les murs sombres étaient en parti recouverts de tapisseries et de grades fenêtres transparentes qui illuminaient la pièce. Aujourd’hui, il n’y avait pas énormément de monde, juste la bibliothécaire qui tamponnait des feuilles et quelques étudiants qui faisaient tellement fonctionner leurs méninges qu’on aurai juré voir de la fumée leur sortir des oreilles. Le professeur Raine, en tête, se retourna vers ses compagnons :
« - La bibliothèque ferme à 20h, alors nous avons 7 heures pour essayer de trouver quelque chose. On gardera tous les livres dans lesquels il y aura quelque chose d’intéressant ou se rapprochant de se que l’on cherche. Je verrai ensuite si je peux modifier sans risque la formule ou la potion (si c’est le cas). Nous ferons une petite pause vers 17 heures pour manger un peu. Il y a des objections ?
- Et si on mangeait av… Aïe !
- Garde tes remarques pour toi, Zélos, interrompit Raine en lui balançant un livre volumineux sur l’ex-Elu.
- En flein dans le file » répondit-il, le livre incrusté dans son visage.
Colette aida le rouquin à retirer l’ouvrage tandis que les autres commençaient à arpenter les rayons poussiéreux en quête de réponses. Peu à peu, le peu de monde qui travaillaient dans la bibliothèque sortirent, l’heure du cadran tournant à une allure folle. Il était déjà plus de 17 heures 30 lorsqu’ils sortirent tous prendre un petit quelque chose à manger. Tous durent prendre un bol de ramen car le prix des autres plats disponibles était exorbitant. Ils se remirent donc à reprendre un livre, le re-feuilleter, le refermer, le redéposer et en reprendre un autre. Ils exécutèrent ses actions plus d’une centaine de fois. Des piles monstres de livres s’étalaient sur au moins deux mètres. Emi s’était même fait un fauteuil de livres ! Dimitri, lui, dominait tout le monde en haut une pile de livres qui bougeaient dangereusement, mais il ne s’en inquiétait pas le moindre du monde ; Colette, Lloyd et Raine lisaient attentivement assis sur des chaises ; quand à Zélos, il s’était astucieusement allongé sur la table de travail et avait ouvert un livre sur son visage, pour cacher son sommeil. Cependant, il ronflait tellement fort que, non seulement les murs auraient pu s’écrouler, mais Raine le réveilla en fourrant une grosse boulette de papier journal dans sa bouche. Le rouquin se leva en sursaut sur le bureau et recracha la boulette de papier, qu’il jeta sur le sol. Le soir était arrivé très vite, et l’heure de la fermeture également. Le groupe se dirigea donc vers l’auberge où Zélos et Emi avaient déjà séjourné deux jours auparavant. Comme très peu de monde séjournait en ce moment en ville, tout le monde eut une chambre individuelle, pour le plaisir de tous (car ils savaient les dégâts des ronflements de l’ex-Elu après la scène de la boulette de papier). Ils prirent un repas très consistant et délicieux : en somme, un bon plat peu coûteux de Tonkatsu (porc pané frit accompagné d’une sauce épaisse, de chou chinois émincé et de moutarde). Raine, Lloyd, Colette et Zélos discutèrent ensuite (très bruyamment) de ces deux dernières années, dont ils n’ont pas pu profiter ensemble en partie : Raine expliqua qu’elle était devenue un médecin très réputé en Sylvaha’lla mais qu’elle voyageait incognito pour privilégier les personnes qui en ont besoin plutôt que les bourgeois qui ne la demande que pour un simple rhume ou une coupure. Elle les informa que Génis, lui, avait décidé de rechercher ses origines plus profondément à Heimdall, et en profitait pour apprendre d’autres sorts. Récemment, il lui a fait parvenir une lettre dans laquelle il lui disait qu’il se retirait dans les Gorges de Lathéon afin de peaufiner certaines des recherches de sa sœur.
« - Eh beh, bientôt il aura la tête plus grosse que ses petits bras de magicien, le morveux ! » s’exclama Zélos, suivi d’une assiette de Tonkatsu dans le visage lancée par Raine.
Pendant que les amis se retrouvaient, Dimitri étudiait un livre très volumineux sur « Les différents remèdes des maladies magiques rares », et Emi était montée se coucher. Vers 22 heures, une explosion retenti au dehors, faisant trembler les tables et renverser les tableaux accrochés aux murs. Le jeune apprenti leva sa tête de l’ouvrage et se dirigea vers la petite fenêtre de l’auberge, rejoint par le petit comité des Héros de la Réunification, et d’Emi, réveillée par l’intonation : le centre de recherche, situé à quelques mètres, prenait feu. Emi enfila rapidement ses vêtements, jetant son pyjama sur son lit, et attrapant au passage son épée. Les autres ne l’avaient pas attendus : ils courraient déjà tous vers les laboratoires…
Le sinistre avait l’air de s’être déclaré à l’intérieur du bâtiment, dans la partie est. Les Héros de la Réunification et Dimitri entrèrent avec difficulté dans la bâtisse : une foule de chercheurs courraient se réfugier à l’extérieur. Cependant, l’un d’eux, dans la foulée, retint Colette par le bras :
« - Il en reste encore dans les laboratoires au sous-sol ! Aidez-les, je vous en prie !
- Sont-ils beaucoup ?
- Je ne sais pas : certaines portes étaient bloquées par des poutres qui se sont décrochées. Je pouvais à peine entendre leurs voix.
- Ne vous en faîtes pas, on va les sauver. »
Il rejoignit les autres savants saufs, pendant que Colette informait les autres. Au même moment, Emi arriva en trombe.
« - Nous devons les sauver ! Par tous les moyens ! s’exclama l’ange.
- Alors nous devons nous séparer en deux groupes : moi, Zélos et Lloyd nous nous occuperons de l’incendie, tandis qu’Emi, Colette et Dimitri vous vous occuperez de faire sortir les derniers chercheurs des labos.
- O.K » répondirent-ils tous en chœur.
Le petit groupe composé de Raine, Zélos et Lloyd se dirigèrent vers le foyer brûlant. Lloyd se servait de l’attaque crocs démoniaques pour balayer les flammes du couloir. Ils peinaient à se frayer un chemin car les fondations s’ébranlaient au fur et à mesure qu’ils s’approchaient de l’origine du sinistre. Les flammes léchaient les murs, toujours de plus en plus haut. Le plafond n’était plus visible : une épaisse fumée noire le recouvrait entièrement, faisant disparaître la peinture blanche d’origine. Pendant qu’ils s’éloignaient dans la fumée noire, le deuxième groupe partait en sens inverse, vers les sous-sols, où une partie du plafond s’était écroulé, bloquant l’accès vers la sortie. Ils dégagèrent deux grosses poutres à eux trois, et les posèrent sur le côté. Cette partie du bâtiment était moins touchée par les flammes, mais le feu rongeait le plafond de style rustique. De ce fait, la plupart des dégâts étaient causés par les poutres branlantes et les pierres instables qui s’écroulaient sur le chemin. En descendant l’escalier, des cris parvinrent aux oreilles du petit groupe, qui les suppliaient de les secourir. Cependant la porte était complètement bloquée par un enchevêtrement de bois et de roches, ne laissant apparaître qu’une partie du visage une scientifique aux cheveux mauves.
« - C’est complètement bloqué ! Impossible de dégager ces énormes poutres, dit Colette en tentant de dégager une des grosses planches.
-Il faut essayer de retirer les plus petits décombres avant, puis d’unir nos forces pour enlever les poutres, proposa Emi.
- Moui, ce serai judicieux mais les poutres retiennent le contour de la porte : si nous les retirons, la porte s’effondrera et les personnes à l’intérieur resteront prisonnières. Le mieux serai de dégager le maximum de résidu devant les poutres, puis de sectionner ces dernières en leur milieu. Pendant que l’un d’entre nous aidera les blessés éventuels et les autres à s’enfuir, les deux autres retiendront les poutres car elles ne tiendront pas toutes seules.
- Je suis partante.
- Moi aussi !
- Alors qui va retenir les poutres ?
- Je le fait, se dévoua Emi.
- O.K, alors mademoiselle Colette, c’est vous qui les aiderez à sortir d’ici, pendant que moi et mademoiselle Emi vous frayerez un passage. »
Les deux filles acquiescèrent par un signe de tête résigné. C’est alors que, après avoir enlevé le maximum de gravas devant les grosses planches de bois, Dimitri, Colette et Emi sortirent leurs armes, les deux apprentis plus en avant que l’ange afin de retenir le plus rapidement possible les poutres. Une fumée noire et épaisse commençait à descendre dans le couloir. Ils tranchèrent alors les monticules de bois (Emi avec son épée d’argent, Colette avec ses chakrams et Dimitri à l’aide d’une potion qui gela la partie à trancher). Dimitri et Emi se postèrent alors dos contre les restes de poutres qui soutenaient les contours de la porte, pouvant s’écrouler à tout moment. Colette rentra alors dans la pièce sombre et extirpa les survivants.
Plus d’une dizaine de chercheurs sortirent des décombres du laboratoire, et Colette continuait de les aider à s’enfuir du bâtiment. Pendant ce temps, Emi peinait à soutenir les poutres binquebranlantes du côté droit. En face d’elle Dimitri la fixait avec résignation : il transpirait à grosses gouttes. Effectivement, le feu commençait à arriver vers eux, limitant leurs chances de fuite au fur et à mesure qu’ils y mettaient du temps. Lorsque l’ange aux yeux océan leur dit qu’il n’y avait plus personne, ils relâchèrent les poutres qui pesaient sur leur dos et coururent vers l’escalier. Une scientifique était blessée, celle avec les cheveux mauves. Colette l’aida à marcher rapidement, Dimitri ouvrant la marche, Emi la fermant. La jeune bretteuse eût l’impression d’avoir déjà croisé la jeune chercheuse.
« - Excusez-moi, je sais que le moment est très mal choisi mais, êtes-vous déjà allée à Meltokio ? s’adressa-t-elle à la blessée.
- Bien sûr, quel scientifique de Sybak n’a pas déjà été à Meltokio pour faire aboutir ses recherches ?
- Désolée alors de vous avoir interrompue… »
Cependant, la jeune demoiselle avait la ferme impression de l’avoir déjà vue à Meltokio, mais pas en tant que chercheuse. Arrivés dans le hall d’entrée du bâtiment, le petit groupe recroisèrent Raine, Zélos et Lloyd, les joues et une partie de leurs vêtements noircis par la fumée toxique du feu. Tous coururent alors vers la sortie. Pourtant, la jeune blessée tomba au sol, relevée par Emi et Colette, qui étaient en fin de file. La chercheuse aux cheveux mauves se releva alors, mais refusa de bouger. Emi la pressa de partir d’ici, mais failli se faire planter par une lance que la fillette avait astucieusement cachée sous sa tunique. D’énormes poutres tombèrent alors sur l’entrée, bloquant la jeune demoiselle avec l’assassin, qui n’était autre qu’Harumi Seiru.
« -Emi ! Emi ! cria Colette, de l’autre côté du barrage, Est-ce que tu vas bien ?
- Ouai, ça va, lui répondit-elle.
- Tu es tombé pile dans mon piège, Emi Ayate. Je t’ai promis de te tuer, coûte que coûte. Alors prépare-toi, l’heure est venue de voir ton sang couler de tes plaies infligées par mes soins ! »
La jeune Harumi fonça droit sur la bretteuse, qui esquiva son offensive et dégaina son arme pour parer son coup suivant. La dentelle de la robe bouffante de la jeune agresseuse volait derrière elle, vu la rapidité de ses mouvements. Emi ne voulait pas lui faire de mal, et se contentait de parer et d’esquiver ses attaques. Elle entendait ses compagnons qui dégageaient tant bien que mal l’entremêlage de poutres, de briques et de barres de fer qui bloquaient le passage, mais aussi le crépitement du feu que Raine, Lloyd et Zélos n’avaient pas réussis à éteindre. La jeune Harumi enchaîna ses offensives, alternant entre les coups latéraux, verticaux et horizontaux : elle savait parfaitement maîtriser sa lance. A un moment où Emi para avec son épée, dont la lumière que projetait le feu était réfléchie sur les murs, Harumi lui donna un coup de pied bien placé dans le ventre, la faisant s’effondrer sur le sol poisseux et noircis. Le souffle coupé, la jeune demoiselle se retrouva à la merci de son assaillante. Allongée sur le dos, Emi percevait distinctement à la fois une lueur de tristesse, d’incompréhension et de folie meurtrière dans les yeux de la jeune hybride.
« - Pour…Pourquoi tu veux tuer… ?
- Tsss… Tu n’as pas besoin de le savoir, sale parasite.
- Parasite ? Non mais pour qui tu te prends ? répliqua Emi avant de tousser.
- Pour qui je me prends ? … Pour une défendrice du bien… Et j’éradique le mal ! »
Harumi pointa sa lance sur la gorge de la jeune japonaise et s’apprêta à porter le coup de grâce… Lorsque Zélos la plaqua au sol et la désarma. Pendant tout le temps du combat, Raine, Colette, Lloyd, Zélos et Dimitri avaient dégagés l’entrée du bâtiment et l’ex-Elu était parvenu à se frayer un chemin pour arriver juste à temps. Emi, la respiration plus régulière, se releva, la main droite sur sa gorge : elle n’avait rien, mis à part une petite égratignure à l’épaule. Zélos maintenait la jeune tueuse solidement au sol, malgré ses gesticulations vaines. La main gauche sur sa blessure benine, Emi s’approcha vers Harumi :
« - Harumi, tu travailles pour quelqu’un ?
-…
- Tu travailles pour quelqu’un ?!
- Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha !... Pauvre petite fille, tes heures sont comptées. »
Harumi fit voltiger Zélos en arrière à l’aide d’un coup de pied, poussa Emi, encore un peu faible, récupéra sa lance et s’enfuit par les toits, esquivant les Héros de la Régénération à l’extérieur.
La jeune bretteuse aida Zélos à se relever.
« - Eh ben dis donc ! Elle a une sacrée force dans ses jambettes, la demoiselle.
-Si tu le dis… Urgh ! »
Emi cracha un filet de sang de sa bouche sur la tenue du rouquin. Elle porta deux doigts à ses lèvres, qui se tintèrent de rouge. Elle ressentit soudainement comme une pression au cœur et tombit sur ses genoux. Zélos la prit par les épaules et la regarda dans les yeux : ses lèvres bougeaient, mais aucun son ne parvenait à ses oreilles. Elle senti alors une autre pression, et tomba dans ses bras, les yeux fermés…