Chapitre 7 

Niflheim, la Porte du Domaine Démoniaque (Vraie fin)






 
  Les rayons du soleil perçaient à travers les épais rideaux de velours rouges. Il avait énormément neigé sur Flanoir cette nuit et les enfants se ruaient déjà sur les grands monticules pour commencer des bonhommes, d’autres, pour créer des batailles inoubliables de boules de neige.
 
  Xyn dormait encore, la tête sous l’oreiller. Il ne devait pas être loin des dix heures du matin, mais il ne voulait pas bouger d’un pouce. Depuis près de deux mois, il n’arrivait plus à dormir à cause des nombreux évènements qui avaient chamboulé sa petite vie (presque) paisible. Son amie n’était autre qu’une des anciennes Elue de la Régénération qui était censée être morte il y a soixante ans et qui par la volonté de la déesse était revenue à la vie pour garder avec un Esprit qui était le créateur du monde dans lequel il vivait, la porte du Domaine Démoniaque. Son frère avait créé l’Exsphère parfaite, et pour couronné le tout, il allait surement le retrouver au fin fond du Ginnungagap pour disputer un combat ou forcément, l’un d’eux perdrait la vie. Il tira la couverture sur lui, le plongeant dans le noir total et se rendormi comme une masse.
  Ce n’est qu’une heure plus tard qu’il descendit au restaurant de l’hôtel ou la plupart de ses amis s’étaient rejoints autour d’un verre. Étrangement, il manquait plusieurs membres mais le jeune homme ne s’en rendit pas compte et alla s’asseoir au côté de Génis, Raine, Sheena et Zélos qui ne put s’empêcher de lui demander d’un ton ironique :
 
- Alors la belle au bois dormant, bien dormi ?
- Le jour où vous aurez quelque chose d’intéressant à dire, Mister l’Elu, j’espère que je serai le premier avertis, répondit le brun sur un ton tout aussi ironique.
 
Il prit une gorgée du verre que le serveur venait de lui apporter. Probablement offert par la maison… Génis murmurait quelque chose à l’oreille de la ninja qui ne passa pas inaperçue.
 
- Il ne s’est rendu compte de rien ?
- Apparemment non. C’est quand même bizarre…
- Qu’est-ce qui semble si « bizarre » ? demanda Xyn, un léger sourire aux coins des lèvres.
- N’as-tu rien remarqué d’anormal ? sourit Zélos à son tour.
 
Le jeune homme fronça les sourcils et regarda tout autour de lui. Mais rien ne semblait avoir changé depuis la veille. Il regarda alors le petit groupe qui le fixait avec insistance.
 
- Je ne vois pas, répondit-il tout simplement en buvant une nouvelle gorgée.
- Mégane est partie ! cria Zélos tout joyeux.
 
Xyn s’étrangla et se mit à tousser bruyamment dans tout le restaurant sous le regard des autres clients qui les regardaient, les yeux ronds.
 
- Q-quoi ?! parvint-il à prononcer la gorge serrée.
- Mégane voulait revoir les lieux de son passé avant de partir pour le Ginnungagap, expliqua Raine.
- Plus précisément, compléta son frère, les lieux où les esprits étaient enfermés.
- Toute seule ?
- Bravo ! hurla une nouvelle fois l’Elu. Je vois que tu n’as toujours pas appris à compter en l’espace d’une semaine !
 
Il se tut et se rendit compte qu’ils n’étaient que cinq autour de la table.
 
- Attendez… Ca veut dire qu’elle est partie avec Colette, Emil, Marta, le grand baraqué, le gars en rouge et la naine aux couettes roses ?
- Ils ont des noms… soupira Sheena.
- Et c’est Regal, Lloyd et Préséa… fit de même le demi-elfe.
- Et pourquoi elle ne m’a pas prévenue ?
- Parce que Monsieur dormait et que l’on n’avait pas de prince charmant sous la main pour te réveiller !
- Elle pensait que tu avais besoin de repos après ce qu’il t’était arrivé…
- Mais il ne m’est jamais rien arrivé !
- Nooon ! Bien sûr ! dit Zélos en levant les yeux au ciel. C’est sûr qu’au Temple de la Glace, tu avais une pêche d’enfer quand tu es ressorti. Miss Roploplo a dû te porter tout du long…
 
La jeune envoya à ce moment là, des dizaines de carte sur le jeune homme, ce qui lui cloua le bec. Elle croisa les bras, satisfaite. Elle continua à sa place.
 
- Nous étions tous affaiblis et fatigués. Nous avons donc laissé notre place à ceux qui étaient en meilleur « santé ».
 
Xyn resta silencieux un long moment tandis que Zélos essayait désespérément de retirer les cartes de sa figure. Il se leva soudainement et commença à se diriger vers la sortie.
 
- Où vas-tu ? demanda Raine.
- Faire un tour. Après tout, il n’y a plus que ça à faire.
- Oh ! je n’en suis pas si sûr ! répondit Zélos qui avait réussi à se dépêtrer de ses cartes. J’ai une meilleure chose à vous proposer.
- Laquelle ? demanda à son tour Génis.
- Meltokio n’est pas si loin que ça…
- Venant de ta part, soupira Sheena, je m’attends tout de suite au pire !
 

 
Ruines de Triet…
 
  Le deuxième groupe s’était arrêté un peu avant l’autel d’Ignis, le Centurions du feu. Il y régnait une chaleur étouffante. En même temps, les ruines se trouvaient en plein désert et même s’ils se trouvaient à l’intérieur, les monstres d’élément feu qui étaient présents réchauffaient les lieux dans lesquels ils séjournaient. Colette et Mégane s’étaient avancées vers l’autel. Les autres étaient restés en retrait. La jeune fille aux cheveux châtains ne savait que dire. Tous ses souvenirs se bousculaient dans sa tête. Colette souriait. C’est ici qu’elle avait reçu son premier don de l’Ange Rémiel…
 
- C’est ici que j’ai reçu… commença Mégane.
 
La jeune femme blonde se tourna vers elle et sourit de plus belle.
 
- Mes ailes…
- Moi aussi…
- J’ai dû les perdre après avoir servit de réceptacle.
- Elle était quelle couleur ? demanda Lloyd qui s’était approché.
 
Elle réfléchi de nouveau, puis sourit.
 
- Vertes. Comme mes yeux…
- Pourquoi dis-tu les avoir perdues ? s’avança alors Regal.
- Elles ne sont pas apparues une fois depuis que je suis revenue… A la vie.
 
Un frisson lui parcouru tout son corps. Penser qu’elle revenait d’entre les morts sortait tout droit d’un film de sciences fictions.
 
- Peut-être que tu n’es pas encore prête.
 
  Mégane baissa la tête. Pour la première fois depuis sa rencontre, elle entendait Préséa parler d’une voix magnifiquement pure.
  Marta tenait la main d’Emil fermement. Elle aurait tant espérer revoir Tenebrae au Temple de l’Obscurité (oui cela n’a rien à voir avec les problèmes de mémoire de Mégane, Emil et Marta s’étaient rendus seul au Temple de l’Obscurité) tout à l’heure. Peut-être aurait-il sentit leur présence et se serait manifesté. Mais rien ne s’était produit. Peut-être était-il encore au Ginnungagap, près de Ratatosk.
 
- En devenant gardienne de la porte, tu à peut-être oublier cette capacité et tu t’es tout simplement focalisée sur les autres qui selon toi, étaient plus appropriées, expliqua la jeune fille aux couettes roses.
- Probablement.
- J’en suis sûre, intervint Colette. Les Anges n’ont pas l’habitude de reprendre des choses qu’ils ont données auparavant. Sinon, cela ferai longtemps que je ne volerai plus.
 
Mégane sourit. Colette trouvait toujours les mots justes pour redonner le sourire aux autres et faisait partager sa joie avec tout le monde. Elle ne se souvenait pas d’avoir sourit autant dans son ancienne vie.
 
- Nous ferions mieux de rentrer, dit Regal. Je crois que Zélos m’avait dit avant de partir, qu’ils se rendraient certainement au Colisée de Meltokio.
- Bonne idée, renchérit Lloyd. Un bon entrainement avant le voyage final ne me ferai pas trop de mal ! Est-que tu as vu tous les endroits que tu voulais voir ?
- Oui. Heureusement que nous sommes partis très tôt. Je n’aurai jamais pensé que le voyage serait aussi long…
- Emil ! cria Lloyd dans sa direction. Je veux me battre contre toi lorsque nous seront arrivés.
- Qui a dit que je me battrais ? marmonna le garçon blond.
 

 
Colisée de Meltokio…
 
- Finalement, ton idée n’était pas si mal que ça !
- Quoi ! fit l’Elu. Mademoiselle Sheena Fujibayashi complimente une de mes idées ! Viens dans mes bras que je t’embrasse !
- Bats les pattes, crétin d’Elu !
 
  Raine, Génis et Xyn s’étaient assis sur les marches du Colisée. Aucuns combats n’avaient débutés. « Ca sert quand même d’être Elu ! » avait dit Zélos. Grâce à lui, ils avaient réquisitionné la bâtisse pour eux tout seul. « Personne ne viendra vous importuner Elu » avait répondu la réceptionniste qui était tombée sous son charme. Xyn se leva et provoqua ce dernier :
 
- Eh ! Le rouquin ! Au lieu de tripoter les filles, venez plutôt combattre !
 
Il descendit dans l’arène, suivit par Zélos qui semblait confiant. Le combat allait être prometteur.
 
- Crois-tu vraiment qu’un gamin comme toi, puisse vaincre un homme comme moi ?
- Je ne crois pas, j’approuve.
- Tu n’es même pas capable de tenir tête à ton frère !
- Vous non plus si je me souviens bien ! Rappelez-vous, ce n’était pas si loin…
 
Zélos fondit sur le jeune homme qui l’esquiva de justesse. Il dégaina son sabre. L’Elu l’avait prit en traite ! Il allait le regretter amèrement.
 
- Comme c’est fort regrettable. Tu n’es même pas capable de parler en te battant en même temps. Pathétique !
 
Ce fit au tour de Xyn de fondre sur lui. Mais l’Elu était aussi agile qu’un chat et retomba sans problème sur ses pieds. Il eu un sourire victorieux.
 
- Crois-tu que ce magnifique corps aurait pu se faire taillader par ce truc qui te sert de sabre ?
- Magnifique corps ? Arrêtez vous allez me faire rire ! Pourquoi Sheena s’enfuit à chaque fois que vous tentez de l’approcher ?
 
Zélos lança l’arte foudre qui s’abattit droit sur lui et lui fit comme un électrochoc. La jeune femme, elle, rougissait. Mais qu’avait-elle à voir là-dedans ?
 
- J’ai pas mal ! essaya de se convaincre Xyn dont les cheveux créaient des étincelles.
- Quand vont-ils cesser de parler et se battre pour de vrai ? demanda Génis à sa sœur.
- Leur but est de savoir lequel des deux craquera en premier. L’un répond aux provocations de l’autre et vice-versa. De vrais gamins !
- Entièrement d’accord avec toi ! acquiesça Sheena d’un signe de tête.
 
Xyn venait de donner un coup dans l’abdomen de Zélos qui se recroquevilla sur lui-même. Au tour du jeune homme brun d’afficher un sourire victorieux. Mais le rouquin se redressa comme si de rien n’était (ou presque).
 
- T’as de la guimauve dans les poings… dit-il essoufflé.
- Avouez quand même que ça vous à « coupé le souffle » !
- Je crierai pas victoire trop tôt si j’étais toi.
 
Un petit volcan se forma alors sous les pieds de son adversaire. Xyn se décala simplement sur la côté.
 
- Vous croyez vraiment que ça allait marcher ? Ca ne marche pas avec m…
 
Zélos lui redonna le coup que Xyn venait de lui administrer. Le jeune homme se plia en deux.
 
- Heureusement que ça n’ai pas marché. Sinon, je ne me serais pas fait ce plaisir de te rendre ton coup.
- Vous baissez votre garde trop vite…
 
L’Elu n’eu pas le temps de réagir et Xyn lui donna un coup dans la tête. Il s’écroula sur le sable, inconscient.
 
- C’est qui le plus fort ? murmura-t-il satisfait.
 
Puis, il s’écroula à son tour, sous les coups d’un autre.
 
- Ouais ! hurla son attaquant. J’ai gagné !
- Lloyd, soupira Regal, c’était un coup bas…
- Je sais ! Mais personne n’a rien vu !
- Tout le monde à vu Lloyd ! intervint Colette.
- Mais avouons quand même que c’était bien trouver, approuva Sheena qui était descendue dans l’arène. Ces deux commençaient à devenir pénibles à force de s’envoyer des vannes pour un oui ou pour un non.
- On s’occupe des les soigner.
 
  Mégane et Raine s’étaient agenouillées au côté de Colette et commencèrent leur arte de soin. Les autres filles s’étaient approchées à leur tour et les regardait faire. Les garçons, quant à eux, commençaient à s’échauffer, même Emil qui n’était pas très partant pour un combat.
  Les deux inconscients ouvrirent les yeux en même temps sur les six filles qui les regardaient comme des extraterrestres.
 
- Alors c’est à ça que ressemble le paradis, murmura Zélos.
- A peine réveillé, il faut qu’il dise des âneries pareilles, soupira la demi-elfe.
- Bon sang ! grogna Xyn. Quel est l’abrutit qui m’a prit en traitre !
- Un simple merci me suffira, marmonna Mégane.
 
  D’autre combat eurent lieu dans la journée comme celui de Lloyd et d’Emil, qui, à sa grande surprise, remporta haut la main. Génis accorda la victoire à Préséa qui ne voulait pas voir blesser par un des ses sorts. Raine et Mégane s’occupait surtout des soins à prodiguer sur les blessés tandis que Marta s’amusait à coiffer les cheveux de Colette. Sheena quant à elle, n’arrêtait de courir après l’Elu qui lui avait une fois de plus, prit ses cartes d’invocation. Xyn avait quitté le Colisée « pour une course urgente ».
  En réalité, le jeune homme s’était rendu au laboratoire de recherche de la ville, pour récupérer les analyses qu’il attendait depuis maintenant deux mois. Le chercheur roux aux lunettes rondes l’accueilli une seconde fois dans l’enceinte du bâtiment et lui tendit l’enveloppe qui contenait les résultats de ses recherches. Xyn l’a pris et regarda la fine écriture à l’encre noire. Puis, il approcha sa main de l’ouverture et se rétracta aussitôt.
 
- Quelque chose ne va pas Monsieur ? demanda le chercheur.
- Non… Tout va bien… Je… Je l’ouvrirai ce soir. Merci encore.
- C’est nous qui vous remercions, Monsieur. Grâce à vous, la science a progressé d’un pas de géant.
 
J’en doute mais bon… S’il le dit.
 
Puis il sortit du laboratoire et se dirigea vers la maison des Wilder, où lui et les autres s’étaient donné rendez-vous pour un débriefing de la journée qui les attendaient demain. Il traversa alors la moitié de Meltokio jusqu’à la maison où l’Elu séjournait.

 
- Demain, c’est le grand jour ! s’exclama Zélos en s’affalant un peu plus sur le canapé.
- Oui, répondit Regal. Malgré que nous n’ayons été impliqués que tard dans cette affaire, Préséa, Lloyd et moi-même souhaitons vous accompagnez jusqu’au bout.
- Ouaip ! Notre monde est en grand danger et il serait honteux que nous fermions les yeux là-dessus !
- Je serrai ravie de pouvoir rendre service une nouvelle fois… ajouta Préséa d’une voix monotone.
 
Tout le monde sourit. Sauf Xyn qui restait silencieux. Si demain était le grand jour, alors se serai probablement le dernier qu’il partagerait avec Mégane. Elle resterait pour toujours là-bas, au Ginnungagap, à surveiller la porte et de la protéger des gens malveillants.
 
- C’est pour cela que nos chemins vont se séparer dès à présent, afin de régler nos dernières affaires, comme la dernière fois… ajouta Marta.
- Et retrouvons-nous au passage des portes, près d’Altamira, compléta Emil.
- Dans ce cas, faites bon voyage de votre côté. Génis tu viens ? demanda Raine.
- Oui, il faut que je règle quelque chose avant de partir pour la porte.
- Quelle est cette chose ?
- Si tu savais ma chère sœur…
- Dans ce cas, moi aussi je dois me rendre pour Mizuho.
- Je dois aller donner les instructions à Georges pendant mon absence, je vous promets de ne pas être long.
- Prend tout ton temps Regal, l’arrêta Zélos, tout le monde à l’air d’être occupé.
- Je t’accompagnerai à Altamira Regal, dit Préséa.
 
Et tous quittèrent la maison.

 
  Xyn était assit sur son lit en scrutant l’enveloppe qui n’avait toujours pas été ouverte. Il ôta alors le cachet qui gardait la lettre fermée et la déplia.
 
Cher Monsieur,
 
Suite à votre demande, nous avons, comme convenu, évaluer le taux de mana à partir de la mèche de cheveux prélevée sur une dénommée Esperanza M.
Nous avons constaté après évaluation, que le taux de mana présent dans celle-ci est anormalement élevé. En effet, une personne utilisant son plein potentiel –surtout magique- risque de mourir prématurément si il est utilisé dangereusement et en immense quantité et de plus si elle ne possède pas une Exsphère adaptée à son pouvoir.
Nous vous remercions encore d’avoir fait appel à nos services.
 
Cordialement.
 
- C’est quoi ? demanda une voix derrière son dos.
 
Le jeune homme se retourna sur Mégane qui venait de sortir de la salle de bain, une serviette sur les cheveux. Elle lui sourit tendrement. Il déglutit.
 
- Rien du tout, dit-il en rangeant précipitamment la lettre dans son enveloppe.
- Vraiment ? demanda-t-elle en lui arrachant l’enveloppe des mains
- Eh !
- Est-ce que Xyn aurait des choses à cacher ?
 
Elle sortit à nouveau la lettre et en lu chaque mot. Elle finie par s’asseoir lourdement sur le lit d’à côté, les larmes aux bords des yeux. Xyn ne savait plus quoi faire, il alla s’asseoir à côté de la jeune femme.
 
- Alors… je risque de… mourir ? essaya-t-elle de prononcer.
 
Le jeune homme ne répondit pas. Elle posa sa tête sur lui, il la prit dans ses bras.
 
- J’ai reçu les résultats tout à l’heure. Désolé de te l’avoir caché.
- Ce n’est pas ça le problème. Comment je vais faire pour combattre demain ?
 
Quoi ? C’était juste pour ça qu’elle se mettait dans tous ses états ! En même temps, il y avait le monde à sauver…
 
- Tu auras ton arc… Et puis, je serai là, moi. Avec les autres. Ne t’inquiète pas, on y arrivera.
- J’espère…
- A partir de maintenant, interdiction d’utiliser la magie.
- Mais j’ai une Exsphère…
- Oui, mais la personne qui l’a portée avant n’avait pas les mêmes besoins que toi !
 
Elle soupira et une larme roula sur sa joue rosée. Ses grands yeux verts brillaient à la lumière du lustre. Elle tenta de changer de conversation :
 
- Après que ça soit fini, qu’est-ce que tu vas faire ?
- Les Poursangseurs devront se dissoudre, je commencerai par là et puis je rentrerai à Palmacosta je pense. Et toi, tu crois que tu pourras sortir de temps en temps ?
- Je ne pense pas qu’il faudra compter là-dessus…
- Je vois…
 
Alors c’était bel et bien la dernière fois qu’il la verrait, la dernière fois qu’il la serrerait dans ses bras. Il regrettait de ne pas lui avoir dit plus tôt, et il le regretterait toute sa vie. Après tout, c’était peut-être mieux ainsi.
 
- Mais peut-être que tu pourras venir me rendre visite.
- Si tu ne peux pas sortir, c’est bien parce qu’ils veulent t’empêcher de voir du monde.
- Alors… On pourra s’écrire.
- Même si le contact est à l’extérieur, ils ne voudront surement pas prendre de risque.
- Pourquoi tu es toujours aussi négatif ! s’énerva-t-elle en se levant brusquement.
- J’essai juste de ne pas nous donner de faux espoirs.
- En fait, t’en avais rien à faire de moi ! Tout ce que tu voulais, c’est que tout se termine au plus vite pour que tu puisses retourner à ta petite vie tranquille !
- Ne dis pas ça ! dit-il en la prenant dans ses bras. Crois-tu vraiment que je voudrais t’oublier après tout ce que nous avons vécus, ensemble ? Et avec tout le monde ? Ma petite vie, comme tu dis, n’avait rien de bien palpitant avant que je te trouve à Izoold. J’ai rencontré des personnes formidables qui sont devenues mes amis, j’ai même des amis demi-elfes ! Mais la plus merveilleuse des personnes que je connais, se tient juste devant moi…
 
Mégane rosit légèrement. Xyn, lui, vira entièrement au rouge piment.
 
- Désolé, dit-il gêné, je n’aurais pas dû dire cela.
- Non, non… Pas du tout… C’était très gentil de ta part.
 
Elle le regardait. Son visage était toujours aussi rouge et elle ne pu s’empêcher de rire.
 
- Au moins, je t’aurais redonné le sourire !
- Oui, merci…

 
  Le lendemain, aux premières lueurs du jour, les deux furent réveillés par des tambourinements de portes incessants. Puis Zélos entra dans la chambre, armé d’une casserole et d’une cuillère qui fit résonner à grands coups.
 
- Debout là-dedans ! cria-t-il derrière les coups de cuillères.
- La ferme ! grommela Xyn en se mettant la tête sous les couvertures.
- Comment saviez-vous que nous étions à l’hôtel ?
- Facile ! Vous êtes les deux à n’avoir aucune famille à aller voir et encore moins d’affaires à régler. Mais pourquoi, Mégane mon cœur, n’es-tu pas venue dormir chez moi ?
 
Il se stoppa net avant de reprendre, une drôle d’expression sur le visage :
 
- Mais pourquoi vous faites lit à part ?
- On vous en pose des questions ? grommela de plus belle, le jeune homme brun.
- C’est fou d’être de mauvaise humeur dès le matin ! C’est pas comme ça que tu réussiras avec les filles…
- En tout cas, c’est pas moi qui ai dormi seul cette nuit…
- Euh, c’est bon… Si vous voulez, je peux vous laisser entre « hommes »… dit la jeune femme en se dirigeant vers la salle de bain, le visage entièrement rouge.
 
Elle s’enferma à double tour et quelques instants après, l’eau commençait à couler. Les deux autres restèrent silencieux, puis, Zélos repris aussitôt :
 
- Qui te dit que j’étais seul cette nuit ?
- Oh ! Ca va ! Evitez de remettre ça sur le tapis !
- Oui… Enfin bref ! Je vous attends tous les deux dans la salle à manger de l’hôtel, alors dépêchez-vous, j’ai pas tout mon temps pour servir de nounou !
 
  Puis l’Elu sortit de la chambre, sans oublier ses casseroles et ses cuillères qu’il redonna au propriétaire dès qu’il arriva en bas des escaliers. Xyn, quant à lui, resta quelques instants au lit avant que Mégane ne ressorte de la salle de bain, essorant ses cheveux au dessus de la nuque du jeune homme pour le réveiller.
  Peu après, ils sortirent tous les deux et remirent les clés de la chambre au dirigeant. Zélos grommelai.
 
- Bon sang, mais vous faisiez quoi dans cette chambre ? J’ai presque failli monter !
- Il fallait réveiller notre Belle au bois dormant…
- Mais qu’est-ce que vous avez avec ce conte pour enfant à la fin ?
 
  Tous sortirent et se dirigèrent vers la demeure des Wilder où ils montèrent à bord des rheiards qui leur avait été mis à disposition. Puis ils s’envolèrent pour la porte d’Outremonde où leurs amis les attendaient.
  Etrangement, la dalle était déjà activée et tout le monde s’était rassemblé autour à l’observé. Plus précisément, ils semblaient écouter un chien noir et violet et aux yeux jaunes brillants. Il était vêtu d’un élégant costume tout aussi noir que son pelage. Marta semblait heureuse de le voir et s’était jetée sur lui, l’étouffant dans ses cheveux.
 
- Lady Marta, je vous en pris de me pardonner de ne pas vous avoir donné de nouvelles depuis tant de mois passés loin de vous.
- Ce n’est rien Tenebrae, mais dit-moi, est-ce toi qui à activé la dalle pour le Ginnungagap ?
- Non. Un Etranger a réussi à l’activer et c’est enfoncer dans le domaine de Lord Ratatosk. Il a réussi son coup grâce à une étrange pierre dorée, qui ressemblait de très près à une Exsphère.
 
Xyn serra les poings. Son frère avait réussi à les devancer. Elypse devait probablement être avec lui puisque des traces de glissement montraient le déplacement de S’set, son serpent qui l’a suivait partout.
 
- Lord Ratatosk m’a envoyé pour venir vous chercher. Il demande votre aide afin de protéger la porte du Domaine Démoniaque.
- Ne t’en fais pas Tenebie ! intervint Colette. Nous les empêcheront d’accéder à la porte.
- Je vois que vous n’avez toujours pas abandonné ce nom stupide…
 
  Puis ils s’engouffrèrent à leur tour dans la porte et atterrirent dans un monde totalement parallèle au leur.
  On aurait pu appeler cela le paradis des monstres tant les créatures étaient nombreuse et dans leur élément. Des Escarboucles vagabondaient dans le chemin qui descendait en colimaçon jusqu’à une immense dalle recouverte de huit symboles de couleurs différentes. Des Seiren volaient gracieusement et leur chant abominable ne se manifestait pas. Tout semblait être paisible et heureux.
  Ou presque.
  Le décor laissait une toute impression. Froid, sinistre, morbide. Tout était d’un bleu tirant sur le gris et le vert, incertain sur la couleur qu’il devait prendre. Seuls les Escarboucles, avec leur pelage d’un rouge éclatant, apportait de la gaieté à ce paysage de mort. Les autres monstres avait revêtis les couleurs locales.
 
- Il faut descendre jusqu’à cette plateforme que vous voyez en bas, fit Emil qui connaissait bien le Ginnungagap. Avant de descendre, avez-vous pensez à retirer les Emblèmes de Derris ?
- Oui, répondit Lloyd pour tous. On peut peut-être se faire avoir une fois, mais pas deux !
 
  Emil et Marta aux côtés de Tenebrae, emboitèrent le pas. Le Centurion était certainement le mieux placé pour montrer le chemin et ainsi, éviter un grand maximum de monstres qui se trouvaient sur leur passage. Très vite, ils atteignirent l’immense plateforme où facilement une vingtaine de personnes pouvaient monter. Elle s’enclencha et le groupe descendit d’un étage où les monstres se firent plus nombreux.
 
- Pour faire en sorte que nous ne soyons pas ralentis dans notre course, j’ai donc désactivé tous les mécanismes de la plateforme.
- Tu pense vraiment à tout Tenebie ! s’exclama Colette.
 
  Le Centurion leva les yeux au ciel. Ce surnom lui valu le titre le plus humiliant auprès de ses serviteurs. Il était passé donc de « Centurion aux mille visages » à « Centurion aux mille surnoms, du plus ridicule au plus coquet ! ». Cela avait fait beaucoup rire Aqua, le Centurion de l’eau qui s’était quelque peu réconciliée avec ce dernier. Même si leur entente se limitait à des injures à tout va, ils avaient fait l’effort de bien se comporter aux côté de leur nouveau seigneur.
  La plateforme s’activa de nouveau et le groupe descendit un nouvel étage. Ils avaient enfin touché le fond. Mais leur accueil ne fut pas très réjouissant.
  Une flèche frôla de très près, le visage de Raine et Mégane dont les yeux étaient sortis de la tête tant elles avaient eu chaud !
  Une silhouette longiligne sortie alors de l’ombre. Entièrement vêtue de noir, Elypse leur fit face, un regard de tueuse et un sourire vengeur sur le visage. S’set, enroulé autour de son bras, ses yeux jaunes luisant et sifflotant, regardait leur moindres faits et gestes. A eux deux, ils formaient un parfait couple d’assassin.
 
- Voici la flèche que tu m’avais planté dans le bras. Dommage qu’elle t’ait loupée ! Et la demi-elfe avec…
- Elypse…
 
Elle détourna ses grands yeux bleus et les posa sur Xyn qui venait de dégainer son sabre. Son sourire s’effaça et sa voix devint méprisante.
 
- Tu me déçois, Xyn. Toi qui as toujours méprisé les demi-elfes, voilà que tu fais équipe avec eux ! Tout ce qu’ils méritent, c’est une mort lente et douloureuse !
 
Elle serra fortement sa lance. Elle n’était pas d’humeur à discuter, mais plutôt l’envie de tuer qui ceux s’opposeraient à elle. Elle la pointa alors en direction du jeune homme.
 
- Viens te battre et souffrir de cette même mort !
 
A ces mots, il ne réfléchit pas et commença à descendre la pente qui les séparait et se mit en garde.
 
- Il est fou ! lança Tenebrae. Il risque de nous ralentir et la porte risque de s’ouvrir !
- Oui, répondit Lloyd. C’est pour ça que nous allons nous en charger !
 
Il sauta alors rejoindre son coéquipier et para le coup d’Elypse qui était destiné à Xyn.
 
- Mais qu’est-ce que tu fais ! hurla ce dernier.
- Ta mission est d’amener Mégane jusqu’à la porte, pas de combattre Elypse. Continu avec elle. Avec les autres, nous allons nous charger d’elle et du serpent ! Nous vous rejoindront dès que nous pourrons !
 
Mégane tira le bras de Xyn et tous deux prirent la fuite vers la porte. Elypse jura.
 
- Alors c’est donc toi le fameux Lloyd Irving. Celui qui se bat toujours pour le bien des autres, même s’il ne le mérite pas !
- Je me fiche de savoir qui je suis aux yeux des autres. Les gens peuvent me détester ou m’aimer pour ce que je fais, tant qu’il s’agit d’une noble cause.
 
Les autres étaient descendus l’aider et comme lui, s’étaient mis en garde.
 
- Au moins, j’ai une bonne raison de tous vous achevez ; les deux demi-elfes en particulier. S’set ! Pars à la recherche de Xyn et de cette garce !
 
  Le serpent descendit rapidement de son bras et commença à emprunter le même chemin que ses proies. Mais il fut vite arrêté par une dague qui se planta dans sa tête. Il resta clouer à terre, se tordant de douleur dans tous les sens, ne pouvant se libérer de la lame qui était profondément ancrée dans le sol. Puis, petit à petit il cessa de bouger. Il rendit son dernier soupir.
  Une seule et unique larme roula sur la joue de l’elfe. Elle serra les dents lorsque Zélos alla retirer sa dague de la tête du serpent.
 
- Tu vas regretter le jour où tu as croisé ma route Elu !
- Oh arrête ! Je tremble de peur !
 
Il avait baissé sa garde lorsqu’Elypse se jeta sur lui et l’envoya s’écraser contre une carcasse de monstre. Il ne se releva pas. Il s’était évanoui sous le choc.
 
- Zélos ! cria Sheena.
 
Elle l’attaqua avec un Pyro Sceau qui fut inefficace. Elypse contra avec l’arte Indignation. La ninja s’écroula à son tour. La machine à tuer venait de s’enclencher. Combien de temps allaient-ils tenir ?
 
- Ne me faites pas rire ! Vous n’êtes même pas capable de me battre à dix ! Ou alors ces deux là étaient les plus faibles. Lloyd Irving ! Auras-tu le courage de venir m’affronter avec le reste de tes amis après ce que tu viens de voir ?
 
Le jeune homme tint fermement ses épées et s’avança un peu.
 
- Nous sommes prêts…
- Alors… Prépare-toi à mourir !
 
Les deux ennemis partirent en même temps, propulsés comme une poussée d’adrénaline. Lance et épées s’entrechoquèrent. Ils reculèrent chacun de leur côté. Lloyd attaqua avec un Double Croc démoniaque. L’elfe s’écarta juste à temps mais fut contrainte de recevoir un puissant coup de pied de Regal. Elle recula de quelques pas sans être trop déstabilisée.
 
- Regal Bryant, duc et roublard à la fois.
 
Elle évita de justesse un coup de hache de Préséa.
 
- Préséa Combatir, jeune fille ayant arrêté de vieillir un laps de temps à cause d’une Exsphère implantée sur son corps par des Désians. Pourquoi avoir rejoint les gens de ce peuple.
- Génis et Raine sont deux demi-elfes respectables. Ils n’ont rien à voir avec ce qu’il s’est passé auparavant, répondit la jeune fille aux couettes roses.
 
Elle attaqua de nouveau avec l’aide de sa lourde hache. Elypse lança l’arte Stalagmite et Préséa fut atteinte.
 
- PRESEA !
 
  Les stalagmites disparurent. Mais se fut le duc qui resta à terre. Il venait de la protéger et avait encaissé les coups à sa place. Plus que sept encore en lisse. Colette commença alors à utiliser la magie des anges. Des paroles sacrées que seul l’Elue de la Régénération connaissait.
 
- Jugement !
 
  A ces mots, la magie fusa à plusieurs endroits touchant Elypse à deux reprises. Elle s’agenouilla sous la douleur. Emil arriva enfin ainsi que Marta qui commencèrent un combat en corps à corps. Elypse réussit quand même à se dégager et envoya sa lance vers Colette qui alla se planter dans ses vêtements, puis pénétrer dans la roche verdâtre.
 
- Colette ! hurla Lloyd.
- Marta !
- J’y vais !
 
  La jeune fille partit vers son amie pour essayer de la sortir de sa situation. Elle en aurait pour un moment. Plus que cinq. Emil, Génis, Lloyd, Préséa et Raine. Le combat devenait de plus en plus rude.
 
- Laissez-là moi… dit Lloyd sombrement.
 
Il s’avança face à l’elfe qui la regardait d’un air hautain et mauvais. Son Exsphère sur sa main gauche se mit à luire d’une intense lumière.
 
- Quel courage ! Oser m’affronter, moi ! Plus vite j’en aurai terminé avec toi et mieux je pourrai passer aux deux demi-elfes !
 
  Le jeune homme fondit sur elle et lui asséna plusieurs coups d’épées qu’elle essayait au mieux d’éviter. Mais elle avouait qu’il était rapide et extrêmement puissant. Elle n’allait pas tenir longtemps comme ça. Elle perçue alors une ouverture sur les deux demi-elfes. Elle gardait toujours avec elle, un couteau qu’elle attachait à sa taille. La jeune femme saisit sa chance. Elle passa sous le bras de Lloyd et couru dans leur direction. Mais le jeune homme fut déstabilisé et une de ses épées la toucha.
  Dans le dos.
  Et y resta accrochée.
  Elypse ne cria pas lorsque qu’elle reçu le coup. Toute la douleur qu’elle ressentait l’en empêcha. Elle tomba à genoux et se retint d’une main frêle et dépourvue de force. Son sang commença à couler.
 
- Serait-ce… la fin ?
 
Tout le monde restait silencieux. Leur ennemie se tenait devant eux, vulnérable comme une souris face à un chat. Génis demanda alors en toute prudence :
 
- Pourquoi détestes-tu autant les demi-elfes ? Parce que tu as eu à faire à eux ?
 
Elle le fixa, les yeux ruisselant de larme.
 
- Ma mère nous a quittés, moi et mon père pour un vulgaire humain ! Avec lui, ils ont eu deux enfants demi-elfes ! Le pire châtiment qui puisse exister pour un elfe, est de se faire humilié par un vulgaire être humain ! Elle m’a dégoutée… Et je lui ressemblais tellement… J’ai teins mes cheveux argents en blonds… j’aurai même voulu me crever les yeux si j’en avais eu envie tellement je ressemblais à cette trainée ! Mais comment aurais-je trouvé ses enfants, ceux qui lui donnaient bonheur et amour, en étant aveugle ? Alors… J’ai rejoins les Poursangseurs en espérant les retrouver plus rapidement… Et puis… j’ai fini pas trouver sa fille… mais pas son fils…
- Et que lui as-tu fais ? insista-il.
- Génis ! l’arrêta sa sœur qui avait comprit la terrible vérité.
- C’est là que je ne comprends pas, intervint Zélos qui était revenu à lui.
 
Elle tourna sa tête vers l’assassin de S’set.
 
- Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans ce que je dis ! vociféra-t-elle.
- Tu dis que tu méprise les demi-elfes au point de vouloir leur mort. Alors me promets-tu de me répondre si je te pose une question peut-être « déplacée » ?
 
Elle hocha la tête. Elle voulait savoir ce que l’Elu avait tant de « déplacé » à dire.
 
- Pourquoi être tombée amoureuse d’un humain si tu veux ressembler le moins possible à ta mère ?
 
Elle resta bouche-bée. L’Elu avait raison. Comment se fait-il qu’elle soit tombée amoureuse de Yan, qui n’était rien de plus qu’un humain ? Ses larmes coulèrent à flots.
 
- Tu as raison… je ne suis pas digne d’être une elfe de sang pur… je ne suis pas digne de mon père !
 
Elle attrapa alors son couteau et s’acheva devant tout le monde, la lame transperçant son cœur.
 
- Je… ne valais pas mieux… que… ma… mère…
 
Elle ferma ses yeux mouillés et ne les rouvrit plus jamais. Lloyd ramassa son épée et l’essuya avant de la remettre dans son étui. Tout était silencieux. Ce fut Colette qui brisa ce silence de mort.
 
- Il faut continuer. Nous n’avons pas encore terminé.
- Tu as raison, approuva Lloyd.
 
Ils commencèrent alors à emprunter le chemin que Xyn et Mégane avaient emprunté plus tôt. Regal resta en retrait avec Raine.
 
- Tu étais au courant ? osa-t-il demander.
- Non, répondit tristement la jeune femme. J’ai été abandonnée à l’âge de cinq ans sans savoir cette partie de l’histoire. Je crois qu’aucune de nous deux n’a reçue de son amour maternelle. Peux-tu garder le secret pour Génis, je ne veux pas le faire souffrir plus.
- Je ferais selon tes désirs.
 
Puis ils rejoignirent le reste du groupe.

 
  Xyn ruminait sur le chemin qu’il n’aurait jamais dû abandonner un combat. Il se sentait lâche et inutile face aux héros de la Régénération.
 
- Mais nooooon ! essayait de la réconforter Mégane. Tu n’es pas lâche. Il faut parfois fuir un combat pour pouvoir mieux avancer, voilà tout.
- Mais je l’aurai pliée en moins de deux !
- Pliée ?
- Façon de parler…
 
Cet abandon lui restait en travers de la gorge. Du coup, il s’énervait sur les monstres qui avaient le malheur de le croiser sur son chemin. Ils avançaient plus rapidement que prévu.
 
- Et puis qui m’aurait protégé de tous ces monstres plus gros les uns que les autres ?
- Tu as un arc, des flèches, tu les aurais finis en moins de deux.
 
Bon. Ce n’était pas vraiment la réponse à laquelle elle s’attendait. Elle soupira. Ces garçons, si susceptibles. Elle entendit des bruits de pas venir dans leur direction. Elle se retourna vit Lloyd et les autres approcher. On entendait les paroles incessantes de Zélos qui parlait (ou plutôt criait) à Sheena :
 
- Cette Elypse aurait pu rivaliser avec toi, vous avez le même décolt…
 
Il n’eu pas le temps de finir sa phrase que des dizaines de cartes s’abattirent sur lui, lui clouant le bec.
 
- Crétin d’Elu… marmonna-t-elle.
- Que s’est-il passé là-bas ? demanda Xyn à contrecœur.
 
Tous se turent et perdirent leur sourire. Ce fut Regal qui répondit à sa question :
 
- Elle s’est suicidée…
- Oh…
 
Plus personne n’osait plus rien dire. Tenebrae réapparu, en état d’alerte. Ils sursautèrent.
 
- Lord Ratatosk est en grand danger ! S’il se retransforme en noyau, plus personne ne pourra empêcher la porte de s’ouvrir !

 
  C’est au pas de course qu’ils arrivèrent dans l’antre de l’esprit Ratatosk. Un homme roux gisait à terre. Un autre regardait attentivement le grand mur d’ambre incrusté de huit symboles de couleurs différentes, une Exsphère dorée à la main.
 
- Yan, murmura Xyn.
- Richter ! hurla Emil en se précipitant vers lui.
 
Génial ! Pour l’effet de surprise, c’était réussi, merci Emil !
 
- Je suis désolé Emil, je n’ai pu le retenir que jusqu’à maintenant, dit Richter dont les yeux étaient aussi verts que ceux de Mégane. Il va falloir que tu reprennes ta place juste pour quelques minutes. Et que tu fermes la porte.
- Je comprends, je ferai de mon mieux.
 
Mais de quoi voulait-il parler ? Il laissa Richter à terre en faisant le plus attention possible pour ne pas ouvrir sa blessure un peu plus. Puis il se releva et se tourna vers ses amis. Ses yeux habituellement verts étaient à présent d’un rouge sanglant.
 
- Tenebrae, tonna-t-il d’une voix anormalement grave, tu as fais du bon boulot, va maintenant !
- Lord Ratatosk… dit le Centurion en le saluant avant de disparaitre.
- Mais qu’est-ce que… ?
- Je t’expliquerai plus tard, répondit Emil à Mégane qui ne comprenait rien à ce qu’il se passait.
 
Xyn et Yan était déjà en train de se battre. La défaite que le jeune homme avait reçue au temple de la Glace lui était restée en travers de la gorge. Il s’était fait lamentablement écrasé par son frère et ne comptait pas recommencer.
 
- C’est trop tard maintenant ! la porte est en train de s’ouvrir ! hurla son frère.
- Mégane la fermera ! contra Xyn.
- Les démons sortiront !
- Ils sortiront mais n’iront pas plus loin que cette salle !
 
  Yan alla s’écraser contre une paroi. Pour la première fois de sa vie. Il ressentait de la peur envers son frère. Pourtant, lorsque qu’ils étaient plus petits, c’était lui qui gagnait tout le temps, il l’avait même pu le prouver encore une fois à Flanoir. Allait-il être vaincu alors qu’il touchait son rêve du bout des doigts ?
  Il poussa son frère, lui faisant perdre son équilibre. Il se releva tout aussitôt, mais perdit le papier qu’il gardait dans la poche de son pantalon. Zélos le ramassa et en lu chaque mot.
 
- Raine, appela l’Elu.
 
Le professeur, qui était en train de soigner Richter de ses blessures se redressa et pris la lettre que lui tendit le jeune homme roux. Elle le parcouru brièvement.
 
- Alors mes questions sans réponse sur Mégane était fondée… Elle risque de mourir si elle utilise trop la magie avec une Exsphère qui n’est pas la sienne…
- Espérons que Martel arrive avant que tout cela ne se produise.
 
  Mégane se tenait à côté d’Emil dont les yeux étaient toujours du même rouge sanglant. Tous les deux fixaient le mur d’ambre représentant les couleurs des huit Centurions au service de Ratatosk. Les garçons les protégeaient d’une quelconque attaque de Yan s’il parvenait à se débarrasser de Xyn à la moindre occasion qui se présentait à lui.
 
- Bon sang ! jura Emil, ce qui n’était pas dans son habitude. Il l’a vraiment bien ouverte cette porte !
 
La jeune femme baissa la tête. Tout ceci ne serait jamais arrivé s’il elle n’avait pas été manipulée par le frère de Xyn sur la colline. Emil n’y prêta aucune attention et poursuivit :
 
- Regarde-moi faire, puis après se sera à ton tour.
 
  Il tendit son bras vers le mur et une lumière blanche fusa sur celui-ci. La porte commençait doucement à se refermer. Mégane fit de même et se stoppa net lorsqu’un cri retenti. Elle détourna son regard en même temps que les autres et pu constater l’étendu des dégâts.
  Yan gisait à terre, tuée par un coup de sabre de Xyn qui se tenait à moitié recroquevillé sur lui-même tant le combat l’avait essoufflé. Il se retourna vers ses amis et sourit faiblement.
 
- C’est fini…
 
  Regal alla le soutenir de ses bras puissants. Mégane continua d’exécuter l’ordre d’Emil/Ratatosk, elle ne savait pas comment elle devait l’appeler. Une lumière blanche apparu à son tour sur sa main et s’amortit sur le mur. La forme se referma un peu plus vite. Raine prodigua des soins à Xyn qui se remit vite sur pied (il ne voulait pas se montrer faible face à l’Elu de Tessé’alla). Les démons faisaient à toutes leurs force pour maintenir la porte ouverte, mais rien ne céda et cette dernière ce ferma définitivement. Jusqu’à sa prochaine ouverture. Ce fut au tour de Mégane de pousser un immense soupir de soulagement :
 
- Tu as raison… Tout est fini…
 
A ce moment là, il se produisit quelque chose d’inattendu. La déesse Martel apparu devant elle, entièrement vêtue de vert, son sceptre à la main. Elle recula de quelque pas pour mieux la regarder tant elle était impressionnée. Les autres s’étaient regroupés en un petit groupe et disaient rien, le souffle coupé. La femme aux cheveux verts leur sourit tendrement.
 
- Nos chemins se croisent à nouveaux, Héros de la Régénération.
 
Personne n’osait dire un seul mot. Lloyd s’avança et parla pour le groupe :
 
- Nous sommes venus jusqu’ici pour aider Mégane à refermer la porte.
- Je le sais, répondit Martel de sa douce voix. Mégane est l’une des cinquante Elue de la Régénération disparut il y a des années. Mais le destin en à décider autrement.
 
La jeune fille qui était restée muette jusqu’à présent prit la parole :
 
- Pourquoi… Pourquoi m’avoir choisit moi ?
 
La déesse perdit son sourire. Cette question, elle l’avait redoutée tellement de fois, elle ne pouvait ne pas répondre.
 
- Après avoir parlé avec l’Esprit Ratatosk, nous sommes arrivés à une conclusion. Il fallait une deuxième personne pour garder la porte séparant les deux mondes. Les anciennes Elues étaient retournée à leur vie d’antan, elles ne se souvenaient plus de ce qui leur était arrivées… Sauf une… Toi.
 
Tous écoutaient attentivement les paroles de Martel. Mais Xyn s’énerva.
 
- Alors vous avez acheté son silence en la nommant gardienne… Pour éviter au peuple de se détourner de vous !
- Xyn ! intervint Mégane. Il y a peut-être une part de vérité qui est injuste, mais je me souviens avoir accepté ce poste.
 
Il se tut et Martel poursuivit :
 
- Je sais que ce j’ai fait mérite jugement. C’est peut-être une des choses que je ne me pardonnerais jamais. A présent Mégane, tiens-tu toujours à protéger la porte ?
 
La jeune femme réfléchit intérieurement. Si elle devait protéger la porte, elle dirait adieu à ses amis pour toujours. Si elle se délestait, un plus grand danger menacerait le monde où elle vivrait. Elle fixa alors la déesse droit dans les yeux.
 
- Oui, je protégerai la porte jusqu’à mon dernier souffle.


 
  Un mois s’était passé depuis que la porte était refermée. Mégane était assise sur les marches rouges du domaine de Ratatosk, à côté de Richter.
  Ce dernier lui avait expliqué qu’il n’était pas le vrai Esprit qui avait créé le monde. En réalité, Emil était bel et bien Ratatosk. Richer n’était qu’ne simple diversion qui se prenait pour lui. Il était toujours le même demi-elfe depuis le début. Il avait simplement reçu le noyau factice de Ratatosk sur le front pour confondre les ennemis. Et il s’était juré de protéger la porte pour se faire pardonner tous ses péchés.
  Tous les amis de la jeune femme étaient partis ce jour-là sans se retourner. Martel avait fait de même, mais lui avait posé une dernière question dont elle n’avait toujours pas trouvé la réponse.
 
Te considères-tu vraiment comme une gardienne, ou comme une clé permettant d’ouvrir la porte ?
 
  Chacun de ces mots résonnaient dans sa tête à lui en donner la migraine. Puis en dernier signe de reconnaissance, elle lui avait recréé son Exsphère qu’elle avait perdue.
  Tout était silencieux dans cet endroit entièrement rouge. Tout devenait vite monotone et pesant. Il se passait certaine journée ou aucun ne se parlait. Comme aujourd’hui.
  Du coup elle se repenchait si cette phrase si mystérieuse que la déesse lui avait dite. C’est alors qu’elle s’exclama :
 
- J’ai compris…
- Qu’as-tu compris ? demanda Richter intéressé.
- Ce que je suis réellement.
 
Elle se leva brusquement et parla à toute vitesse :
 
- Bien sûr, je n’en suis pas totalement convaincue… Ou peut-être que si… mais dans ce cas je pourrais partir… Oh mais bien sûr je reviendrais de temps en temps pour voir si tous se passe bien… mais ça veut dire aussi que les personnes ne pourront pas ouvrir la porte quand je ne serrais pas là, non ?
 
Richter sourit.
 
- Il t’en a fallut du temps pour comprendre…
- Vous vouliez dire que vous saviez pendant tout ce temps ?
- Evidemment ! Mais ce n’était pas à moi de trouver, alors je n’ai rien dit. Tu peux partir, tu connais la sortie.
 
Son visage s’illumina et une larme roula sur sa joue. Elle étreignit Richter qui fut surprit de sa réaction et partit du domaine de Ratatosk.
 

 
Palmacosta…
 
  Xyn s’était allongé sur l’herbe, sous un arbre d’une colline qui surplombait la ville portuaire. Il regardait les nuages passer son chemin.
  La nuit commençait à tomber. Le soleil se couchait sur la mer et les marins rentraient leur bateau.
  Il s’assit, puis se releva.
  Il se souvint de Mégane qui avait tant aimer ce paysage la première fois qu’elle était venue ici. Ce fut aussi la dernière avant d’être kidnappée et emmenée pour Flanoir. Il commença à descendre vers la plaine jusqu’au moment où il vit une personne courir vers lui. Une personne qu’il connaissait bien.
  Cette personne portait une fine armure de Mithril ornée d’aigues-marines, d’un short et de bottes en cuir marron. Dans son dos était accroché un arc blanc décoré de deux améthystes.
 
- Mégane ?
- XYN ! cria la jeune fille au loin.
 
Le jeune homme ne sut pas quoi répondre tant il était impressionner de la revoir. On aurait cru que ses yeux allaient lui sortirent la tête.
Elle se jeta à son coup et ils tombèrent tous les deux.
 
- Aïeuuh ! Pourquoi tu ne m’as pas retenue !
- Parce que je croyais que je faisais un rêve éveillé ! dit-il en l’aidant à se relever.
 
Il l’a contempla sur toute les coutures. Elle lui semblait encore belle qu’avant, dans son accoutrement de guerrière (qu’il trouvait très sexy). Ses yeux verts pétillaient et un grand sourire éclairait son visage. Il n’arrivait toujours pas à le croire.
 
- Mais comment est-ce…
- Possible ? coupa-elle. Et bien je me suis rendue compte – un peu tard je dois l’avouer – que je n’étais rien de plus qu’une « clé » pour ouvrir la porte. En d’autre terme, si une personne désire l’ouvrir, il faudra qu’elle est besoin de mon pourvoir pour que cela fonctionne.
 
- Waouh… se contenta-il de dire.
- Ca veut dire quoi « Waouh », plaisanta Mégane qui se souvenait de ce que Xyn lui avait répondu la dernière foi.
- Ca veut dire : Waouh ! Mais c’est juste génial de te revoir ! Et comme ça en plus !
 
Elle se regarda. Ca voulait dire quoi « comme ça » ? Qu’est-ce qu’ils avaient ses vêtements ? Il poursuivit :
 
- Mais cela veut dire qu’il va falloir rattraper tout le temps que tu as perdu.
- C’est vrai. Et j’aimerai tout de suite commencer.
- Tu veux faire quoi ?
- Ferme les yeux.
 
Le jeune homme ne compris pas, mais ferma les yeux docilement. Mégane sourit de plus belle, s’approcha de lui et pris enfin, le temps de l’embrasser…
 




 

Fin ou presque ?


 

 

- Decus dépêche-toi ! Il faut retrouver nos corps !
- Oui ma chère Alice. Mais je fais aussi vite que je peux…
- Nous n’avons pas de temps à perdre ! Martmart va regretter le jour ou elle m’a tuée !
- Oh ! Moi qui me croyait être la seule à m’être échapper de Nilfheim, je suis déçue.
- Qui es-tu ?
Moi ? Je suis Larissa. Et je vais me venger d’Emi Ayate…

 





 
Afficher la suite de cette page



Créer un site
Créer un site