Chapitre 5
La Contre-attaque




 

- Xyn, tu es là ?
- Mégane ?
- Xyn, j’ai peur ! qu’est-ce qu’ils vont me faire ?
- Ils ne te feront rien, je te le promets, j’arriverai à temps !
- Ils arrivent !
- Non ne t’en vas pas !
- XYN !

 
- Mégane !
 
  Le jeune homme venait de se réveiller, dégoulinant de sueur. Un bandage enroulé autour de son épaule était rougit de son sang. Il se souvint alors de la terrible morsure de S’set qui aurait dû lui couter la vie. Mais il se trouvait à présent dans une chambre, semblable à celle d’un hôtel mais qui n’en était pas une puisque qu’une photo de Marta étant petite, sur les épaule d’un homme qui ne devait être autre que son père était pausée sur la table de nuit. De l’autre côté se trouvait une bassine remplie d’eau ainsi qu’une serviette humide. Depuis combien de temps était-il là ? Sa question allait vite trouver réponse lorsque que Raine entra dans la pièce. Elle ne fut qu’a moitié étonnée quand elle vit Xyn assis dans le lit et le fut encore moins lorsqu’elle vit la couleur de son bandage. Personne n’osait prononcer un mot et chacun se fuyait du regard ne pouvant pas faire face à la tragédie qui tenait face à eux. Mégane avait été enlevée, la question que tout le monde se posait était : Où avait-elle été emmené ?
  La jeune femme s’approcha d’une commode et sortit de nouveaux bandages pour la blessure du jeune homme ainsi qu’une aiguille et du fil. Il se laissa faire quand celle-ci lui retira le pansement usagé et commença à nettoyer la plaie à l’aide de la serviette et de la bassine d’eau.
 
- Cela fait combien de temps que je suis ici ? demanda-t-il enfin en essayant d’être le plus calme possible.
- Deux jours, le poison de ce serpent était dur à faire ressortir. Je suis désolée mais je vais devoir te recoudre à vif. Prend ça, répondit-elle en lui tendant un chiffon qu’il serra entre ses dents.
 
  L’aiguille passait dans sa chair, ressortait, rentrait, ressortait (miam ! bon appétit pour celles et ceux qui lisent ça avant d’aller manger !), le faisant grimacer à chaque passage. Il ne grimaçait pas qu’à cause de ça, mais aussi du fait que Mégane n'ait pas été citée une seule fois dans toute la conversation, comme si elle n'avait jamais existé. Raine passa le dernier coup d’aiguille et coupa le fil. Puis, elle lui remit un bandage neuf. Il enfila sa chemise, se leva et suivit Raine, d’un pas peu serein.
 
- Et pour Mégane ?
- Nous ne connaissons pas l’endroit où ils se trouvent. Tout ce que nous savons c’est qu’un bateau à été volé hier. Le propriétaire nous a vaguement décrit une femme magnifique mais qui l’avait menacé de se faire mordre par un serpent. A la place, il a été assommé. Il a eu plus de peur que de mal.
- C’est tout ?
- C’est tout…
 
  Xyn rebroussa chemin et prit son sabre qui était soigneusement posé à côté de l’arc de son amie. Il l’attacha à sa taille comme à son habitude, attacha l’autre arme dans son dos ainsi que le carquois et sortit d’un pas rapide.
 
- Où comptes-tu aller comme ça ? demanda la jeune femme qui courait sur ses talons.
- Au temple de la glace, c’est là qu’ils l’ont emmenée.
- Et tu comptes y aller seul ? Pitié ! Tu n’es même pas encore rétablie !
 
  Il se retourna et fixa droit dans les yeux la demi-elfe.
 
- C’est la mort qui attend Mégane là bas ! Réfléchissez ! Soit elle mourra de froid, soit ils la tortureront pour obtenir ce qu’ils désirent le plus ! Vous croyez que je vais rester patiemment ici à attendre que ces malades la tuent à petits feux ?
 
  Raine restait silencieuse, impassible et étrangement calme. Elle haussa les épaules :
 
- Très bien, fais comme bon te semble. Après tout ce n’est pas moi qui me dirige vers la mort plus facilement que mes ennemis l’auraient imaginés.
 
  Il fût choqué dans ses mots. Après tout, la jeune femme avait bien raison. Il se jetait tout droit dans la gueule du loup. La probabilité d’en ressortit vivant avec Mégane était d’environ une sur des milliers. Il s’assit alors sur la chaise présente devant lui et posa les mains sur son front.
 
- Que proposez-vous ?
- Que tu écoutes ce que nous avons à te proposer et que tu nous laisses venir avec toi, moi et les autres.
- …
- Je connais très bien le temple de la glace, tout comme Colette, Génis, Emil ou Marta puisque chacun de nous y a pausé le pied au moins une fois.
- Y êtes-vous retournez depuis ?
- Non… A-t-il changé ?
- Pour être franc, je n’en sais rien puisque que je n’y suis jamais allé…
- Raison de plus pour rester avec nous, sourit-elle gentiment.
 
  En l’espace d’un instant, tout fut entièrement calme. Le jeune homme s’avoua vaincu et le regretta amèrement.
  Mais au moindre faux pas de ses coéquipiers, il n’hésiterait pas un seul moment ; il partirait qu’il connaisse ou non, l’endroit où il se trouverait.
  Et là, il frapperait (bon c’est vrai, pour l’instant, il ne peut pas trop, surtout le bras gauche !).
  Pendant ce temps, Raine était retournée en cuisine préparer le repas pour tous (Aïe ! espérons qu’elle se soit améliorée). Une immense cocotte en fonte mijotait sur le feu d’où émanait une odeur exquise (quoi ?!) qui se dissipait dans toute la maisonnette. A l’aide d’un torchon, elle ôta le couvercle et commença à remuer les différents aliments, morceaux de viande, carottes, pommes de terre ; un ragoût à première vue. Une sauce onctueuse enrobait les aliments dans une chaude robe marron. La préparation fumait, bouillonnait. Le repas était prêt. Il ne restait plus que tout le monde arrive et s’installe à table.
  Comme si la jeune femme avait pensé trop fort, Emil, Marta, Colette et Génis passèrent le seuil de la porte, une triste mine sur leur visage. Mais voyant Xyn, les bras croisés, allongé sur la table, encore plus dépité que toute la troupe réunie, ils se forcèrent à sourire afin de se redonner un peu d’espoir malgré les chances minimes qu’ils avaient pour retrouver Mégane. Les trois adolescents s’étaient rendus plus tôt chez la veuve Dorr, ancienne femme du gouverneur général afin de savoir si un bateau de pêche, ressemblant à celui volé il y a deux jours, avait fait halte dans un port où autre. En effet le bateau avait été retrouvé, non loin de Meltokio… mais brulé. Les voleurs n’avaient laissé aucunes traces de leur passage, mais peu de temps après un bateau, qui habituellement, s’occupait de l’approvisionnement en nourriture pour la ville de Sybak (et oui ! on ne peut pas et faire pousser des légumes et passer toute la journée le nez dans un bouquin sur l’anatomie du corps d’un monstre ou je ne sais quels autres livres scientifiques !) s’était rendu exclusivement à Flanoir. Cela ne fit que renforcer les soupçons de Xyn qui s’était levé afin d’aider à mettre la table et qui écoutait attentivement chaque renseignement qui pourrait leur être précieux à tous. Raine apporta la cocotte, la posa au centre de la table et commença à servir tout le monde.
  Le début du déjeuné se passa en silence, un silence de mort. Personne ne savait quoi dire sans penser un seul moment à leur amie.
  Le jeune homme aux longs cheveux nattés avait le moral au plus bas. Il titillait de sa fourchette, le malheureux morceau de viande qui restait dans son assiette ainsi que les pauvres légumes ramollis dans la sauce. Marta se lança :
 
- Génis, tu cuisines toujours aussi bien !
- Merci. Je dois dire que contrairement à ma sœur, je n’évolue pas dans le mauvais sens !
- Comment oses-tu dire ça ! s’énerva Raine. Je t’ai quand même aidée à le préparer ce repas !
- Tu n’avais qu’à le réchauffer !
 
  Emil rappela alors le trio en donnant un coup de pied dans la jambe du demi-elfe. L’heure n’était pas à la plaisanterie en désignant discrètement de la tête Xyn qui n’avait pas prêté un seul moment d’attention à la conversation. Le jeune garçon aux cheveux argentés essaya de rattraper le coup :
 
- Ne t’inquiète pas, je suis sur et certain qu’elle n’est pas morte !
- Evidemment qu’elle n’est pas morte ! s’énerva l’autre faisant tomber violement la chaise sur le parquet. Je le sais ça ! C’est ce qu’ils vont lui faire qui risque de lui coûter la vie !
- Qu’est-ce qu’ils vont lui faire ? demanda Emil, peu sûr de la réaction que Xyn allait avoir.
 
  Ce dernier alors le dévisagea, incapable de prononcer un mot. Il en avait trop dit.
 
- J’en sais rien moi ! tenta-il.
- Tu en a trop dit, continua Génis qui sentait que la vérité allait éclater, il faut que tu nous le dises.
 
  Xyn baissa la tête et laissa sortir un juron que ses amis ne prirent pas en compte. Tous ce qui leur importait, c’était la vérité, rien qu’elle.
 
- C’est à propos du passé de Mégane, n’est-ce pas ? soupçonna Raine.
 
  La demie-elfe avait comprit ce qui le tracassait à ce point. Il se rassit et croisa les bras.
 
- Promettez-moi de ne rien lui dire si on arrive à s’en sortir, je m’en chargerai personnellement.
- Elle le saura un jour où l’autre de toute façon… rétorqua Colette.
- Vous le promettez oui ou non ! s’impatienta Xyn en regardant Raine droit dans les yeux et ne tenant pas compte un seul moment de l’allusion de Colette.
 
  Il y eu un long silence. Raine le regarda de haut (normal, en même temps elle était debout alors que lui était assit) Xyn, elle fronçait les sourcils et semblait presque effrayante. Le jeune homme faisait de même en étant aussi impressionnant qu’elle. On aurait dit qu’un combat allait avoir lieu ici même, dans la salle à manger. Mais rien ne se passa et La jeune femme se contenta de soupirer profondément :
 
- Je ne vois pas à quoi cela servira, mais soit, j’accepte.
 
 
Temple de la Glace…
 
- Oh gamine ! Réveille-toi, tu as de la visite ! aboya le garde à la porte de la cellule.
 
  Mégane ouvrit péniblement les yeux. Depuis un jour, elle était enfermée ici. Un jour de traversée, premier jour d’emprisonnement. Elle était couverte de bleus et de plus… elle mourrait de froid. Sa robe de soirée n’étant pas conçue pour des endroits… plus que glacials la réchauffait à peine. Les chaînes qui étaient à ses poignets la faisaient terriblement souffrir. A cause d’elles, la jeune fille restait assise toute la journée (en fait, pour être plus précise, les chaînes étaient en hauteur donc ses bras aussi, ce qui fait que si elle essayait de se relever, bah elle se déboiterait les épaules ce qui est quand même, franchement pas pratique !) sur le sol de glace. Elle redressa la tête et rencontra deux yeux noirs. Ceux de Yan, frère jumeau de Xyn, accroupit, juste devant elle, un sourire prétentieux aux lèvres.
 
- Bien dormis, mon amour ?
- Tu sais où tu peux le mettre ton « amour » ! l’agressa Mégane.
- Oh pitié ! De si vilains sous-entendus dans la bouche d’une si jolie fille… se plaignit le Poursangseurs comme s’il parlait à une enfant de huit ans. Et puis, pourquoi t’es-tu laissé faire quand nous étions sur la colline ?
- Crois-tu que si je me serais laissé faire comme tu dis si j’avais su quel monstre tu étais ?
 
  Le jeune homme se releva, vexé du propos de Mégane. C’était la première fois que quelqu’un osait lui tenir tête. Mais c’était la seule réponse que la jeune fille avait trouvée pour ne pas rendre Yan encore plus prétentieux que maintenant. En effet, ce soir là, elle l’avait trouvé romantique et doux et n’avait pas pu résister à son charme. Ce n’est que quelque instant après que la jeune femme s’était rendu compte de son erreur et l’avait regretté amèrement.
  Mais, il en fallait plus pour déstabiliser un Poursangseurs. Très vite, Yan repris de l’allure et sortit de sa veste noire une couverture kaki parfaitement pliée avec laquelle il entoura Mégane.
 
- Merci, fit-elle surprise.
- Alors comme ça le monstre que je suis à le droit à un peu de gratitude. C’est très flatteur.
- Ne vas pas croire que j’ai de la compassion !
- Je ne crois rien du tout. Tu es une sorte d’ennemie après tout.
- Une sorte ?
- Oui une « sorte » puisque tu vas m’aider dans ma quête.
- Tu peux toujours courir ! Jamais je t’aiderai !
- Sauf que tu n’as pas le choix, Elue, ricana-t-il.
 
  Il commença à s’éloigner lorsque que Mégane lui posa une question :
 
- Comment m’avez-vous appelé ?
 
  Il se retourna. Tiens, elle se mettait à le vouvoyer sans même sans rendre compte. Yan s’approcha d’elle et lui souffla à l’oreille :
 
- Tu te souviens n’est-ce pas ? C’était comme ça que l’on t’appelait… Elue… Elue de la Régénération…
 
  Ses mots sonnèrent dans son cerveau et d’un seul coup, ses yeux devinrent entièrement blancs. Un de ses souvenirs refaisait surface. Elle était à présent, incapable de se défendre face à Yan qui commençait à la délier de ses chaînes.
 
 - C’est ça rappelle-toi… continua-t-il à lui murmurer, rappelle-toi de ton voyage… rappelle-toi des épreuves que tu as endurées… maintenant qu’il est trop tard pour que tu fasses marche arrière, te rappeler sera peut-être l’un de tes derniers souvenirs… juste avant de mourir une seconde fois.
 
Palmacosta, chez Marta…
  Tous étaient restés silencieux, choqués d’avoir appris la vérité. Personne ne s’attendait à un tel retournement de situation, surtout Colette qui se rappelait vaguement de Mégane lorsque qu’elles s’étaient rencontrées pour la première fois à Isélia.
 
- Donc si je comprends bien, dit tristement cette dernière, moins elle en savait sur son passé et mieux elle était en sécurité.
- C’était le but recherché en effet, avoua Xyn, jusqu'à ce qu’on arrive à Meltokio où tous les évènements se sont enchaînés et nous amène finalement. Si je lui avais interdit de trouver quelqu’un pour retrouver la mémoire, elle aurait soupçonné quelque chose.
- Et à présent elle est en danger de mort, intervint Génis.
 
  Personne ne répondit, redoutant le pire pour Mégane à l’heure qu’il était.
 
- Il faut se battre ! s’exclama Emil.
 
  Tout le monde se tourna vers lui. Il était le seul à espérer.
 
- Il faut se battre ! répéta-t-il. Vous avez tous perdu espoir ou quoi ? Je suis sûr et certain que Mégane n’a pas encore mit les pieds dans la tombe, dit-il en se tournant vers l'Elue. Colette, tu as toujours cru en Lloyd quand nous t’avons raconté qu’il nous avait pris le noyau de Lumen et organisé une tuerie à Palmacosta, ici même ! Où nous parlons.
- Oui c’est vrai, répondit la jeune fille blonde.
- Marta, lorsque que nous croyions que Tenebrae était mort, tu es allée le chercher au fin fond du Temple de l’Obscurité alors que ce jour là, je me souviens de t’avoir entendu dire que tu détestais les endroits sombres.
- Emil,…
- Raine, Génis,… Cela faisait déjà peu de temps que l’on se connaissait et c’est vous deux qui avait accomplit le plus long du voyage avec nous. Lorsque que nous étions restés, Marta, moi et Regal à Izoold, vous avez continué la recherche des noyaux de Centurions en allant à Flanoir alors qu’au départ, rien ne vous empêchait de ne pas vouloir y aller.
- C’est exact… répondit simplement Raine.
- Effectivement, nous avons toujours l’habitude d’en faire un peu trop par moments, plaisanta son frère.
- Quant à toi, Xyn, Mégane a toujours comptée sur toi depuis le début de votre voyage. Tu l’as protégée des Poursangseurs depuis le début et là, encore, elle t’attend au Temple de la Glace que tu viennes la chercher.
 
  Xyn ne répondit pas. L’envie du garçon était impressionnante qu’il en perdit ses mots. En cinq minutes, il avait redonné confiance à son équipe. Il se contenta juste de dire simplement :
 
- Il nous faut un plan d’attaque…
- Des provisions ! enchaîna Colette tout sourire.
- Un magicien digne de ce nom ! continua Génis.
- D’une soigneuse…
- Et d’alliés ! s’enthousiasma Marta.
- Je pense que c’est dans nos cordes, compléta le demi-elfe, il faut juste aller les chercher.
- Alors dans ce cas j’irai ! se proposa Colette.
- Je resterai ! répondit la jeune fille aux longues couettes.
- Non, Marta, contra Emil, sans le noyau de Ratatosk tu n’es plus en mesure d’utiliser la magie et tu t’es énormément affaibli. Nous irons tous les deux avec Colette.
- D’accord.
- Dans ce cas, continua Xyn, nous passerons devant.
- Exact, affirma Raine. Nous irons tous les trois au Temple de la Glace. Vous qui serez l’équipe secondaire, vous effectuerez la seconde attaque. Les gardes n’auront pas le temps de s’en rendre compte, trop occupés avec nous. C’est là que vous interviendrez.
 
  Tous hochèrent la tête. Le plan était en place.
 
  A la fin de la journée, la maisonnette était entièrement vide. Colette, Marta et Emil partait en direction d’Isélia en espérant d’y trouver Lloyd.
  Raine, Génis et Xyn prirent la direction du port après avoir acheté suffisamment de provisions pour le voyage qui s’annonçait. Ce dernier avait emporté l’arc de sa bien aimée… Au cas où.
  Tous les trois embarquèrent sur un vieux bateau de pêcheur retransformé en un bateau de croisière faisant route pour Flanoir. Le voyage fut mouvementé. La moindre vague faisait tanguer le bateau violement. Raine qui ne supportait pas ce genre de voyage resta dans sa « cabine » toute la journée à vomir tripes et boyaux. Une chose était sûre, elle ne supportait pas la mer.
  Le lendemain, en fin d’après-midi, ils arrivèrent dans la ville enneigée, dominée par une magnifique église. Des enfants jouaient dehors à réaliser des bonhommes de neige chaudement emmitouflés dans leurs vêtements d’hivers.
  Ils entrèrent dans l’hôtel où ils prirent une chambre afin d’y déposer leurs affaires et de se préparer pour cette nuit. Une nuit qu’ils n’étaient pas près d’oublier. Tout le monde était inquiet. En même temps, ils se jetaient droit dans la gueule du loup. Espérons que leur plan allait marcher, sinon ils étaient fichus.
  Raine se préparait pour ce soir, anxieuse. Pas parce qu’ils allaient faire quelque chose relevant de l’impossible, mais pour Xyn. Serait-il capable de combattre son propre frère s’il le fallait ? Au point de le tuer pour sauver Mégane ? Ou se laisser se faire tuer ? Elle le sentait mal.
 
- Minuit, ce soir… dit une voix près de la porte.
 
  La jeune femme se retourna sur Xyn, calme et sérieux.
 
- Ca n’a pas l’air de t’alerter plus que cela… déclara la demie-elfe.
- J’ai appris à laisser ma peur de côté au sein des Poursangseurs. Chaque assaut que nous devions mener à cette époque était un instant de tension. C’est pour ça que l’on nous disait de rester calme à tout moment, de ne laisser paraître aucune peur, de ne se laisser perturber par aucuns bruits. Ainsi, nous nous sentions invincibles face à l’ennemi. C’est à ce moment là que je suis partit.
 
  Raine laissa échapper un rictus qui ne passa pas inaperçu. Elle poursuivit :
 
- Ce soir, si ton frère est là,…
- Je laisserai mes sentiments familiaux de côté. Mégane est mon seul objectif.
- Bien.
 
  Raine sortit de la pièce, laissant Xyn seul.
  En réalité, il avait mentit. Il ne savait pas lui-même comment il allait réagir face à son jumeau. Il n’avait pas pesé le pour et le contre dans son esprit. Il descendit à son tour rejoindre ses amis qui l’attendaient pour manger.
 
  Minuit.
  La bombe à retardement était enclenchée.
  Raine, Génis et Xyn sortirent de leur chambre, armés, prêts à affronter l’impossible. Tout était calme dehors, la ville sommeillait depuis peu. Une fine neige tombait du ciel étoilé. Mais les trois compagnons n’avaient pas le temps de s’attarder sur le paysage. Très vite, ils partirent en direction du Temple de Glace.
  La neige s’accumulait de plus en plus en mesure qu’ils s’éloignaient de Flanoir. Ils se trouvaient à présent dans la campagne près d’un ruisseau gelé par le froid.
  Ils étaient arrivés.
  Des gardes se trouvaient à l’entrée de la grotte, pas tellement passionnés par leur travail. Il fallait s’en débarrasser au plus vite.
  Xyn sortit délicatement son sabre de son fourreau et Génis activa sa magie. Raine recula afin de pratiquer ses soins le plus discrètement possible.
  L’assaut commença.
  Les gardes ne s’y attendaient pas et furent vite déstabilisés. Génis envoyait son arte Pluie de glaçon tendit que Xyn attaquait avec des Doubles crocs démoniaques.
  Mais le combat fut de courte duré lorsque que Raine se fit remarquer derrière son gros bloc de glace. Un troisième soldat venait de la trouver.
 
- Eh vous deux, lâchez vos armes ou dites adieux à votre amie ! cria le Poursangseurs.
 
  Xyn et Génis n’eurent pas le choix. Ils déposèrent leurs armes à terre. Si le l’homme n’avait pas le visage caché, on aurait parié qu’il ricanait à ce moment là.
  Mais quelque chose d’inattendue se produisit. Le garde qui tenait Raine fut frappé à la nuque et tomba dans la neige.
 
- Mais qu’est-ce que… parvint à balbutier Xyn.
 
  Aussitôt, les deux autres gardes furent exterminés par un coup d’épée.
  Le combat était finit.
 
- Bien joué Sheena, cria Génis, on peut dire que tu es arrivé à temps.
- Attends, attends… Qui est Sheena ?
- C’est moi.
 
  De l’ombre sortit une femme entièrement vêtue de mauve. A sa taille, un énorme nœud rose lui servant probablement de ceinture, remontait sa poitrine. Ses cheveux étaient d’un violet sombre et se mariaient parfaitement avec ses yeux de félins, mélange d’or et de marron. Xyn ne put se retenir. Sa mâchoire inférieure se déboita.
 
- Et moi ! Pourquoi on m’oubli toujours ! se plaignit une voix derrière elle.
- Oh non pas lui, par pitié ! ragea Xyn qui reconnut la voix de Zélos.
 
  Le bel homme aux longs cheveux rouges s’avança à son tour, un sourire benêt aux lèvres.
 
- Ah, ma Sheena ! dit-il en la prenant dans les bras, toi et moi formons la meilleure équipe du monde !
- Ote tes salles pattes de moi ! cria-t-elle en lui écrasant le pied.
- Aïeuuuh ! Mais comment les hommes de Mizuho font pour t’approcher ?
- Qu’ils essaient seulement !
- Peut-on savoir ce que vous faites ici exactement ? les coupa Raine.
- Demande à ce crétin d’Elu ! Lui, a la langue bien pendue.
 
  Elle se tourna vers Zélos qui prit soudain, un air plus que sérieux.
 
- Nous sommes venus délivrer la petite !





 



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