Si on me demande quel est le perso que je préfère dans ma fic à ce niveau, je dirait bien Cassidy ^^ Je prends un malin plaisir à la faire se battre et à invoquer des monstres plus originaux les uns que les autres ^^ en plus, j'aime bien son style ^^

 

 

Chapitre 9 : le départ ?
 
 

  

   En se massant doucement les épaules, Harumi continuait de regarder Andrew, qui lui avait tourné le dos et qui se dirigeait vers Dimitri pour savoir la suite des opérations. Elle retourna dans la chambre qui lui était destinée à l’auberge d’Heimdall pour y prendre une douche. Elle ferma la porte, jeta ses vêtements sur son lit et entra dans la salle de bain, qu’elle ferma à clé. Elle resta longtemps le visage sous le jet d’eau pure, une main appuyée sur le mur carrelé, l’autre sur son visage. Elle réfléchissait à sa situation. De la vapeur d’eau sortait en abondance de la douche transparente, faisant de la buée sur la vitre de la salle de bain. Après une demi-heure sous l’eau, elle se décida à sortir. Elle s’essuya ses cheveux, en faisant attention à ses petites oreilles de chat, puis enroula une serviette autour de son corps mince et fragile. Sa queue de chat gesticulait au dehors de la serviette étroitement serrée autour d’elle. Harumi ferma les volets de sa chambre, maintenant plongée dans la pénombre. Elle rangea et plia sur une chaise sa robe aux manches bouffantes et sa lance rétractable sur son bureau. Elle s’allongea sur son lit et soupira. « Comment j’ai pu en arriver là ? » se demanda-t-elle. « Certes, je suis libre, enfin d’une certaine manière, mais je suis sûre que Larissa ne me laissera pas vivre pour autant comme je le veux. Elle va continuer à m’envoyer ses sbires jusqu’à ce que je meure ou qu’elle a obtenu ce qu’elle désire. Après tout, je connais ses plans... Je dois rester auprès d’Emi, coûte que coûte pour la protéger, même si cela doit dire que les autres me prennent pour une opportuniste... Ou l’une de ses sbires... ». Au même moment, Andrew ouvrit doucement la porte et la ferma discrètement. La jeune hybride se leva de son lit et se dressa devant lui de toute sa petite hauteur comparée au jeune homme robuste.

« - Qu’est-ce que tu me veux ?
- Juste discuter avec toi à propos de Larissa et Cassidy... Et ton rôle à jouer.
   - Mon rôle à jouer ?
- Fais pas l’ignorante, Harumi ! Tu as le même tatouage que Cassidy sur ton épaule droite ! »
La jeune fille regarda son épaule droite et posa sa main gauche dessus.
« - Ce n’est pas du tout le même !
- En tout cas, il représente aussi un pentagramme que je sache. Et Cassidy portait le même. Explique-moi en quoi ils sont si différents ?
   - Mmm... Celui de Cassidy n’avait qu’une barre du pentagramme qui ressortait, ce qui signifie qu’elle est le premier général de Larissa, donc son bras droit. Plus le pentagramme ressort sur ton bras, plus tu es bas de l’échelle des généraux. Le mien est totalement ressorti, donc j’ai le rang le plus bas du groupe de Larissa. Pour elle, je ne suis qu’un vulgaire jouet, qui plus est je l’ai trahi : elle n’a donc plus d’estime pour moi et ne souhaite à présent que ma mort.
- ... Tu aurais pu faire plus court mais je comprends. Cela n’empêche pas que je te surveille quand même...
   - Je te l’ai déjà dit : fais ce que tu veux, je ne vous trahirai pas. »
Andrew la regarda longuement puis fini par sortir de sa chambre. Il semble qu’il ai obtenu les réponses qu’il voulait. Seule dans la pénombre, Harumi mit son pyjama et se coucha dans son lit. Dans le couloir, Andrew réfléchissait lui aussi au sujet de Cassidy, Larissa, Harumi et leur lien avec Emi. Il était tellement perdu dans ses pensées qu’il ne fit pas attention à Dimitri qui lisait un livre en direction de sa chambre et ils se rentrèrent dedans. Dimitri lui lança quelques noms d’oiseaux tout en remettant ses lunettes à l’endroit tandis qu’Andrew se frotta le front. Dans la salle d’entrée où étaient disposées les tables et le comptoir, Colette, Lloyd et Benjamin questionnaient Emi sur son monde, sur ce qu’elle fera lorsqu’elle y retournera. Andrew prit une chaise d’une table à côté et s’incrusta dans la conversation en se plaçant entre Lloyd et Benjamin.
« - Alors, un « mp3 » c’est un tout petit objet dans lequel il y a plein de musiques ?
- Oui, on met les musiques dedans à l’aide d’un ordinateur.
   - C’est quoi un « nor dina-t-heure » ? demanda Benjamin.
- Aahh... soupira la jeune fille. Je l’ai déjà expliqué tout à l’heure.
   - Oui, mais moi, je n’étais pas là, dit le magicien en souriant.
- Vous devriez arrêter d’harceler Emi avec vos questions vous savez... N’empêche... C’est quoi un « nor dina-t-heure » ? »
Emi leva les yeux au ciel, en le suppliant de bien vouloir l’aider. Colette intervint alors :
« - Emi, tu as tous les ingrédients pour pouvoir retourner dans ton monde, tu as l’incantation, mais pourrais-tu le faire ? Pourras-tu réussir à préparer le filtre de téléportation dimensionnel et lire l’incantation en langue ancienne ? Ou n’importe lequel d’entre nous sait-il faire ce genre de choses ?
- Euh... bonne question Colette, dit Lloyd.
   - J’ai entendu dire qu’il y a un oracle qui possède de grands pouvoirs entre Hima et une maison spirituelle vers le Sud, proposa Benjamin. Selon des rumeurs, il pourrait voir l’avenir avec précision, faire des exorcismes et tout pleins d’autres actes spirituels. Peut-être qu’il pourra le faire si on va lui demander ? »
Tous se regardèrent dans les yeux, hochant la tête pour acquiescer la proposition de Benjamin. La décision fut unanime : le lendemain, ils partirèrent en direction d’Hima et chercheraient le lieu de prédilection du fameux oracle. En attendant, ils allèrent tous se coucher...
 
   Le matin, un petit brouillard se leva aux aguets de la forêt de Torent situé près du village des elfes. Une légère rosée coula sur la verdure environnante, que les rayons du soleil venaient éclairer petit à petit. Lorsque l’astre du jour se dressa au dessus de l’horizon, Emi, Benjamin, Colette, Lloyd, Dimitri, Andrew et Harumi se levèrent tranquillement et déjeunèrent silencieusement. Vers 10h30, ils allèrent préparer leurs affaires pour le voyage vers Hima, le village des aventuriers. Comme les ptéroplans ne pouvaient contenir que deux places par véhicule, Lloyd se résolu de transporter Emi, la plus légère, pendant qu’Andrew et Benjamin prenaient les commandes des machines volantes. Le village d’Hima n’était pas la porte d’à côté, et les ptéroplans devaient voler à une vitesse constante pour ne pas laisser les anges à l’arrière ; ils arrivèrent donc vers midi dans les hauteurs où s’était implanté Hima. Ils prirent un bon déjeuné consistant pour la suite et questionnèrent les voyageurs pour en savoir plus au sujet de l’oracle. « On ne voyait pas qui c’était dans la pénombre de son temple, mais ce qui est sûr, c’est que ses prix sont exorbitants ! » avait raconté une vieille femme qui penchait en arrière à cause du poids de son sac à dos. « Chui entré dans sa baraque tout’ noire –j’pensais bien qu’une araignée monstre allait m’tomber dessus pechère !- mais c’est un joli brin d’femme qu’est apparut d’vant moi ! Le seul inconvénient, c’est qu’ses prix sont très très cher ! Alors fait’gaffes à vot’ porte-feuille les ptiots ! » avait déclaré un homme aux cheveux grisonnants avec un drôle d’accent. Environ une demi-heure plus tard, tous les sept se retrouvèrent devant l’auberge pour faire un constat de ce qu’ils avaient trouvé :
« - Apparemment l’oracle est une fille, dit Emi.
- Qui vit dans une espèce de temple, ajouta Colette.
   - A l’écart de tout contact, à part ses clients, continua Lloyd.
- Constamment dans le noir le plus complet, reprit Benjamin.
   - Et dont les prix de ses consultations sont chers, finissa Harumi.
- Et pourquoi je ne tombe QUE sur des vieilles qui racontent leur vie avec leurs chats pouilleux et dont je me fiche totalement, mais où je suis obligé de les écouter parce que j’ai un trop grand sens du respect !!! s’énerva Andrew.
   - Parce qu’il faut toujours un plouc quelque part sur cette planète qui se coltine les vieilles peaux sans intérêt... Un peu comme toi, Andrew ! répliqua Dimitri sur un ton joyeux.
- Répète, sale rat de bibliothèque manchot !!!
   - Bien sûr, idiot sans cervelle ! J’ai dit que...
- Non mais vous allez la fermer oui !!! » cria... Colette ?! 
Tous la regardèrent, étonnés de la voir crier ainsi, elle qui est si calme d’habitude. Le silence régna en seulement quelques fractions de secondes.
   - Bien ! Maintenant voyons combien d’argent nous avons... »
Tous se rassemblèrent en cercle et vidèrent leurs poches. On vit, et je ne citerai pas de nom, des morceaux de chewing-gum, deux ou trois vers de terre, un morceau de chocolat moisi, un trombone tordu, un bout d’élastique, une mite s’échapper d’une bourse, quelques peluches de poussière et un petit sac ne contenant que 20654 flouz.
« - Ce n’est pas avec ça que l’on ira bien loin... soupira Lloyd.
- Dimitri ! Rattrape ta mite blanche s’il te plait ! Elle s’accroche dans mes cheveux ! s’écria Emi.
   - Tiens ! Je me demandais justement où j’avais bien pu le mettre ce morceau de chocolat ! s’étonna Benjamin.
- Oh ! Un trombone... dit Harumi en le jetant par terre.
   - Bah ! De toute façon, on verra bien combien elle nous demandera, la vieille, pour son incantation et la potion...
- Déjà, c’est un filtre, rectifia Dimitri, et puis tes vers à soie se font la malle mon vieux...
   - Bertrand ! Cristelle ! Denis ! Ne partez pas !! »
Après qu’Andrew ai récupéré ses vers de farine, et non pas de terre ou à soie, le groupe prit la direction de la maison spirituelle et tombèrent, après quelques minutes, sur le « temple » de l’oracle.
 
 Quelques hêtres aux branches touffues entouraient le lieu de résidence, qui se résumait à une simple petite bâtisse en bois et en pierre. Un chemin constitué de quelques pierres plates et larges menait à la petite chaumière, qui se situait au pied de la montagne. L’herbe était fraîchement coupée, et un autel entièrement en bois représentant la petite maisonnette était dressé un peu plus loin du chemin. On pouvait voir une offrande sur le rebord de l’autel : une grande feuille courbée contenait des baies bien rouges et quelques fleurs. Il y avait deux baguettes d’encens encore non allumées de chaque côté de l’offrande, et une bougie plate qui fumait légèrement à l’intérieur de l’autel. Un peu plus loin, à droite de la maison, on entendait un bruit d’eau : en effet, il y avait une petit étang d’eau claire, précédé d’une cascade, qui coulait de la montagne, sans doute une source d’eau à l’intérieur de la masse rocheuse. Tout le terrain, y compris la chute d’eau, était entouré d’épais arbres qui masquaient à la fois le lieu et tous les bruits qui y émanait. Le groupe s’avança lentement vers la bâtisse, qui ne possédait pas de fenêtre mais seulement une seule porte qui s’ouvrait en coulissant. A l’intérieur, tout était sombre, même malgré la lumière du jour. Une voix émana alors du fond de la grande pièce, car la bâtisse n’était formée que d’une seule pièce. « Voyageurs, je vous souhaite la bienvenue... Fermez la porte derrière vous et asseyez vous je vous prie ». Colette, la dernière à rentrer dans la salle, ferma donc la porte. D’un coup, toutes les bougies de la pièce s’allumèrent successivement, illuminant considérablement la salle. Des coussins étaient mis à leur disposition, et ils s’assirent dessus. Une fois toutes les bougies allumées d’elles-mêmes comme par magie, la voix reprit la parole : « Je me nomme Ryouri, Soria Ryouri. Si vous êtes venus ici, c’est parce que vous aussi, vous voulez voir l’avenir, je me trompe ? Alors je voudrai que vous me payez à l’avance... 20000 flouz. » Dans le silence le plus total, Lloyd sorti la bourse et la plaça devant la masse sombre d’où sortait la voix douce et calme de la dénommée Soria.
« - Merci. Je vais maintenant procéder à...
- Excusez-moi, interrompit Benjamin, mais nous ne sommes pas venus pour une simple consultation de notre avenir.
   - Ah ? Vraiment ? s’étonna Soria. Alors à propos de quoi avez-vous besoin de mes services ?
- Notre amie ici présente, dit Dimitri en montrant Emi, n’est pas d’ici : elle vient d’un autre monde. Nous avons réussis à trouver les ingrédients du filtre et l’incantation mais...
   - Aucun d’entre vous ne sait comment procéder ? finissa Soria. Bien, montrez-moi les ingrédients et l’incantation. »
Dimitri s’exécuta tandis que Soria allumait d’autres bougies, qui illuminèrent son visage et une partie de son buste. Elle avait de longs cheveux blonds comme les blés, dont deux grandes mèches tombaient de chaque côté de son visage aux traits fins. Elle portait une robe de cérémonie spirituelle très ample blanche, comme pour cacher quelque chose dedans, avec quelques morceaux volets clairs et dorés. Ses yeux, aux reflets de la lumière, étaient violets, une couleurs plutôt inhabituelle pour des yeux. Sa peau paraissait claire, on aurait presque dit un ange, mais à la différence de Colette, elle n’avait pas d’ailes ou, du moins, elle ne les faisait pas apparaître s’il s’agissait bien d’un ange. Après avoir éteint la petite allumette avec laquelle elle avait allumé les dernières bougies, Soria se tourna vers eux, ses yeux violets donnant à son regard un effet pénétrant dans leurs esprits. Elle les regarda à tour de rôle, se posant plus vers Emi, dont l’uniforme scolaire disait tout de sa venue. Elle se leva et prit les objets que Dimitri lui avait donnés. Elle lut l’incantation silencieusement et identifia les ingrédients.
« -Bien, je vois mieux de quoi il s’agit... Par contre, la jeune fille à l’étrange tenue, il va me falloir quelque uns de vos cheveux pour finaliser le filtre.
- Il vous faudra environ combien de temps pour la mettre au point ? demanda Andrew.
   - 24 heures, pas une minute de plus.
- Autant de temps ?!
   - Oui, dit Dimitri, car il faut presque 10 heures pour que les pétales de roselière se mélangent au miel d’abeille géante, et ce n’est pas forcément facile d’écraser en poudre les feuilles de Linkinté et les perles de crustacés mauves.
- Alors pourquoi ce n’est pas toi qui la fais la potion, vu que tu sais comment s’y prendre ?!
   - Je sais peut-être comment fabriquer le filtre –non pas une potion !- mais il faut ensuite lancer des sortilèges qui affinent le filtre pendant très longtemps afin d’obtenir le résultat souhaité. Je ne suis pas comme le professeur Raine, Andrew « cerveau-de-vers » : Je ne suis que prodige pour les soins et la plupart des sorts de lumière, pas pour les incantations et les malédictions en tout genre.
- Cela fait plaisir à entendre... intervint calmement Soria, qui rangeait les objets nécessaires au filtre derrière un paravent. En attendant, cela serait mieux pour vous que vous alliez à Hima pour la nuit. Revenez demain vers midi : je n’en aurais plus pour longtemps à ce moment-là.
   - Alors, vous acceptez de nous aider ? demanda Lloyd.
- ... Oui, et même en priorité. »
Tous furent content d’apprendre la nouvelle : Emi va pouvoir rentrer chez elle ! A cette idée, la jeune fille resta perplexe et silencieuse, tandis que Colette, Lloyd, Benjamin, Andrew et Dimitri la félicitèrent. Harumi resta silencieuse à la regarder d’un petit air déçu.
« - Vous pouvez partir... Sauf vous, mademoiselle. Je voudrais vous parler en privé.
- Non. Je reste avec elle pendant cette conversation. Ce n’est pas parce que vous accepter de nous aider que vous n’êtes pas pour autant un des sbires envoyé par Larissa, lança tranquillement Benjamin. Je n’offre pas ma confiance sur un coup de tête irréfléchi après les péripéties que nous avons eu ces derniers temps.
   - Vous avez là bien raison. Vous pouvez rester ici avec votre amie, mais les autres sortent. »
Ils s’exécutèrent.
 
   Seuls Emi et Benjamin étaient restés dans la pièce, toujours assis. Soria vint elle aussi à s’asseoir. Elle engagea alors la discution :
« - Il y a quelques semaines de cela, un bon ami à moi est venu me consulter, comme la grande majorité des gens qui viennent me voir. Sauf qu’au lieu d’avoir une vision de son avenir, j’en ai eu une... de notre monde.
- En quoi cela me concerne-t-il ? questionna Emi.
   - Tu étais dans ma vision, et pas seulement... Cela ne te dit rien, jeune demoiselle ? »
Elle tendit sa main vers Emi, comme pour conclure un pacte. Emi se souvena de ses rêves répétitifs qu’elle faisait avant d’avoir attrapé cette main... Elle se remémora le visage de la femme qui la lui tendait...
« - C’est... C’est vous ? La femme que je voyais dans mes rêves ?
- C’est exact. Cette nuit-là, j’ai eu une vision de toi, et d’autre chose... Je ne peux pas vous en parler pour le moment, et c’est peine perdue que d’essayer de me le faire dire. Mais comme tu vas repartir dans ton monde, je suppose qu’il s’agissait d’une vision faussée. Mais c’est très rare que je me trompe dans mes visions, jeune fille.
   - Appelez-moi Emi.
- Moi je m’appelle Benjamin, ravi de vous rencontrer Soria.
   - Moi de même... Voila, je tenais à vous en parler car je ne veux cacher quoi que ce soit aux personnes auxquelles je viens en aide. Vous pouvez partir maintenant : j’ai beaucoup de travail qui m’attend. »
Tous trois se levèrent et se saluèrent avant de partir. Dehors, Lloyd, Colette, Harumi, Andrew et Dimitri attendaient au frais des arbres : la journée s’annonçait encore assez chaude...
Plus haut dans les montagnes abritant Hima, le village des aventuriers, une jeune femme aux cheveux blonds, qui volaient au vent, regardait le paysage vide qui s’offrait à ses pieds. « Alors c’était là que se dressait la Tour du Salut ? dit elle en fixant une zone où un arbre, un peu plus grand que les autres qui l’entouraient, poussait paisiblement. Quand je pense que bientôt tout cela sera à nous ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! ». Elle redescendit de son rocher, en manquant de tomber et se redressa d’un coup, passant une main dans ses longs cheveux, comme si de rien n’était. Elle prit le chemin vers Hima et vit un groupe de jeunes aventuriers. Elle se cacha alors derrière une minouz qui ne comprenait rien.
« - Eh !! Mais cela vous prend souvent de prendre les gens pour des arbres ! Miaou !
- La ferme... Non mais regardez-moi cette fille, murmura-t-elle après avoir cloué le bec à la minouz, elle se ramène dans mon piège sans s’en apercevoir ! J’ai une de ces vaines moi !
   - Vous allez rester planté ainsi encore longtemps ? s’impatienta la minouz.
- Oui, et rien que pour vous, Madame Chachat. Je vous servirais même de litière si l’envie vous prend !
   - Humpf ! »
Emi venait effectivement de rentrer à Hima après seulement quelques minutes de marches. Elle riait avec Colette en entrant dans l’auberge.
« - Tu ne vas pas m’échap... Ooooohhhhh !!! Nooooooooooooooooooon !!!!
- Bien fait pour vous ! » se moqua la minouz, enfin débarrassée de Cassidy.
L’invocatrice de monstres avait glissée sur une tuile en voulant prendre appui sur le toit de l’auberge et était tombée dans la bouse de dragon. Dans la maisonnée, tous prenaient un temps de répit : Benjamin faisait un tour de magie avec des cartes à Colette, Harumi et Dimitri (qui cherchait le « truc » dans chacun de ses tours), tandis que Lloyd et Andrew faisaient une partie de poker. Quand à la jeune Emi, elle se baladait à travers les étages du bâtiment. Quand elle redescendit pour voir ses compagnons, elle aperçu un magnifique réchaud en étain. Mais lorsqu’elle s’en approcha, par curiosité, un écran de fumée apparut et un homme se tenait à la place du réchaud. Il était habillé bizarrement : c’était un jeune homme aux cheveux courts blond brun avec une toque de cuisinier et une cape rouge, en totale contradiction avec son habit de couleur vert. Encore plus étrange, il avait une immense fourchette dans sa main droite. Lorsque la fumée se fut dissipée, il se dandina un peu et annonça :
« - Bienvenue ! Je suis le Wonder Chef ! 
- Ah ?
   - Aujourd’hui je vais vous apprendre à cuisiner les pancakes ! De délicieuses crêpes épaisses au bon goût de la fleur d’oranger ! Miam !
- Hein ?! Des pancakes ?
   - Oui, oui. Tiens jeune fille : voici la recette ! »
Le mystérieux Wonder Chef donna une petite feuille très colorée où figurait la liste des ingrédients à la préparation des pancakes et la recette à suivre pour les préparer, accompagnés de petits dessins représentant des crêpes qui sautaient de leurs poêles. Emi n’eut le temps que de regarder la feuille avant que le Wonder Chef ne disparaisse dans le même écran de fumée que lors de son apparition. Toutes les personnes dans la même salle qu’Emi semblaient ne pas avoir remarqué l’étrange personnage qui a donné la recette à la jeune demoiselle. Elle resta une fraction de secondes l’air ahuri et se secoua la tête avant de s’asseoir à côté de ses compagnons de voyage et de dîner.
 
   Le soir venu, la jeune Emi Ayate se coucha dans son lit, en ayant comme idée de réfléchir toute la nuit si elle voulait ou pas repartir chez elle. Elle commença alors un résonnement des plus censé : « Cela fait plus d’une semaine que je suis partie de chez moi, ma famille doit s’inquiéter ». Mais à chaque affirmation, une petite voix dans sa tête lui répondait : « Ta famille ?! Ton père ne se préoccupe même plus de toi : il passe plus de temps à son travail qu’à ses enfants. Et ta sœur ? Tout le temps enfermée dans sa chambre à faire on-ne-sait-quoi, elle ne te voit que pour le repas du soir. Ta mère ? Elle t’a quitté à l’âge de six ans, comme une lâche. Elle vous a tous abandonné. Seul, à la limite, ton frère pourrait te manquer, et encore... ». Elle pesait le pour et le contre pendant presque trois heures, jusqu’à ce qu’Andrew frappa à sa porte. Ses coups étaient à peine audibles, et ce fut une chance que la jeune bretteuse soit éveillée pour aller lui ouvrir.
« - Tu as vu l’heure qu’il est ?! Qu’est ce que tu fais ici ? lui chuchota Emi.
- Ben, demain tu vas sans doute partir, et je voulais te dire au revoir.
   - Je n’en suis pas très sure en fait...
- De partir ? Vraiment ?
   - C’est assez compliqué à expliquer mais, j’hésite beaucoup.
- Tu ne devrais pas. Pèse juste le pour et le contre et vois le résultat final, regarde si tu veux revoir ta famille ou pas...
   - Bien sûr que je veux la revoir !
- Et bien voila ! Tu as fait ton choix, non ?
   - Mmm...
- Tu sais, on ne se connaît depuis pas très longtemps...
   - Environ cinq six jours.
- Ouais, par-là. Mais je t’aime bien et je me dit que...
   - Que ? »
Le jeune homme rougissait à la faible lueur des étoiles qui brillaient dans la nuit. Un petit silence s’installa, Emi en profita pour regarder un peu mieux Andrew, son visage légèrement caché dans la pénombre. Il était assez bien bâti, un buste solide et des épaules robustes. Il ne portait qu’un pantalon de pyjama, sans doute avait-il chaud à cause de la température qui régnait dans l’auberge. Elle-même portait une chemise de nuit.
« - Que j’aurais dû passer un peu plus de temps avec toi pour mieux te connaître. Mais je sais, d’après les quelques jours que j’ai passé à tes côtés que tu es une fille courageuse, téméraire, gentille, quelque peu naïve mais douce et généreuse, je me trompe ?
- Ben, je ne sais pas, je n’ai jamais entendu quelqu’un parler de moi comme ça. C’est possible.
   - Comme je le disais, je suis sûr que si on aurait passé un peu plus de temps ensemble, on aurait pu être de grands amis... Malheureusement...
- Je pars demain dans l’après-midi.
   - Oui. Mais j’ai quand même eu le temps de fabriquer ceci. Je sais que je ne suis pas très doué mais c’est un chapelet que j’ai fait avec les perles de la rivière dans les Gorges et une croix que j’ai trouvé à Meltokio »
Andrew lui tendit le collier de perles mauves avec, au centre, une belle croix incrustée d’améthystes qui resplendissaient, même dans l’obscurité. Il lui prit la main droite et lui plaça l’objet au creux de sa paume avant de lui refermer délicatement les doigts. Il se retourna alors, lui adressa un signe de main et ferma la porte, la laissant planté à l’entrée de sa chambre. Elle rouvrit sa main et examina le chapelet mauve. « Il est magnifique » pensa-t-elle. Les améthystes ressemblaient à des feux violacés qui crépitaient dans la nuit. Emi passa le chapelet autour de son cou et alla se coucher, sereine. Elle avait pris sa décision, et rien ni personne ne pourra l’en dissuader.
 
   Ce matin-là, sans doute le dernier matin dans Sylvaha’lla, Emi se leva assez tard. Elle alla ouvrir ses volets de chambre et déjà l’imposante chaleur des montagnes cuisait son visage. Elle fit de l’ombre devant ses yeux pour observer le paysage de sa fenêtre. Emi avait une vue imprenable sur la vaste plaine verte qui s’étendait devant ses yeux. Elle voyait au loin la haute tour que représentait l’hôtel de la ville balnéaire d’Altamira, ainsi que des reflets lointains des rayons du soleil sur la mer. Elle s’étira un moment et alla prendre une douche rapide. Après quelques minutes sous eau tiède, elle se sécha et enfila sa jupe plissée grise et sa chemise blanche. Avec son noeu qui lui servait habituellement pour sa chemise, elle attacha ses cheveux en une queue de cheval basse pour avoir le cou à l’air. Elle sortit alors de sa chambre pour chercher quelque chose à grignoter, et se retrouva nez à nez avec Dimitri qui lisait un bouquin au même moment où Emi ouvrit la porte. Ils esquissèrent chacun un sourire gêné et retournèrent à leurs occupations.
Midi sonna : tous se préparèrent pour aller voir Soria, qui devait avoir terminé le filtre. Epées, chakrams, bâtons, lances se rangèrent dans leurs fourreaux attitrés et le groupe de voyageurs se mit en marche. Dans le petit temple de bois et de pierre, Soria attendait patiemment la venue des aventuriers dont elle avait préparée la requête. Emi, Colette, Lloyd, Harumi, Dimitri, Benjamin et Andrew entrèrent un par un dans la pièce après avoir frappé à l’unique porte coulissante.
« - J’ai terminé le filtre, il ne reste qu’à ajouter les cheveux et à lire l’incantation, commença Soria. Mais avant il faut que je vous pose une question, mademoiselle...
- Je crois que je me doute de laquelle il s’agit, répondit Emi.
   - Souhaitez-vous vraiment partir de ce monde ?
- ... »
Emi resta silencieuse un moment, les yeux fermés. Elle sentait les regards avides de sa réponse se poser sur elle. Finalement :
« - Oui.
- Bien, alors donne-moi quelques uns de tes cheveux »
Emi s’exécuta. Elle prit une mèche de devant et arracha une toute petite poignée de cheveux qu’elle remit à l’oracle. Soria fit alors tomber les quelques brins dans le filtre qu’elle avait dissimulé dans un petit coffre en bois derrière le paravent du fond de la salle. Le liquide, d’une couleur d’origine boueuse, prit une belle teinte orangée, voire un peu dorée. Les bulles qui apparaissaient au début disparurent dès que le filtre changea de texture. Soria tendit alors le flacon vers Emi, lorsqu’un rire sonore se fit entendre : «  Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Vous pensiez vraiment que j’allais vous laissez filer comme ça, sales petits insectes ? »
La voix venait du dehors, et le groupe se doutait de l’avoir déjà entendu auparavant. Tous sortirent alors, Soria légèrement en retard. Debout sur la cime d’un arbre, les cheveux blond au vent, Cassidy les attendait. Elle exécuta un salto avant et retomba sur une pierre plate. Une forte odeur se fit sentir.
« - Beuh ! C’est quoi cette odeur infecte ?! s’écria Dimitri.
- TU LA FERMES !!! s’énerva Cassidy en lui lançant les pierres qui lui tombaient sous la main.
   - Bourgoua elle s’énerve ainsi ? questionna Lloyd, la main droite bouchant son nez.
- Je crois que l’odeur vient d’elle, répondit Colette.
   - Oui, je crois aussi, affirma Benjamin.
- Oui, oui, c’est moi qui sens comme ça !! Voila vous êtes contents ?! En plus c’est de votre faute ! Si vous n’étiez pas arrivé à Hima hier, je ne serai pas tombée dans la bouse de dragon !!
   - BEURK !! s’écria tout le groupe d’une même voix.
- Je vais vous apprendre à vous moquer de moi !! Arishimate paralire !! »
En même temps qu’elle prononçait son incantation, Cassidy fit apparaître un cercle magique au sol et un golem géant de pierre apparut. Le groupe dégaina leurs armes, mais Soria fut plus rapide qu’eux : « Stalagmite !! ». D’épaisses stalagmites surgirent du sol et pourfendirent le golem de pierre. Tous se retournèrent vers elle et virent que Soria avait tendue sa main devant le golem, une légère brise faisant voler derrière elle ses cheveux blonds à l’issue du sort qu’elle venait de jeter. Ce fut le signal, le combat s’engagea. Le golem répliqua en frappant le sol de ses énormes poings, provoquant des ondes de choc. Benjamin lança un « gardien » autour de ses compagnons, Colette préparait un sort, ses ailes d’anges déployées et Dimitri se concentrait, son bâton de chêne tendu devant lui. Après que la dernière onde se disloqua sur la barrière magique, Emi, Lloyd, Andrew et Harumi s’élancèrent sur le golem, toutes lames sorties. Andrew abattit son immense zanbatô sur les jambes du monstre, retirant quelques pierres de ses genoux. Lloyd enchaîna avec une pluie d’épées soniques à la taille, qui ne laissa aucun répit au golem. Dimitri lança un « photon » sonore qui fit reculer le monstre vers son invocatrice. Cassidy exécuta plusieurs salto arrière jusqu’à ce qu’il s’arrête à quelques mètres d’elle. La belle blonde sauta sur l’épaule droite de son monstre et lui cria : « Eclate-les !! ». L’immense masse de roche donna alors un grand coup de bras balayant Emi et Harumi, qui venaient attaquer en duo. Les deux filles furent propulsées vers les arbres, du sang coulant de leurs bras et de leurs bouches blessées. Colette lança un puissant « jugement » en plein sur le golem, tandis que Benjamin tentait de viser Cassidy avec ses lames qu’il cachait sous son grand manteau vert. Andrew revint à la charge et sa lame se coinça dans l’épaule du monstre de pierre. « Quelqu’un peut m’aider s’il vous plait ?! » s’écria désespérément le jeune homme. Soria lança une « tornade glacée » qui permit à Andrew de libérer son zanbatô. Cependant, le golem attrapa le bretteur et le serra dans son poing gauche. Lloyd vint à son secours avec un « bête » puissant, faisait tomber au sol la main de roches grises. Harumi et Emi, quelque peu sonnées, s’élancèrent vers le monstre et plantèrent leurs lames dans le torse. D’un coup, Soria cria : «  reculez-vous !! ». Tout le groupe tentait de s’échapper sur les côtés pendant que Soria murmurait une phrase : « du feu brûlant du sol, sort des Abysses et vient à moi. Donne moi ton pouvoir et libère ta colère sur mon ennemi. Gardien des Abysses !! » Le rouleau que lisait Soria prit feu dans ses mains et un monstre de feu surgit devant elle, face au golem. Sentant la fin du combat approcher, Cassidy sauta de son monstre pour atterrir dans un arbre à quelques mètres de là. La bête embrasée, représentant une sorte de lion à la crinière flamboyante, se jeta sur le golem et le déchiqueta, dans une tornade de feu. Les crépitements se mêlaient au cri du monstre. Lorsque la tornade de feu qui enveloppait les deux invocations se dissipa, il ne restait qu’un petit tas de cendre. Cassidy s’était échappée.
 
   Quelques minutes plus tard, tous se retrouvèrent dans la pièce close. Soria, qui avait mit en sécurité le filtre dans son coffre de bois, tendit la mixture vers Emi. Regardant une dernière fois ses compagnons de voyage, regrettant de ne pas pouvoir dire au revoir à Zélos et à Raine, Emi but d’un trait le liquide. Il avait un goût sucré, un peu comme un mélange de limonade et de jus d’orange. Elle sentit alors ses paupières se fermer doucement et Soria lui adresser un sourire tendre, avant de s’écrouler au sol. Elle entendait des bruits de paroles étouffés puis plus rien et elle s’endormit complètement...

Lorsqu’elle se réveilla, elle sentait à nouveau une surface à la fois froide et cotonneuse. Elle se leva péniblement et observa les lieux. Elle se trouvait dans une rue qu’elle connaissait bien, devant une maison qu’elle connaissait bien, et un chien qu’elle connaissait bien courait vers elle, suivit d’un jeune homme qu’elle connaissait parfaitement bien, puisqu’il s’agissait de son grand frère Tori...

 

 




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