J'aime bien ce chapitre, mais ce n'est pas mon préféré ^^" c'est juste parce qu'il y a... oups, vous allez le lire ^^

 

 

Chapitre 7 : Fuite
 
 
   Tous regardèrent Harumi, l’air suspicieux. Un long silence s’installa, sans compter le réveil quelque peu brutal de la jeune Emi. La jeune demoiselle ouvrait péniblement les yeux lorsque toutes les personnes présentes dans la pièce lui tournaient le dos. Elle se dressa sur son lit de draps blancs et se frotta les yeux. Elle bailla un moment et se tourna vers ses compagnons, puis éternua pour signaler sa présence. Ils se retournèrent vers elle, sauf Dimitri et Zélos qui avaient empoignés la jeune Harumi. Raine, déjà à ses côtés, auscultait la jeune survivante, tandis que Lloyd et surtout Colette lui demandait comment elle allait. Emi ne disait mot, et n’avait adressé qu’un sourire en guise de réponse, un sourire en final assez triste. Elle tourna la tête vers Harumi, vers sa jeune assassin qui avait raté sa « cible ». Elle la regarda droit dans les yeux, et l’autre n’en détourna pas moins les siens. La bretteuse souleva la couverture blanche, posa ses deux pieds à terre et se dirigea vers elle. Personne n’osait intervenir pour l’instant car tous savaient qu’Emi avait une idée derrière la tête. Ils la regardèrent donc marcher d’un pas serein d’un bout à l’autre de la petite pièce. Quand elle se fut trouvé à quelques centimètres de la petite hybride, les yeux de cette dernière se remplirent de larmes et prit les mains d’Emi qu’elle positionna sur son cou. Elle baissa la tête : «  Je ne mérite pas de vivre, ni même de recevoir ton pardon. Le seul honneur que je pourrai obtenir de ta part serai que tu me tues de tes propres mains à l’instant même. Puisses-tu, Déesse Mana, m’accorder une place dans ton vaste ciel, si illuminé lorsque apparaît l’astre de la nuit… ». Des larmes tombaient sur le plancher, créant de petites auréoles sombres sur le sol. Les mains d’Emi soulevèrent le visage de la jeune Harumi, puis la serrèrent...dans ses bras. Emi serra contre elle le petit corps frêle de la fillette. Les yeux humides, la jeune fille la regarda.
« -...Pourquoi...Pourquoi tu ne veux pas me tuer ?
- ...Il faut...Il faut toujours donner une seconde chance...A ceux qui en ont besoin. Un jour, quelqu’un de bien m’a dit que chaque personne a le droit à de l’aide, à une seconde chance. Libre ensuite à elle de la gâcher ou pas, mais elle devra, le moment venu, payer les conséquences de ses actes, quoi qu’elle ai faite...
   - Mmm... Merci ! »
La petite Harumi se blotti contre la demoiselle, et pleura.
Après quelques minutes, la jeune fille accepta, sans objection, de se faire emmener à la prison de Meltokio pour le crime de son père. Lloyd et Zélos la questionnèrent pendant plus d’une demie heure pour lui soutirer quelques informations supplémentaires sur la mystérieuse magicienne Larissa et son « complot ». Harumi ne cessait de leur répéter exactement les mêmes mots que la toute première fois. « Car, disait-elle, c’est tout ce que j’ai pu entendre, même avec une ouïe plus développée que la normale ». Le crépuscule arriva, puis la nuit tomba. Les étoiles dans le ciel brillaient plus que jamais. Harumi, laissée seule dans la chambre, avec Emi qui dormait, observait le plafond infini couleur encre. Appuyée sur le rebord de la fenêtre, elle se demandait si elle avait bien fait de commettre ce meurtre, si elle avait bien fait de vouloir tuer la personne qui lui a donné une seconde chance, la personne qui ne l’a pas tuée alors qu’elle en avait l’occasion. Elle sentit alors la fatigue venir, et prit une couverture que Colette avait laissée sur le bureau, s’assit sur une chaise et s’enveloppa dans le drap doux. Raine arriva dans la pièce silencieusement et posa un plateau, dans lequel se trouvaient du pain, un steak avec de la purée, une crème au chocolat et de l’eau. La jeune fille, faisant semblant de dormir, attendit que la guérisseuse sorte de la pièce pour se ruer sur le plateau. La pauvre n’avait rien mangé depuis quelques jours maintenant. Après s’être rassasiée en ayant croqué dans tous les aliments, elle apporta le plateau devant la porte à l’extérieur, quand elle sentit une main se poser sur sa tête. Elle se retourna et vu qu’Emi s’était levée et qu’elle lui caressait gentiment le sommet du crâne. « Tu sais, si j’aurai voulu avoir une petite sœur, je pense que tu lui ressemblerai, lui dit-elle, laissant les joues d’Harumi rougir, mais ce n’est pas le cas : dans ma famille, c’est moi la plus jeune et c’est moi qui en bave le plus. Mais mon frère est là quand j’ai besoin d’aide : alors si tu as besoin d’aide, un jour, tu peux compter sur moi. ». La jeune Harumi baissa la tête, toujours pourpre.
 
   Après une longue nuit de sommeil, Lloyd, Colette, Dimitri, Zélos et Raine prirent un bon petit déjeuner, tandis qu’Harumi dormait encore profondément. Emi avait placé sa « petite sœur » dans son lit après s’être réveillée peu après l’aube. Ayant passé presque deux jours à dormir, elle avait décidé de dégourdir ses membres par un petit entraînement non pas à l’épée, mais en gymnastique. En effet, elle aurai normalement dû avoir une compétition nationale de gymnastique il y a deux jours. Cela faisait un peu plus d’une semaine qu’elle se trouvait à Sylvaha’lla, la police du comté doit la rechercher activement, là-bas, à Tokyo. Sa famille lui manquait énormément : elle pensa à son grand frère, Toshiriko, que tout le monde surnommait Tori, qui l’aurai plaquée au sol comme punition de l’avoir rendu triste ; elle pensa à sa sœur, Yuichi, qui allait encore lui rabacher de vouloir fuir ses responsabilités ; elle pensa à son père, Soichiro, qui allait sûrement la disputer et lui donner une tape sur l’épaule ; et enfin, elle pensa à sa mère, Jun, morte il y a 11 ans, presque 12, lorsque la jeune Emi n’avait que 6 ans. Elle se demandait ce qu’aurai fait sa mère dans cette situation, et se dit qu’elle lui aurai dit de ne jamais abandonner les personnes qu’elle aime... Même si c’est ce que Jun Ayate a pourtant fait... Perdue dans ses pensées lors de son enchaînement au sol, ce fut Zélos qui l’appela  pour le repas du matin. Deux tranches de brioches grillées avec de la confiture, un verre de jus d’orange et un bon chocolat chaud l’attendaient sur la table. Tout le monde était plus ou moins fatigué car les événements s’étaient enchaînés rapidement. Seul Zélos avait l’air d’être en pleine forme, on ne sait par quel moyen. En buvant son café, il regardait Colette aller réveiller la meurtrière repentie. La belle ange secoua légèrement la petite hybride aux cheveux pourpres pour la tirer de son profond sommeil. Ainsi réveillée, Harumi prit également son petit déjeuner avant de partir de la ville de Sybak en direction de Meltokio. Au dehors, une belle journée s’annonçait : il y avait peu de vent et les nuages était loin vers l’horizon. Cependant, un problème se posa : il n’y a que deux ptéroplans de deux places, donc trois personnes devraient emprunter le pont qui reliait la grande cité de Meltokio avec le reste du continent.
« - Il faut emmener Harumi à Meltokio avec une certaine escorte, donc le mieux est que Zélos, Emi et moi-même prenons les ptéroplans, tandis que Raine, Colette et Dimitri passent par le pont, proposa Lloyd.
- Je suis plutôt d’accord avec lui, acquiesça Colette, au moins, avec Zélos, qui sait maîtriser de la magie, et Lloyd et Emi, qui savent très bien se battrent à l’épée, Harumi ne risque pas de s’enfuir.
   - Surtout qu’avec les ptéroplans, la hauteur de la chute est mortelle, qu’elle atterrisse dans la mer ou sur le pont... Aïe !! intervint Dimitri, qui se prit une claque derrière la tête par Lloyd, Colette, Raine et Zélos, Emi était pas assez proche pour suivre ses compagnons.
- De toute façon, je ne veux pas m’enfuir, interrompue Harumi d’un ton très calme. J’ai tué quelqu’un, j’ai failli en tuer une autre, j’ai provoqué un incendie qui a coûté sans doute des années de recherches scientifiques : je dois assumer les conséquences de mes actes, quelles qu’elles soient, si cela peut servir à pardonner et à réparer mes fautes... »
Le regard d’Harumi se dirigea vers Emi, et lui adressa un petit sourire pour bien lui faire comprendre qu’elle avait retenu la leçon... Et qu’elle saisissait sa seconde chance...
Sur cette intervention, Raine, Dimitri et Colette partirent immédiatement vers le pont ; Zélos s’installa aux commandes d’un des ptéroplans, avec assit derrière lui Lloyd, contre son gré, Emi ayant prit le deuxième ptéroplan avec Harumi. Ils les mirent donc en marche et volèrent vers la capitale de Sylvaha’lla.
 
    Après avoir attendu environ une dizaine de minutes le petit groupe qui passait par le pont, les six compagnons, escortant Harumi, entrèrent donc à Meltokio... Où régnait un silence inquiétant. Il n’y avait personne dans les rues avoisinantes, pas même un chat. Tous regardèrent les rues dénuées de personnes. Ils se séparèrent en trois groupe : Lloyd et Colette partirent vers l’est de la ville ; Raine et Dimitri se dirigèrent vers l’ouest de la cité ; enfin, Zélos, Emi et Harumi allèrent vers le grand palais royal qui surplombait la ville.
Dans les rues commerçantes, un vent venait pousser des tracts du Festival du Colisée, qu’Emi avait remporté il y a de cela quelques jours. Lloyd examinait par les fenêtres des boutiques s’il n’y aurai pas quelqu’un qui puisse les renseigner, mais en vain. Colette réussi à ouvrir la porte de la boutique de couture, qui n’était pas verrouillée. Le magasin était très silencieux lui aussi. « Oh hé ! Il y a quelqu’un ? cria Colette. Nous sommes des voyageurs et nous voulons savoir ce qui se passe à Meltokio ! ». Un couinement de souris se fit entendre à l’étage. Lloyd monta doucement les escaliers, la jeune ange aux beaux yeux lui tenant la manche droite. L’escalier grinçait, et les petits couinements se firent plus présents. Arrivés dans la chambre, sans doute, de la couturière, ils ne virent personne. « C’est bizarre, j’aurai juré avoir entendu des couinements de souris... » se dit Lloyd. Il s’assit alors sur un coffre... qui s’écroula. Car il n’était pas assis sur un coffre, mais la couturière camouflée en coffre ! Elle s’était drapée d’un tissu marron qui ressemblait au bois d’un arbre et avait fait le dos rond pour donner l’allure courbée du « coffre ». Elle se releva alors en vitesse, lançant le tissu dans un coin de la pièce et remetta ses lunettes rouges sur son nez. Elle s’éclaircissa la gorge :
« - Hum ! Excusez-moi, je vous prenais pour ces voyous qui ont saccagés les autres magasins...
- Saccagés ? Qui ?
   - Oui, un groupe de demi elfes ont été emmenés par des soldats car ils ont volé à l’étalage, le stand juste en face de ma boutique ! Vous vous rendez compte ! Je les ai vus voler, ces vauriens !
- Oui bon !! Arrêtez les détails ! Que s’est-il passé ? s’énerva Lloyd.
   - Hum ! dit-elle en remettant ses lunettes une fois de plus à leur place, je disais donc que des soldats ont emmenés des demi elfes en prison car ils avaient volés, et là, en une fraction de seconde, des dizaines de demi elfes ont accourus dans la rue et ont assommés les gardes. J’ai tout de suite compris qu’il y aurai une émeute, et cela n’a pas loupé : une cinquantaine de soldats sont arrivés pour faire face aux demi elfes mais d’autres sont venus en renfort, puis ils se sont tous dirigés vers le château.
- Ben, voila ! Il fallait le dire ! Dépêche-toi Colette : nous devons prévenir les autres, et en particulier Zélos et Emi !
   - Compte sur moi Lloyd ! »
Ils sortirent donc de la boutique en trombe et déployèrent leur ailes...
Raine et Dimitri se dirigèrent vers les quartiers riches de la ville, où se situait en particulier le manoir de Zélos. Celui-ci était très somptueux, et ils en avaient eu l’occasion de s’en apperçevoir, Raine et ses anciens compagnons. Elle y entra donc pour demander des renseignements au majordome de la maison. Raine frappa à la porte assez sourdement, mais comme personne ne répondait, elle entreprit de forcer la serrure avec sa magie. Elle fit exploser le verrou et entra dans le manoir accompagnée de Dimitri. Celui-ci, émerveillé par tant de richesses réunies en un même endroit, ne faisait pas attention à la silhouette allongée au sol et trébucha. La silhouette n’était autre que le majordome lui-même. Raine dégagea les pieds de son disciple du corps presque inerte du serviteur et usa de ses soins. Placé sur le sofa, il ouvrit lentement les yeux, et reconnu la guérisseuse d’un coup.
« - Oh ! C’est vous... Mademoiselle Sage... Merci infiniment...
- Que vous est-il arrivé ? Que se passe-t-il ici ?
   - Oh ! Je faisais mon marché quand... Arrivés de nulle part... Des soldats ont embarqués un petit groupe de demi elfes... Ceux-ci ont ripostés et ont clamés leur innocence... D’autres demi elfes et d’autres soldats sont venus alors... Puis ils sont tous partis en direction du palais... J’espère que rien de grave n’arrivera...Et puis des voyous en ont profités pour piller les maisons du quartier... Mais j’étais là avant eux, et j’ai fait mon possible pour les empêcher de rentrer... Mais il y a un lâche qui m’a eu par derrière...
- Ne vous en faîtes pas, je ne suis pas venue seule. On calmera le conflit, moi et quelques uns de mes amis, vous verrez. Le conflit, et tout ce qui va avec...
   - Professeur, croyez-vous qu’il y a d’autres personnes blessées dans leurs maisons ? intervint Dimitri, si c’est le cas, il faut aller visiter toutes les maisons du quartier, et ça risque de mettre un certain temps !
- Ne t’en fais pas, on visitera toutes les maisons du quartier toi et moi : entre autre, on se sépare pour plus d’efficacité, compris ?
   - Compris patron ! »
Dimitri fit un salut militaire puis courut au dehors vers la maison la plus proche, tandis que Raine restait aux côtés du majordome pour l’aider à se lever...
 
   Marchant vers le Nord, Zélos, Emi et Harumi ne savaient pas ce qui les attendait. De tous les côtés, le silence était présent, et cela commençait sérieusement à les inquiéter. Au fur et à mesure qu’ils s’approchaient du château, leur aiguille « méfiance » s’affolait dangereusement. Pourtant, ils continuaient à marcher vers le palais. Soudainement, de vagues hurlements se firent entendre dans l’immense bâtisse, mais ils furent camouflés par le bruissement du vent sur les arbres environnants. Peu sûr d’eux-mêmes, ils poussèrent finalement la porte, et ce qu’ils virent les aberrèrent complètement : soldats et demi elfes, armés, se livraient bataille dans le château ! Aucun coin n’était épargné : les escaliers, les chambres, la grande salle, la cuisine, la bibliothèque,... tout ! Une odeur de sang se faisait sentir ; le bruit du métal entrechoqué retentissait de par les hauts plafonds ; le goût putride des cadavres donnait envie de vomir. Ils ne purent alors que rester spectateur de cet horrible tableau. A ce moment là, une servante, qui s’était cachée derrière un panneau de la grande salle et qui n’a pas été remarquée depuis, vint alors à leur rencontre :
« - Ils sont tous devenus fous !! Tous !!
- Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ? questionna Zélos.
   - Je ne sais pas, mais dès qu’ils sont arrivés au château, ils ont commencés à se battre alors je me suis cachée. J’ai vu le Roi et la princesse Hilda monter à l’étage, puis des demi elfes les suivrent ! Puisse la Déesse Mana que rien ne leur soit arrivé !
- Ne vous inquiétez pas, on va voir s’ils vont bien ! En attendant, allez vous mettre à l’abri à l’extérieur. Et attendez, profita l’ex-Elu, savez-vous si il y a d’autres personnes dans ce château qui se cachent ?
   - Oui, sûrement les autres servantes, les cuisiniers, les femmes de chambre, les majordomes, tout le personnel quoi. Il y a, dans la cuisine, un lieu commun où tous les passages secrets que doit emprunter le personnel, il donne accès aux caves. Ils y sont sans doute tous réfugiés.
- Merci ma belle. Maintenant, va te mettre à l’abri.
   - Oui ! » répondit la servante en courant dehors du plus vite qu’elle pouvait.
Au même instant, ils se firent bousculer par un soldat qui se battait à l’épée avec un jeune demi elfe. Ils s’engouffrèrent alors dans la bataille qui faisait rage dans tout le bâtiment : Emi et Zélos tirèrent leurs épées de leur fourreaux, Harumi déplia sa grande lance luisante. Harumi eu juste le temps de parer un coup bien placé au niveau des côtes, tandis qu’Emi et Zélos, dos à dos, livraient un combat contre deux soldats pour l’une et trois demi elfes pour l’autre. Ayant bloqués les coups, ils répondirent aux attaques portées par un coup de pied très synchronisé. Ils retrouvèrent Harumi et élaborèrent rapidement une stratégie : Harumi se chargeait de libérer et de mettre en sécurité les employés, tandis qu’Emi et Zélos allèrent retrouver le Roi et sa fille. La meurtrière repentie se fraya un chemin parmi les nombreux combattants, en prenant soin d’en écorcher quelque uns, que ce soit des soldats ou des demi elfes. Après tout, peut lui important, vu sa situation.... Elle mériterai sans doute la même sanction que son père... Mais, dans ce cas, elle se concentra sur son objectif et courut vers les cuisines du château.
Quand à Emi et Zélos, ils avançaient avec prudence dans cet entremêlement de bras, de jambes, de têtes, de corps, d’armes et d’armures. Ils tentaient de se faire discret, malgré « l’ambiance de la salle », mais durent quelques fois se battrent contre leur gré. Parvenus dans un large couloir menant à la chambre du Roi, lieu supposé de l’endroit où il se trouve, il y avait un bon nombre de soldats et de demi elfes au sol, légèrement brûlés, gelés ou paralysés. Un tas de soldats fonçaient vers une personne à cape verte et aux cheveux longs bruns foncés flottant derrière lui. Celui-ci les repoussa en un sort, qui les propulsa au sol.
« - Benjamin ?
- Oh ! Emi, dit-il avec un sourire, comment vas-tu ? Cela doit faire quelques jours que l’on ne s’est pas vus non ?
   - Oui, mais là, ce n’est pas le temps de parler du beau temps... Mais, euh, que fais-tu ici ?
- Ah ! Eh bien, j’étais venu pour une audience avec le Roi et j’ai été engagé dans la bataille sans trop savoir le pourquoi du comment en fait...
   - O.K, je vois... Tu n’auras pas vu le Roi justement par hasard ?
- Figure toi que si, je l’ai vu : il était accompagné de la princesse et d’un jeune homme fougueux à cape rouge, et ils montaient tous à l’étage. Derrière toi ! »
Benjamin jeta un poignard qui fit lâcher son épée à un soldat qui voulait prendre Emi en traître par derrière. Il se concentra rapidement et lança un sort « Tornade glacée » qui gela complètement le garde sur place. « Monte à l’étage, je sécurise le couloir ! » cria le magicien. Zélos et Emi coururent le plus vite qu’ils pouvaient à l’étage du dessus, espérant qu’il ne soit pas trop tard...
 
   Harumi para encore une fois un coup très mal porté par un soldat du château et lui décrocha son armure en passant la pointe de sa lance aiguisée au niveau de son épaule droite. Elle exécuta une rotation vive et fit tournoyer la lance en même temps dans son dos pour esquiver les attaques des lâches. Toujours la lance tournoyante à la main, la jeune fille s’abaissa d’un coup et fit tomber plusieurs assaillants qui l’entouraient avec la partie de son arme inoffensive. Elle se redressa normalement et ouvrit la porte des cuisines du château. La pièce était très grande et très spacieuse, malgré la place que prenaient les fours à charbon. De longues étagèrent étaient accrochées au dessus de plans de travail en marbre. Les ustensiles et toute la nourriture étaient saccagés au sol. Seule une porte en bois, cadenassée, était restée intacte dans le fond des cuisines. Harumi supposa qu’il s’agissait de l’endroit dont la servante leur avait parlé. Elle enfonça la lame de sa lance dans le trou de la serrure et tourna d’un quart de tour : la serrure sauta. Elle enleva les chaînes et ouvrit la porte : effectivement, une masse de monde se serrait les uns contre les autres, l’air terrifié. En la voyant, les femmes de chambres, les servantes et les serveuses poussèrent un petit hurlement, tandis que quelques cuisiniers hardis brandaient leurs cuillères en bois, leurs spatules ou leurs casseroles. « Dégagez d’ici avant d’être tués. Dirigez-vous directement vers la sortie, pas de détours ! »  leur répliqua sèchement Harumi. Tous se regardèrent droit dans les yeux avant de courir dans la direction que leur avait indiqué la jeune fille. Après quelques minutes dans lesquelles bousculades et agitations multiples étaient de la partie, Harumi prit soin de refermer la porte avec le cadenas. Seule dans les cuisines, elle présentait cependant l’aura d’une autre personne dans la pièce. Elle se retourna plusieurs fois, croyant se faire surprendre dans son dos... Et ce fut le cas ! En une fraction de seconde, une ombre s’abattit sur elle et la frappa dans la nuque, la faisant s’évanouir, face contre le carrelage froid. « Désolé ma petite, mais je ne veux pas me battre contre une fille... ». C’était la voix d’un homme, à cape pourpre, dont une partie de son visage était couvert par des bandelettes de la même couleur...
Pendant ce temps, Emi et Zélos étaient parvenus devant la chambre royale, et l’ouvrirent d’un grand coup de pied synchronisé. Un grand nombre de soldats et de demi elfes occupaient la pièce, malgré un petit tas de corps blessés mis dans un coin de la vaste chambre. Une personne vêtue d’une grande cape rouge se tenait au beau milieu de cet entremêlement de personnes. Ils étaient tous tellement occupés à vouloir le terrasser qu’ils ne firent pas attention une seule seconde aux nouveaux arrivants. Dans un coin de la pièce, cachés derrière une grande armoire, la princesse Hilda et son père se tenaient accroupis, tandis que le jeune homme encerclé abattait sa longue et terrible lame sur tous ceux qui s’opposaient à lui.
« - Ben ça alors ?! Ils ne s’aperçoivent même pas qu’on existe ! s’écria Zélos.
- Si tu le dis… »
Et là, comme par hasard, un soldat se retourna et les vit, s’excitant comme un dingue et appelant quelques uns de ses amis. En un rien de temps, Emi et Zélos se retrouvèrent aussi bien encerclés que l’homme en cape rouge, qui n’était autre qu’Andrew.
« - Je pense que, pour une fois, tu aurais dû te taire, monsieur Zélos…
- Je pense que, pour une énième fois, tu ne devrais pas m’appeler « monsieur Zélos »…
   - Mouais… En attendant, il ne va pas falloir chaumer ! »
Et les deux engagèrent le combat... Cependant, ce qu’ils ne savaient pas, c’est que d’autres personnes observaient leur combat. Sur une poutre en hauteur, six personnes assez ombragées commentaient les combats qui se déroulaient sous leurs pieds. On pouvait clairement distinguer deux petites silhouettes, deux moyennes et deux assez grandes. Une voix émergea de l’une des deux petites silhouettes :
« - Moi, j’aurai aimé participer à ces combats ! Je veux m’amuser !
- Moi aussi, mais il faut voir avant comment se débouillent ces ringards en bas frérot ! répliqua l’autre petite ombre à ses côtés.
   - De toute façon, vous ne pensez qu’à jouer, espèce de mioches ! Je ne vois même pas votre utilité au sein du groupe, morveux ! gronda une voix féminine à leur droite.
- Je trouve qu’ils se démerdent bien tous : la tarlouse en rose, la tigresse dans la cuisine que Shawn a assommé, le gosse en cape rouge, l’autre bouffon en vert et la jolie brunette avec l’épée en argent, dit une voix grave très masculine. Mais bon, si je les affronte tout de suite, cela m’étonnerai qu’ils restent encore en vie ! Ha ! Ha ! Ha !
   - Ouais, ouais, ouais... Mais tu sais, Larissa, je déteste me battre contre des filles, alors je passe mon tour pour cette fois ! expliqua le fameux Shawn, accroupis à gauche d’une ombre, qui se révèle être Larissa.
- Mmm... Je ne compte pas les attaquer tout de suite, c’est encore un tout petit peu trop tôt à mon goût. Je vais attendre encore deux jours peut-être...
   - Deux jours ?! s’écrièrent les deux petites silhouettes en même temps.
- Taisez-vous les mioches ! Ou alors je vous en colle une tellement forte que je vous décrocherai votre tête des épaules !
   - OK ! OK ! On se calme, pas la peine de nous menacer... Cassidy la truie... murmuraient-ils d’une même voix.
- Vous avez intérêt de la fermer, sales gosses... répliqua Cassidy.
   - Après avoir bien attiré l’attention sur nous, Kyo, Yuki, et toi, Cassidy, vous pouvez laisser parler le Maître oui ?!
- Ce ne sera pas la peine, Justin : ils savent se tenir à carreau, et ce qu’il les attends dans le cas contraire...
   - Je voudrai savoir, Larissa : pourquoi, si vous ne les attaquez pas, vous restez ici ?
- Je veux voir ses capacités au combat : elle me sera très utile dans la poursuite de mes plans. Je veux vérifier si elle peut tenir la route face à ce que je lui prépare... Cette chère Emi... »
Larissa esquissa un sourire narquois avant de se téléporter dans un petit nuage sombre. Cassidy la suivit, ainsi que Shawn et les deux frères. Justin, lui, resta un petit moment en fixant Emi. « Cette gamine est plus utile que nous tous... ? ». Il repris ses esprits et partit lui aussi.
 
    Dos à dos une nouvelle fois et encerclés de toute part, Emi et Zélos se préparaient à contre attaquer. Zélos fonça sur un groupe de soldat et enchaînait des mouvements fluides d’épée, en faisant en sorte de juste les blesser pour ne pas les tuer, mais assez pour qu’ils ne puissent plus se relever. Il en entailla un au bras droit, un autre au torse et un dernier aux jambes. Les trois assaillants s’écroulèrent par terre en même temps, avec un léger cri de douleur. D’autres venaient par derrière : Zélos balança alors sa jambe gauche en arrière et abattit son épée sur l’épaule d’un autre qui venait de devant. Emi, elle, tenait le coup également : elle utilisait son enchaînement à la poutre et au sol pour parer et attaquer ses ennemis en même temps. Elle exécutait successivement une roue pour esquiver, un tour sur elle-même de 360 ° pour contrer, un saut plongé suivit d’une galipette pour passer sous les jambes un demi elfe, une remontée en chandelle pour le mettre K.O en plein dans le visage, et d’autres encore. Elle avait l’air de s’amuser un peu à tous les esquiver avec ses enchaînements de gymnastique : et dire que sa sœur Yuichi lui disait que cela ne servait à rien dans la vie ! Elle avait bien tort ! A nouveau debout mais près du mur, un soldat planta sa large épée dans la pierre en voulant essayer de toucher Emi, mais la jeune fille avait fait un salto avant, et ses mains étaient posées sur le plat de la lame. Droite comme un « i » en face de son adversaire, elle redescendit en plaçant ses pieds sur les épaules du soldat et lui donna un violent coup de pied qui eut pour effet de casser le nez de son ennemi. Elle sauta alors en avant pendant que le soldat, assommé, tombait droit devant lui en se prenant le mur. Emi avait pourtant mal sauté et n’avait pu se rattraper... Mais Zélos, qui avait terrassé tous ceux qui se mettaient en face de lui, plongea, les bras en avant, pour la récupérer. Pile dans ses bras, Emi lui souria :
« - J’ai adoré ton plongeon : je te donne 9/10 !
- Et un merci ne serai pas de refus ! »
Il la lâcha d’un coup et la jeune championne nationale de gymnastique se retrouva les fesses à terre. Elle se releva presque immédiatement, mais en vain : tous les occupants de la pièce étaient au sol, blessés, à part Emi, Zélos, Andrew, la princesse Hilda et son père toujours accroupis dans le petit creux entre l’armoire et le mur. Ils rangèrent alors leurs armes et allèrent voir le jeune soldat. Andrew avait l’air très fatigué, et de nombreuses éclaboussures de sang tâchaient la lame de son impressionnante épée et ses vêtements.
« - Andrew, est-ce que ça va ?
- Ouais... Je tiens le coup. Mais heureusement quand même que vous êtes arrivés, parce que je ne me voyais pas vraiment tous les battre...
   - Ca c’est sûr mon p’tit gars ! » lui dit Zélos en lui donnant une tape dans le dos.
Andrew était tellement épuisé qu’après que Zélos l’ai « remercié », il s’écroula au sol. Emi le rattrapa de justesse et l’allongea sur le dos, sa tête sur ses genoux. Elle écarta quelques mèches de cheveux de son visage et essuya les quelques tâches de sang séché avec le revers de sa manche. L’ex-Elu, quand à lui, aida les membres de la famille royale à se redresser et demanda de façon très soutenue comment tout ceci c’est déclanché : ils répondirent exactement la même chose que la servante qu’ils avaient croisés au début avec Harumi... Harumi ?! Où est-elle passée ? Est-ce qu’elle en a quand même profité pour s’échapper ? Les nouveaux arrivants dans la chambre lui apportèrent la réponse : Lloyd tenait Harumi, les yeux clos, dans ses bras, Colette à ses côtés. Benjamin les suivait, ainsi que Raine et Dimitri.
« - On l’a trouvée évanouie dans la cuisine du château, expliqua Colette. On pense tous que c’est cette fameuse Larissa qui est sans doute derrière ce coup d’Etat.
- C’est fort possible, coupa Benjamin. Comme je fait mes représentations au château, j’y séjourne également et j’ai entendu un moment que je passait devant la salle privée d’entretient du Roi qu’il se disputait avec une certaine Larissa. Je n’ai pas saisi toute la conversation mais j’ai l’impression que la réponse du monarque ne lui a pas plut du tout.
   - Moi je trouve que tout n’est pas de la faute de Larissa : il faut savoir aussi que les soldats de l’armée rejettent avec violence les demis elfes. Ceci est une énorme polémique sur laquelle je travaille depuis quelques mois maintenant, intervint Zélos. Je comptais bien entretenir un débat avec le Roi et les hauts gradés de l’armée pour y remédier. Justement, quand j’y repense, le Général Seiru était de mon avis, et comme par hasard, quelques jours plus tard, il se fait tuer ; puis maintenant le Roi avec cette tentative de coup d’Etat... C’est très louche cette histoire...
- Je suis tout à fait d’accord avec toi, Zélos. Et je compte bien te soutenir du mieux que je peux, l’appuya Raine. En tant que demi elfe, je sais ce qu’endurent les autres personnes de ma race.
   - Ahh ! C’est pour cela que tu m’as mit la main devant la bouche lorsqu’on a emprunté le pont la dernière fois : pour ne pas créer une autre polémique ! » s’écria Emi.
Sa voix un peu fluette dans le feu de l’action eut pour effet de réveiller Andrew et Harumi en même temps. Se tenant la tête avec une main, les deux évanouis se relevaient péniblement. Mais un très gros raclement de gorge vint perturber cette scène quelque peu intellectuelle.
« - Je vous ferai dire que c’est moi ici le Roi ! Alors veuillez daigner remarquer ma présence !
- Oui, excusez-moi, Majesté, s’adressa Zélos au monarque, mais nous parlions de quelque chose de grave...
   - Oui, je vois : de ma tentative d’assassinat pendant ce coup d’Etat, n’est-ce pas ?
- Mmm... Entre autre, oui...
   - En tout cas, je vous remercie infiniment de m’avoir sauvé la vie, je vous en suis extrêmement reconnaissant. Mais une question : qu’êtes-vous venus faire au château ? »
Zélos regarda Harumi d’un air triste, et se résolu à prendre une décision...
« - Monsieur, si je suis venu ici, c’est pour vous amener cette criminelle, la meurtrière du Général Seiru : Harumi Seiru.
- Harumi Seiru ?! J’ignorai que le défunt Général avait une fille !
   - Pourtant, c’est elle qui a tué son père. Nous l’avons suivi, enfin, c’est elle qui nous a suivi, et elle s’est rendue à moi et mes compagnons. Nous avons donc pris la décision de la remettre à la Justice de Sylvaha’lla. »
Zélos avait baissé la tête et parlait d’une voix grave pendant qu’il rendait Harumi aux mains de l’armée. Après avoir fini de parler, tous attendaient le jugement du Roi, seul juge du tribunal. Un silence pesait sur tout le monde dans la pièce.
« - D’après les preuves dont nous disposons et les aveux de l’accusée ici présente, je condamne Harumi Seiru, fille du Général Seiru, à la peine capitale : la peine de mort ! Elle sera enfermée dans les prisons du château en attendant une date précise de son exécution.
 - Quoi ?! Condamnée à mort ?! Mais comment pouvez-vous fai... »
Dimitri posa sa main sur l’épaule d’Emi, folle de rage, pour lui faire comprendre que toute résistance était inutile, que le Roi ne reviendrai pas sur sa décision. Harumi, les yeux remplis de larmes, comme ses congénères, s’avança droit devant le Roi et le regarda droit dans les yeux : « J’accepte totalement cette décision et je ne voudrai aucune remise de peine. » Tous furent aberrés par les propos de la jeune fille qui acceptait de mourir pour son crime.
 

   Le soir venu, des soldats de l’armée de Sylvaha’lla et quelques habitants en manque d’argent mettaient de l’ordre dans tout le château en déblayant les corps, certains inertes, d’autres grièvement blessés des soldats de la garde royale et des demis elfes. Une autre troupe escortait Harumi vers les geôles froides et humides. Seule, Harumi regardait fixement droit devant elle, tandis qu’Emi, Lloyd, Colette, Dimitri, Andrew et Benjamin se dirigeaient vers Heimdall avec une autorisation de territoire. Raine et Zélos restèrent à Meltokio pour organiser un parlement autour du coup d’Etat dans lequel la discrimination des demis elfes était très présente. Raine se fit le porte parole de ces derniers et Zélos un pouvoir d’influence au sein des ministres. Dans le noir le plus complet, Harumi souleva silencieusement une dalle près de la petite fenêtre et se glissa dans le trou hors de sa cellule, à l’air libre. Elle avait fui...  

 

 




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