Chapitre 3
La Ferme humaine d'Isélia

 




  Le bateau menant à la petite ville d’Isélia quittait à présent le port non loin de Meltokio. Il faisait nuit dehors et la mer était calme. Le bateau que Xyn avait choisi possédait des cabines lui permettent à lui et à Mégane de se reposer. L’argent qu’ils avaient gagné grâce à leur aide précieuse contre les Poursangseurs avait ainsi permis de payer la traversée mais aussi de se procurer des vivres pour environ une semaine. Il n’arrivait pas à dormir, le bateau tanguait trop. Il décida alors de sortir sur le pont. A sa grande surprise, Mégane était là, sous le clair de Lune à regarder loin devant elle, appuyée contre la rambarde. Elle semblait songeuse. Xyn s’approcha, faisant grincer le plancher en bois sous ses pieds.

- T’arrives pas à dormir toi aussi ? demanda-t-il.
- J’avais mal à la tête à force de réfléchir. répondit-elle froidement.Xyn ne répondit pas et s’assit sur la rambarde de métal. Il continua la conversation :

- Dis, tu lui as tapé dans l’œil à l’élu de Thessé’alla pour qu’il puisse nous inviter chez lui et pour qu’il puisse t’aider à trouver une personne qui pourrait être susceptible de t’aider à retrouver la mémoire !
- …
- Et puis c’est pas mal, grâce à toi, on ramasse pas mal d’argent avec tous tes exploits ! Si ça continu, on va finir par devenir riche ou même, gouverner tout le pays ou…
- Alors, c’est comme ça que tu me considère : comme une fille qui joue avec son corps pour s’attirer les faveurs des plus grands, ou encore pour obtenir de l’argent en mettant la vie des habitants d’une ville entière en danger ?! s’énerva-t-elle.
- Quoi ! Mais non, c’est pas…
- Moi aussi j’ai une question à te poser : Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu faisais parti de ce groupe de malade !

Xyn ouvrit la bouche… puis la referma aussitôt. Elle avait raison, il aurait dû la prévenir. Il ne répondit pas et la laissa continuer.

- On est amis, non ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Et pourquoi est-ce que tu m’accompagnes encore ?
- C’est toi qui m’as demandé de venir quand on était encore chez les Wilder. se contenta-il de dire simplement.

Il venait de marquer un point, ce qui finit par énerver Mégane pour de bon, qui parti furieuse en claquant la porte de sa cabine.

- La porte ! lui cria-t-il.

Elle rouvrit cette dernière en hurlant tout autant.

- Je fais ce que je veux avec ma porte !Et elle la claqua une deuxième fois énervant Xyn à son tour qui parti à son tour dans sa cabine.

- Et mer…

Et il claqua à son tour sa porte sous les « chuuuuut » des cabines voisines qui auraient bien aimées dormir tranquillement. Il s’étala sur son lit et sorti de sous son oreiller, un journal où il commença à écrire.
 
  Mégane était assise, le dos contre la porte qu’elle venait de claquer quelques instant plus tôt. Elle pleurait ; furieuse contre Xyn ou contre elle-même ? Contre elle. Elle s’en mordait les lèvres et regrettait ce qu’elle avait dit même si une partie n’était pas fausse. Il lui avait caché son passé mais elle, avait caché son souvenir qui lui était revenu lors de l’affrontement à Meltokio. Ses beaux yeux verts pétillants étaient devenus vitreux à cause de ses larmes. Elle se leva et alla dans la salle de bain se passer de l’eau sur le visage. Elle avait les joues rouges lorsque qu’elle se vit dans le miroir. Elle en sortie quelques instant plus tard, le teint clair, et sortie de sa cabine pour aller dans celle de Xyn afin de s’excuser.
 
Mégane entra après avoir frappée à sa porte. Xyn était là, allongé sur son lit en train de refermer un livre à la couverture grise en voyant la jeune femme. Personne n’osait prononcer un mot. Il la regardait avec méfiance, comme s’il voyait une parfaite inconnue. Il prit alors la parole :

- Tu es venue pour me trouver encore quelque chose que je ne t’aurais pas dit ?  lança-t-il froidement.
- Pas du tout… je suis venue pour m’excuser.

Il la regarda alors avec des yeux ronds. S’excuser ? Pour quoi ? Après tout c’était lui qui lui avait caché la vérité sur son passé. Elle continua :

- Voilà, c’est fait… Maintenant… Bonne nuit.
- Attend !

Mégane s’apprêtait à repartir quand Xyn lui fit signe de venir s’assoir à côté de lui. Il allait tout lui dévoiler. Elle prit place à côté de son ami sur son lit et l’écouta.

- C’était il y a 3 ans, lors de la Régénération du monde, j’habitais avec mon frère, ma mère et ma sœur près du village pêcheur de Palmacosta. Un groupe de demi-elfes que l’on appelait à l’époque Désians avait implanté sa base dans la campagne autour de la ville. Un jour où l’on faisait le marché, il y eu une rafle, les Désians avaient besoin de vie humaine afin de pouvoir exploiter leur ferme. Ce jour-là, avec mon frère nous avions décidés d’aller voir la mer pendant que notre sœur et notre mère faisaient le marché, c’est à ce moment là qu’ils ont attaqué. Ma mère et ma sœur avaient été raflées. Nous sortions de l’eau quand l’un deux me pris par le bras pour m’emmener à mon tour. Mais mon frère était là et me défendit en noyant mon agresseur. Quand nous sommes arrivés sur la place, tout était dévasté. Les femmes et les enfants étaient les principaux kidnappés. Nous nous trouvâmes seuls face à ce désastre, c’est alors que mon frère pris les rennes et décida alors de venger notre famille. Je n’étais pas contre à cette époque, entre frères jumeaux, on s’entraide mutuellement. Deux ans et demi plus tard, le groupe des Poursangseurs était formé. Mais je me rendis compte alors que ce but menait à la folie. Mon frère était devenu fou. Son idée de vengeance prenait des proportions démesurées. Il s’en prenait aux enfants demi-elfes qui n’avaient rien fait, ainsi qu’aux femmes. Ils violaient, ils pillaient, ils tuaient. Il a à présent l’idée de faire revenir nos familles de l’au-delà.
- Faire revenir les morts ? Mais comment ?
- En ouvrant la porte de Niflheim, la porte du domaine démoniaque. Mais pour ça, il lui faut la clé.
- Une clé ?
- Oui, elle lui permettra ainsi d’ouvrir la porte et le monde sombrera dans le chaos à cause des démons venant de l’autre monde.

Mégane en resta bouche bé. Tout ce que Xyn lui avait raconté lui paraissait si surprenant, si irréel ! Elle n’osait pas demander ce que les Désians faisaient aux personnes qu’ils emmenaient dans leur ferme, de peur de redouter le pire. Et son frère qui en était devenu fou, semait la terreur dans tout le monde réunifié afin de venger la mort de ses proches. Elle voulut lui demander s’il avait participé à ces massacres mais se rétracta pour éviter une plus grande plaie dans le cœur de son ami. A la place, elle se blotti contre lui, le faisant rougir, puis se décontracter en la prenant dans ses bras.

- Je suis désolée. murmura-t-elle.
- Désolée de quoi ?
- Pour la mort de ta mère et de ta sœur. Elles devaient être des personnes formidables… comme toi.
- Je ne suis pas quelqu’un de formidable, dit-il en soupirant, j’ai peut-être participé à ce massacre et je ne te l’ai pas dit, j’ai peut-être fait d’autres choses encore plus graves et je te le cache aussi.
- Oui, peut-être… mais c’est le Xyn de maintenant qui m’a sauvé d’une attaque de roses bleues, c’est le Xyn de maintenant qui s’est inquiété quand je me suis faite avaler par la vague à Izoold, c’est le Xyn de maintenant qui m’a de nouveau sauver à Meltokio… et c’est ce même Xyn qui me tient en ce moment dans ses bras et qui vient de me raconter son passé. Il ne faut plus que tu penses au passé, il faut que tu ailles de l’avant même si cela est dur d’oublier. Peu de gens connaissent cette face-ci de toi. Tu as changé j’en suis certaine, sinon est-ce que tu m’aurais laissé dans la campagne à la merci de ces monstres ?

Il l’écoutait attentivement sans desserrer son étreinte. Elle était douce dans ses mots, elle était apaisante, elle était gentille, elle était belle. Et ça, c’était la première fois qui le remarquait. Il lui répondit :

- Non. Et depuis que je te connais, je veux t’aider à retrouver la mémoire, comme si je me rachetais quelque part. Et puis une fille, ça a besoin d’un mec pour l’aider dans la vie, un mec brave et fort, comme moi !
- Pourquoi es-tu toujours obliger de jouer les virils ! rigola-t-elle.
- Parce que je suis le mec de tes rêves, dit-il en la chatouillant, et que tu ne t’en rends pas compte.
- Arrête ! 


Le lendemain, Mégane se réveilla en tombant du lit. Des cernes s’étaient posées sous ses yeux. Elle se rendit compte alors qu’elle n’était pas dans sa chambre, mais dans celle de Xyn qui dormait encore. Il était torse nu et incroyablement musclé. Il avait détaché ses cheveux de charbon et ceux-ci descendaient en cascade le long de son dos. Il était enveloppé dans un drap blanc qui dessinait la fin de sa silhouette. Il s’étira et ouvrit ses yeux noirs sur le visage rouge de Mégane. C’est alors qu’il comprit et se couvrit vite le reste du corps avec son drap.

- M-mais qu’est-ce que tu fais là ! balbutia-t-il.
- J’en sais rien moi ! J’ai du m’endormir hier et j’me suis réveiller ici ! 

Xyn finissait de prendre sa douche, il se séchait les cheveux. Il mit son pantalon blanc et sortit avec sa serviette sur les épaules. C’est là qu’il vit Mégane en train de dormir sur son lit. Il s’approcha et s’assit à côté d’elle. Son souffle était doux et chaud. Xyn la regardait avec passion, ses mèches châtains tombaient sur son visage. Xyn s’approcha de son visage et pu alors sentir son souffle. Il s’approchait de plus en plus près. Il arrivait alors à la hauteur de ses lèvres. Il ferma les yeux et approcha les siennes mêlant alors son souffle au sien. Mégane tourna la tête dans son sommeil et Xyn se rétracta, la laissant se reposer. Il s’allongea à côté d’elle, éteignit la lumière et s’endormi à son tour.
 
- Qu’est-ce qui c’est passé hier soir ? demanda-t-elle.
- Vaut mieux pas que tu saches. répondit-il en rougissant.
- Hein ? Pourquoi ? J’aimerai bien savoir moi ! Xyn, tu m’écoute ?
- Débarquement pour Isélia ! Tout le monde sur le pont ! hurla un marin.

Un silence parcouru la pièce. Ils venaient de débarquer. Xyn se leva du lit, attrapa sa chemise et son sabre et s’habilla.

- Tu devrais aller rassembler tes affaires. dit-il à Mégane.
- Ouais… mais tu me devras une explication !

Elle sortit alors de la chambre pour aller dans la sienne, laissant Xyn seul avec ses pensées.
Ils se retrouvèrent par la suite sur le pont et marchèrent en direction d’Isélia sans se dire un mot. Ils marchèrent dans la campagne verdoyante et finirent par arriver au petit village où ils débouchèrent sur une école. Des enfants jouaient dehors, un autre lisait près des cartables assemblés en un immense tas. Il faisait beau et une brise fraiche parcourait les chemins de terres. Xyn s’avança :

- Je vais faire le plein de provisions, profite-en pour chercher cette personne qui pourrait peut-être t’aider.
- D’accord, on se retrouve ici.

Et ils se séparèrent en deux direction opposées, Xyn partit à droite et Mégane à gauche.
Mégane atterrit en face d’une maison entièrement construite en bois. Un jardin délimitait le terrain. Une jeune fille blonde et aux yeux azur se reposait sur un banc en lisant un livre. Elle portait une tunique dans les tons bleuet ainsi qu’un legging bleu nuit et des petites bottes blanches. Elle leva ses grands yeux bleus de son livre et les posa sur Mégane.

- Bonjour, dit-elle d’une voix douce, tu as besoin d’aide ?
- Oui, à vrai dire je suis à la recherche d’une personne prénommée Raine Sage, on m’avait dit que je pouvais la trouvée ici.
- Tu cherche le professeur ? Qui t’en a parlé ?
- L’Elu de Théssé’alla.
- Tu as rencontré Zélos ? Enchantée, je m’appelle Colette, je suis une de ses amies, et tu es ?
- Je m’appelle Mégane. Zélos est toujours si… euh… attachant avec les filles.
- Je vois que les présentations se sont faites rapidement avec lui. Il a toujours été un peu coureur de jupons mais il a un bon fond.
- Il m’a beaucoup aidé.

Un court silence coupa la conversation puis Colette continua :

- Pourquoi cherches-tu le professeur.
- D’après Zélos, elle pourrait m’aider à résoudre un problème personnel.
- D’accord, je vois. Je suis désolée mais le professeur est absente en ce moment, elle est partit détruire le reste de la ferme humaine d’Isélia, mais je peux t’y emmener.
- C’est vrai ? Vous êtes sur que cela ne vous dérange pas ?
- Non, pas du tout, cela me fait plaisir d’aider les amis de mes amis. On peut partir maintenant si tu le souhaite.
- Je dois passer d’abord prendre un ami.
- Parfait, je t’accompagne.

Elles partirent toutes les deux à la recherche de Xyn. C’est là que Mégane apprit que Colette était l’Elue de la Régénération mondiale, celle qui avait permis de rassembler les deux mondes en un seul avec l’aide de ses amis. Elle était d’une incroyable gentillesse mais aussi d’une incorrigible maladresse que Mégane remarqua dès que celle-ci tomba à plat ventre à cause d’un caillou qui était sur son chemin. Elles finirent par arriver au magasin dans lequel Xyn venait de sortir. Il tenait dans son dos un cadeau qu’il tendit à Mégane.

- Qu’est-ce que c’est ?
- J’arrête pas de te venir en aide depuis que je te connais, si un jour je ne peux plus te protéger, il faudra que tu te défendes.

Elle ouvrit le paquet et en sortit arc entièrement blanc orné aux deux extrémités d’une améthyste. Elle regarda Xyn de ses beaux yeux verts et ce dernier continua :

- Tu dois te dire : « un arc c’est bien beau, mais sans les flèches ça sert pas à grand chose », alors j’ai pris ce qu’il fallait.

Il sortit de nouveau un étui en cuir noir contenant une vingtaine de flèches qu’il attacha autour d’elle.

- Je sais pas quoi dire…
- Contente-toi de m’embrasser fougueusement, ça me donnera du courage pour t’accompagner et te supporter ! ironisa-t-il.
- Si tu y tiens.

Elle se mit sur la pointe des pieds, l’embrassa sur le front et Xyn se mit alors à rosir.

- Je ne t’ai pas présenté Colette, continua-t-elle, elle va nous emmener voir Raine Sage.
- Colette Brunel ? L’Elue de la Régénération mondiale ?
- S’il te plait, appelle-moi Colette.
- Colette, d’accord. Où devons-nous nous rendre ?
- A l’ancienne ferme humaine d’Isélia.

Ces mots sonnèrent dur dans les oreilles de Xyn et Mégane s’en rendit compte.

- Tu peux rester ici, si tu veux… dit-elle doucement.
- Non… c’est toi qui m’a dis d’aller de l’avant… et puis que je devais te protéger, tu te souviens ?

Mégane rougit. Il pouvait être si gentil quand il parlait de la protéger. Et il était si facile de la faire rougir que cela l’agaçait de plus en plus.

- On y va ? demanda Colette
- On peut y aller, conclut Xyn.

Ils quittèrent ainsi le petit village d’Isélia et allèrent en direction de l’ancienne ferme humaine.
 
Ils arrivèrent près d’une porte blindée, brisée. Ils étaient arrivés à l’entrée de la ferme. Des dizaines de monstres occupaient le territoire.

- Y a foule ici ! murmura Xyn.
- Depuis que la ferme est abandonnée, expliqua Colette, des monstres ont installé leur territoire ici. Il n’y a pas d’autre entrée possible.
- Et bien si c’est ça, dit-il en dégainant son sabre, ça va pas être du gâteau.

Il s’avança sans se soucier du danger qui menaçait derrière son dos. Colette s’avança à son tour. Mégane restait immobile. Elle entendait un battement d’aile au loin, il se faisait de plus en plus précis, c’est alors qu’elle l’aperçu. Un corbeau fonçait directement sur Xyn.

- XYN ! hurla-t-elle.

Avant qu’il ne se retourne, Mégane pris son arc et décocha une flèche qui se planta dans le corps du volatile. Ce dernier tomba aux pieds de Xyn, qui ne pu s’empêcher d’ouvrir la bouche. Colette quant à elle, la fixait avec des yeux ronds. Mégane sourit de soulagement et s’approcha de Xyn.

- Tu devrais réfléchir avant de parler, lui souffla-t-elle à l’oreille, c’est plutôt moi qui te protège en ce moment.

Puis elle continua sa route sous le regard de Xyn. Colette le rejoignit.

- Je suis sure de l’avoir rencontrée quelque part.
- Qui ça ?
- Mégane, son visage m’est familier, mais je dois me tromper. Dépêchons nous, les monstres vont revenir !

Xyn rangea soigneusement cette information dans un coin de sa tête et rattrapa les deux jeunes filles. Ils passèrent par un escalier qui menait probablement au sous-sol. Xyn se sentait mal à l’aise dans cet endroit. A ses yeux, les fermes humaines ressemblaient toutes à des abattoirs. C’est alors qu’il vit Mégane se prendre la tête, s’accroupir et hurler de douleur. Il s’agenouilla à son tour paniqué.

- Mégane qu’est-ce qu’il se passe ? cria-t-il.
- Des voix… dans ma tête…, gémit-elle, elles pleurent… elles hurlent… ELLES ME FONT MAL !!!
- Calme-toi ! lui dit Colette.
- J’essaie mais j’ai mal. LAISSEZ-MOI !!!

Son exsphère se mettait à briller. Des rafales de vents entrèrent dans la salle et firent voler tout ce qui se trouvait dans celle-ci. Son pouvoir s’intensifia.

- Ah non Mégane ! supplia Xyn, par pitié ne commence pas à faire des tiennes !

Mais la jeune femme n’entendait pas. Elle se tenait la tête si fortement qu’elle en faillit s’arracher les cheveux. C’est là qu’il comprit qu’elle ne plaisantait pas du tout.
D’un coup, une rafale emporta Colette qui se fit plaquer contre le mur derrière elle. Une autre fit de même pour Xyn. Elle était à présent seule au milieu de la pièce se tordant de douleur.

- MEGANE ! hurla son ami.
- Il faut faire quelque chose ! cria à son tour Colette.
- Mais quoi ?!

Xyn était immobile, il pouvait à peine bouger et contemplait avec horreur Mégane.

- J’y vais !
- Quoi ! Mais tu ne sais même pas ce qu’il peut se passer !
- Je m’en tape ! Je peux pas la laisser comme ça ! Je l’ai…

Il se mordit les joues. Mais quelle absurdité allait-il dévoiler ! Il se décolla de son mur et se mit à ramper vers celle avec qui il avait partagé tant d’aventures depuis qu’il la connaissait. C’est avec elle qu’il avait sauvé les habitants d’Izoold, c’est avec elle qu’il avait sauvé Meltokio d’une purge sanglante, c’était avec elle qu’il avait raconté pour la première fois son passé… c’était avec elle qu’il avait dormi et avait faillit l’embrasser. Cela ne pouvait pas se terminer ainsi. Il accéléra le rythme.
Il arriva enfin au côté de Mégane. Elle ne l’avait même pas remarqué tellement elle souffrait. Son exsphère ne cessait de luire ainsi que tout son corps qui était, lui, entouré d’une intense lumière blanche. Des larmes coulaient sur ses joues rosées.

- Mégane, lui murmura Xyn, essaie de te calmer.
- Mais j’y arrive pas ! J’ai mal Xyn ! gémit-elle de nouveau.

Les rafales de vent se faisaient de plus en plus violentes et Xyn ne trouvait plus une solution. Il l’a prit alors dans ses bras, colla sa tête le long de son corps et se recroquevilla en boule afin de se protéger lui et Mégane.
Les minutes passèrent jusqu’au moment où les rafales devinrent de moins en moins violentes et de plus en plus petites. Les forces de Mégane commencèrent à l’abandonner. Puis, tout devint calme, tout s’arrêta, le danger était partit. Xyn la serrait toujours contre lui juste au moment où il entendit les derniers mots de Mégane avant qu’elle ne s’évanouisse.

- Xyn… merci… 

Mégane se réveilla, une heure plus tard, avec une terrible migraine. Une paire d’yeux noirs et deux paires d’yeux bleus la regardait avec des sourires bienveillants. Ceux de Xyn, de Colette ainsi qu’une femme aux cheveux argenté.

- Heureusement que je venais juste de terminer la mise en place des dispositifs pour détruire ce lieu maudit, remarqua la femme, une seconde de plus et s’en était fini de vous !
- Merci encore professeur. sourit Colette.

Professeur ? Une seconde... La seule personne que Colette appelait « professeur » n’était autre que Raine Sage. La personne qui serait susceptible de lui faire retrouver la mémoire. Elle se leva brusquement et se rappela alors de son terrible mal de tête et se rallongea.

- Evitez les mouvements trop brusques pour l’instant.
- Vous êtes… Raine Sage ?
- Oui ?
- Professeur, Mégane et Xyn sont venus de Meltokio de la part de Zélos dans le but de vous voir.
- Me voir moi ?
- Ca va vous paraître un peu étrange, commença Xyn, mais pour tout dire…

Il raconta tout ce qu’il s’était produit depuis le début de leur rencontre mais ne mentionna pas son passé. Il se contenta juste de dire ce qui les amenait ici tout en caressant les cheveux bouclés de Mégane, ce qui l’agaçait fortement mais ne le montra pas, épuisée par la forte dose de magie qu’elle avait « évacuée ».

- Je vois, répondit Raine après dix minutes de longues explications, retournons à Isélia, nous y serons mieux pour parler.

Elle se releva, suivi de très près par Colette et Xyn qui aidaient Mégane à se relever.

- C’est bon, dit-elle d’une voix douce, je vais essayer de marcher toute seule.
- Comme tu voudras… soupira le jeune homme.

Ils retraversèrent la longue allée qu’ils avaient empruntée quelques temps avant et atteignirent la sortie en prenant garde à toute attaque de monstres. Rien ne se produisit et le groupe passa sans crainte le portail de la ferme humaine. Le professeur appuya sur le bouton d’une télécommande et la ferme explosa à plusieurs endroits. Elle devint alors inaccessible. Tout était fini. C’est alors qu’ils entendirent une voix féminine venant de derrière eux.

- Une bonne chose de faite, dit la voix dont le ton était narcissique, dommage que la race ayant créé cette pourriture existe toujours.

Ils se tournèrent face au soleil et ne perçurent qu’une ombre se tenant droite, une lance à la main. Elle s’était nichée sur un immense rocher, dominant ses adversaires. On arrivait à distinguer seulement sa jambe gauche sur laquelle était enlacé, un serpent bordeaux, aux yeux dorés et aux crochets acérés. Xyn serra la mâchoire.

- Elypse…
- Oh Xyn ! roucoula-t-elle, cela faisait longtemps !
- Assez pour t’oublier !

Son visage se fit ferme. Son serpent glissa jusqu'à son épaule et elle descendit de son piédestal. Le groupe pu enfin la voir dans sa totalité. C’était une femme très grande au visage angélique (à première vue bien sûr, n’allez pas croire qu’elle était gentille !), aux traits fins, aux grands yeux bleus et aux longs cheveux blonds platine et lisses. Une fine tresse se dessinait dans sa chevelure. Elle était d’une maigreur incomparable (mais pas sur le point de ressembler à un sac d’os), une maigreur athlétique mais possédant les plus belles formes. Elypse portait des vêtements noirs, moulants taillés dans du cuir. Elle était vêtue d’un bandeau et d’une veste sans manche, montrant son nombril et faisant ressortir sa poitrine généreuse. A cela était assortit un pantalon dont la jambe gauche avait été déchiré et ressemblait à présent à un short. L’autre jambe était restée intacte, malgré quelques petites déchirures, par ci par là. Pour finir, elle portait de grandes cuissardes à talon haut. Elle était sublime mais sa lance aussi pointue qu’une aiguille montrait qu’elle était aussi dangereuse que son serpent. Elle avança de quelques mètre et s’arrêta, poursuivant la conversation :

- M’aurais-tu oublié moi ? Et notre magnifique histoire d’amour ?
- C’est avec mon frère que tu es et avec qui tu sors encore ! Moi j’aime pas les couguars !
- Couguar ! Moi ! s’énerva-t-elle ce qui la rendait ridicule, Mais on a un an d’écart !

Génial, s’il continu à me faire rencontrer toute la petite famille, je risque de croiser les grands-parents dans pas longtemps ! pensait Mégane.

- Mais venons en au fait, reprit Elypse de son ton narcissique, je ne suis pas venue pour toi mais pour cette Désian.

Elle désigna du doigt Raine qui la regardait d’un air de tueuse. Xyn, lui, déglutit et Mégane en eue le souffle coupé.

- Le professeur n’est pas une Désian ! intervint Colette, elle est une demie-elfe honnête et respectable !
- Désian ? Demie-elfe ? Où est la différence petite humaine ? Leur race est maudite, comme tout ce qu’ils touchent ! C’est pour ça qu’ils doivent être exterminés !

Elypse s’arma alors de sa lance et fondit sur Raine. Colette sortit ses anneaux et Mégane arma son arc. Xyn ne bougea pas. Un combat acharné commença avec d’un côté Elypse et son serpent, de l’autre, Mégane, Raine et Colette.
Raine se mit en position et commença ses artes magique. Colette envoyait ses anneaux sur le serpent pourpre aux yeux dorés et Mégane envoyait ses flèches en direction d’Elypse, qui ne sentait pas une pointe s’abattre sur son corps. Un pentagone s’était dessiné sous ses pieds. Elle faisait de la magie. Puis le temps sembla s’arrêter et elle lança son arte. Des rochers sortirent de la terre et s’abattirent sur Raine qui s’accroupit. Colette accouru.

- Professeur, elle fait de la magie !
- Ca ne m’étonne pas ! Tout à l’heure, elle t’a appelée « petite humaine » ! De plus, elle méprise les demi-elfes, il ne reste qu’une solution…
- C’est une elfe. intervint Xyn.

Il soutenait le professeur de l’autre côté avec l’aide de Colette.

- Allez vous assoir ! Je prends la relève…

Raine partit, aidé par Colette, s’assoir le temps de lancer un arte de soin sous le regard horrifié d’Elypse.

- Yan ne plaisantait pas alors quand il disait que tu t’étais allié à une demie-elfe. Tu as changé.
- Non, c’est lui qui a changé !

Avant que cette dernière ne se réarme, Xyn fondit sur elle, la déséquilibrant. Mégane lui envoya alors une flèche qui alla se planter dans son bras gauche. Elle recula vivement, évitant le coup fatal de Xyn et se mit à l’ombre d’un arbre. Elle les regardait, un sourire mauvais aux lèvres.

- Crois-tu qu’une simple flèche pourra m’arrêter ?

Elle empoigna cette dernière d’une main ferme et d’un geste vif la retira, faisant couler son sang le long de son bras. Mégane déglutit. Le serpent repris place autour du coup de sa maîtresse.

- Ce n’est que partie-remise…

Et elle disparue derrière un écran de fumée. Tout devint calme jusqu’au moment où Mégane decida de se décontracter à la manière de Xyn :

- Sympa la belle-sœur ! J’aime bien sa façon de s’habiller !
- Moi aussi, répondit Xyn en se prenant au jeu, tu devrais essayer, ça t’irais peut-être… seul problème… t’as pas la même taille de bonnets…
- Oui ça c’est vr… attend un peu, tu insinues que je suis plate !
- Vous parlerez de vos problèmes de morphologie plus tard, pour l’instant nous aimerions avoir, moi et Colette, une explication.

Ils se retournèrent tous les deux sur le visage énervé du professeur ainsi que sur le visage naïf de Colette.
 
Une fois arrivés à l’école d’Isélia, Xyn expliqua tout à Raine et à Colette, et par la suite parlèrent du problème de Mégane. Raine restait perplexe alors que Colette était suspendue à leurs lèvres et trouvait leur histoire remarquable.

- Pour ce qui est de ta mémoire, je ne peux malheureusement pas la faire revenir d’un coup de baguette magique, mais une personne qui a vécu ce genre de chose pourrait peut-être t’aider. Elle se trouve à Palmacosta.
- Palmacosta ? Merci beaucoup ! Nous n’allons pas vous déranger plus longtemps ! Merci de votre aide.
- En fait, j’aurai bien aimée venir avec vous, mon frère se trouve là-bas et j’aimerai savoir ce qu’il devient.
- Alors je viens avec vous professeur, dit Colette, cela fait longtemps que nous n’avons pas revu nos amis depuis la dernière fois.
- Dans ce cas, partez avec nous… proposa Mégane. Enfin si Xyn est d’accord.Il posa son regard sur Mégane et lui sourit.
- Pourquoi ne serais-je pas d’accord ?

Mégane baissa le sien à son tour.

- Bien ! conclut Colette, dans ce cas, partons demain. 
 
 
 







 
P.S de Punkupink : pour ceux qui l’aurait comprit, Xyn écrit un journal dans ce chapitre. Si j’ai le temps, j’essaierais d’en rédiger un afin que vous puissiez lire ses petits secrets (qui parleront peut-être de Mégane qui sait) ^^.                  
                    





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